Antisémitisme : « même morts, les Juifs n’ont plus droit au repos »

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La querelle épistolaire entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou, partie d’un constat glaçant – la flambée de l’antisémitisme en France – en dit long sur l’angle mort du débat européen. Tandis que Paris défend une ligne de « non-instrumentalisation » de la lutte contre la haine des Juifs, la réalité sur le terrain raconte autre chose : des actes quasi quotidiens, des symboles profanés, des communautés sur le qui-vive. « Les mots ne suffisent plus », résume l’avocate Corinne Serfati-Chetrit. Le différend franco-israélien n’efface ni les faits ni leur charge politique.

Les faits : une polémique au sommet, des chiffres têtus

Dans une lettre ferme à Benyamin Netanyahou, Emmanuel Macron a rejeté comme « inacceptables » les accusations selon lesquelles la reconnaissance par la France d’un État palestinien « alimenterait » l’antisémitisme, martelant que « le combat contre l’antisémitisme ne doit pas être instrumentalisé » et réaffirmant l’engagement de l’État à protéger les Juifs de France. La réponse, datée du 26 août, a été rapportée par des médias de référence en France et à l’international. (Le Monde.fr, Financial Times, PBS)

Mais la séquence intervient alors que plusieurs signaux d’alarme s’accumulent. Entre janvier et juin 2025, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 646 actes antisémites (contre 891 sur la même période en 2024, mais plus du double de 2023) : une baisse relative d’une année sur l’autre qui n’efface pas le niveau élevé du phénomène. (Times of Israel)

Surtout, l’émotion a basculé dans l’effroi à la mi-août : l’olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi – jeune Français juif torturé à mort en 2006 – a été scié. « Une haine antisémite » à laquelle le chef de l’État a promis de répondre « avec fermeté », ont rapporté Le Monde, France 24 et The Guardian. (Le Monde.fr, France 24, The Guardian)

Dans le même climat d’indignations et de contre-feux, l’avocate Corinne Serfati-Chetrit (Observatoire juif de France) a dénoncé à l’antenne la « banalisation » de la parole antisémite : « plusieurs actes, chaque jour, plus graves, plus violents ». (CNEWS, Sud Radio)

Réactions et lignes de fracture

Politiquement, Paris assume une double posture : défense de la communauté juive et agenda diplomatique pro-Palestine, présenté comme un pari « anti-Hamas ». C’est précisément ce que conteste Jérusalem : l’argument israélien – soutenu par une partie des organisations juives de France – tient que des gestes symboliques sur la scène internationale, mal compris dans l’opinion, peuvent légitimer des narratifs anti-juifs déjà à l’œuvre. La passe d’armes Macron-Netanyahou s’inscrit dans cette tension de fond, largement documentée par la presse internationale ces derniers jours. (The Wall Street Journal, El País)

Sur les plateaux, la formule présidentielle sur la « non-instrumentalisation » se heurte donc à une objection simple : le terrain. On peut débattre des causes, pas des effets. La haine antisémite gagne en visibilité, en audace, en violence symbolique – jusqu’aux lieux de mémoire. « Même morts, les Juifs n’ont plus droit au repos » : la formule, lancée au lendemain du saccage de l’arbre d’Ilan Halimi, résume un basculement psychologique dont l’impact sur la vie juive française est immédiat. (Le Monde.fr, France 24)

Enjeux : sécurité, droit, responsabilité

Au plan sécuritaire, l’équation est connue : protéger synagogues, écoles, commerces ; judiciariser vite et fort ; étouffer les foyers de violence en ligne et hors ligne. L’État insiste sur les moyens mobilisés, mais la question n’est plus uniquement quantitative : c’est l’« adaptation » des outils qui est interrogée par les praticiens (magistrats, policiers, responsables communautaires). À cela s’ajoute un enjeu judiciaire : qualifier sans frilosité le mobile antisémite, sans quoi la sanction pénale perd sa force dissuasive.

Au plan politique, la vigilance lexicale est devenue partie prenante de la sécurité des personnes. Les mots publics choisis à Paris – sur Gaza, sur Israël, sur « la reconnaissance » – ont des répercussions sociales concrètes dans les quartiers français. Un président peut contester le « lien de causalité » entre diplomatie et agressions ; il ne peut ignorer le mécanisme de contagion : les statistiques et les indignations itératives en attestent. (Times of Israel)

Perspective : une question française… et européenne

La France n’est pas seule. Partout en Europe, l’antisémitisme grimpe par vagues, corrélé aux paroxysmes du Proche-Orient – un schéma relevé par historiens et observatoires. Au niveau de l’UE, Europol note le rajeunissement des profils violents et la porosité entre propagandes islamistes et discours complotistes visant les Juifs. De Bruxelles à Berlin, le même diagnostic se répète : la haine circule à la vitesse des réseaux, s’endosse jeune et bascule vite en projet d’action. (Algemeiner.com)

Israël, bouc émissaire commode

C’est l’un des angles morts du discours européen : la tentation de dissocier totalement l’antisémitisme « d’ici » d’Israël « là-bas ». Or, le vécu des Juifs de France est inverse : chaque flambée au sud de la Méditerranée ravive les agressions dans l’Hexagone. Faire comme si ces deux réalités n’avaient aucun contact, c’est laisser le terrain à ceux qui fusionnent « Israéliens », « Juifs » et « Occident » dans un même ennemi à abattre.

Dans cette bataille culturelle, Infos-Israel.News, RakBeIsrael et d’autres médias communautaires martèlent une vérité simple : la diabolisation d’Israël nourrit presque mécaniquement la haine des Juifs « d’à-côté ». On peut contester la politique du gouvernement israélien ; on ne peut cautionner le réflexe pavlovien qui transforme des voisins français en cibles. (Voir nos partenaires : Infos-Israel.News ; RakBeIsrael.buzz.)

Que faire, maintenant ?

Trois chantiers s’imposent.

  1. Sécurité et justice : protections pérennes, procédures rapides, peines effectives. Quand un lieu de mémoire est profané, l’affaire n’est pas « un fait divers » : c’est une attaque contre la République, qui doit entraîner une réponse pénale exemplaire. (Le Monde.fr, France 24)
  2. Discours public : cohérence et sobriété. La diplomatie française ne peut ignorer que chaque phrase pèse dans la balance sociale. Lutter contre l’antisémitisme, c’est aussi désamorcer les équivalences toxiques et bannir les ambiguïtés morales. (Le Monde.fr)
  3. Éducation et numérique : reconquête des espaces où prospère la radicalité antisémite (réseaux, messageries). Cela suppose des moyens, mais surtout une stratégie : pédagogie, contre-récits, et, si nécessaire, nouvelles incriminations ciblant les vecteurs de la haine.

Chute : la ligne rouge française

La France peut débattre d’Israël ; elle ne peut transiger sur la sécurité des Juifs. Si la République accepte que l’arbre d’Ilan Halimi soit de nouveau scié demain, elle nie sa propre promesse universelle. « Ne pas instrumentaliser » la lutte contre l’antisémitisme ? Soit. Mais ne pas la minimiser est l’impératif premier. Car, à trop séparer les registres – la diplomatie là-haut, la sécurité ici-bas – on oublie l’essentiel : pour les Juifs de France, c’est maintenant que tout se joue, sur le trottoir d’une école, au seuil d’une synagogue, au pied d’un arbre de mémoire. (Le Monde.fr)

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