La 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, qui se tiendra du 9 au 23 septembre à New York, s’annonce comme un moment charnière pour la diplomatie israélienne. Plusieurs pays occidentaux – dont la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Australie, le Canada et Malte – devraient annoncer officiellement leur reconnaissance d’un État palestinien. Une décision que ces gouvernements présentent comme un « pas historique pour la solution à deux États », mais que Jérusalem considère comme une menace existentielle.
Macron en première ligne
Emmanuel Macron a confirmé qu’il annoncerait solennellement cette reconnaissance lors de son discours à l’ONU. « Par fidélité à l’engagement historique de la France en faveur d’une paix juste et durable au Moyen-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine », a-t-il déclaré. Cette posture s’inscrit dans la continuité de sa diplomatie des derniers mois, déjà critiquée en Israël pour sa proximité avec Riyad et son insistance à relancer le processus de paix malgré la guerre en cours à Gaza.
À Londres, le Premier ministre Keir Starmer a tenu des propos similaires : « Nous sommes déterminés à préserver la possibilité d’appliquer la solution à deux États. C’est pourquoi le Royaume-Uni reconnaîtra la Palestine avant l’Assemblée générale des Nations unies. » En Belgique, la ministre du Développement, Caroline Gennez, a également indiqué que son pays « envisage sérieusement » de franchir le pas.
Berlin fait de la résistance
En revanche, l’Allemagne marque ses distances. Le chancelier Friedrich Merz a affirmé que « les conditions ne sont pas réunies » pour une reconnaissance immédiate et que Berlin ne rejoindrait pas l’initiative. Le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul a ajouté que pour son gouvernement, « une reconnaissance d’un État palestinien doit intervenir à la fin du processus de négociation, et non à son commencement ».
Un défi diplomatique pour Netanyahou
À Jérusalem, on s’attend à ce que ce mouvement entraîne une vague d’initiatives similaires en Europe et au-delà, risquant d’isoler davantage Israël sur la scène internationale. Benjamin Netanyahou doit prononcer son discours devant l’Assemblée générale dans la dernière partie de la session, en plein milieu des fêtes de Tichri. Ce discours, déjà annoncé comme l’un des plus attendus de sa carrière, se déroulera sous le double signe de la guerre à Gaza et de la reconnaissance palestinienne orchestrée par les pays occidentaux.
Dans ce contexte, une rencontre bilatérale avec Donald Trump, qui reste incertaine, serait une carte diplomatique importante pour Netanyahou, désireux de montrer qu’Israël conserve des soutiens solides au sommet du pouvoir américain.
Vers un mois décisif
Septembre 2025 pourrait marquer un tournant. Pour Israël, ce n’est pas seulement la bataille de Gaza qui continue, mais une bataille diplomatique mondiale qui s’intensifie. Le risque est clair : voir s’imposer, à l’ONU, une légitimation de l’État palestinien sans désarmement du Hamas ni garanties de sécurité pour Israël.
L’histoire retiendra peut-être que ce mois de septembre aura confronté l’État hébreu à un dilemme fondamental : céder face aux pressions internationales, ou tenir tête en assumant une nouvelle phase d’isolement. Pour Benjamin Netanyahou, l’enjeu est de transformer cette tempête diplomatique en démonstration de résilience nationale.
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