La rumeur avait enflammé les réseaux sociaux : la dépouille du lieutenant Hadar Goldin, tombé au combat à Rafah en 2014 et retenue depuis par le Hamas, aurait été localisée dans le même réseau de tunnels où se trouvent près de 200 terroristes piégés sous le sol de la ville. Ce jeudi matin, Tsahal a formellement démenti ces informations, accusant certains médias arabes et des comptes pro-Hamas de “diffuser des mensonges à visée psychologique”.
L’armée israélienne a précisé que les forces spéciales opérant dans le secteur sud de Rafah “n’ont trouvé à ce stade aucun élément prouvant la présence de dépouilles de soldats israéliens dans les galeries concernées”. Ces tunnels, situés de l’autre côté du “ligne jaune” — limite technique entre la zone palestinienne et le territoire israélien —, sont au centre d’une crise humanitaire et stratégique majeure, puisque plusieurs centaines de combattants du Hamas y seraient bloqués depuis le début des frappes ciblées.
La rumeur s’est propagée après une série de publications sur la chaîne Telegram Al-Manar, liée au Hezbollah, évoquant la “récupération d’un corps d’officier israélien”. Très vite, des chaînes arabes comme Al-Mayadeen ont relayé cette version, prétendant que l’ADN correspondait à celui du lieutenant Goldin. Tsahal a immédiatement réagi : “Ces allégations sont fausses et visent à provoquer la douleur des familles endeuillées.”
Pour la famille Goldin, chaque rumeur est un supplice. Depuis onze ans, Leah et Simha Goldin se battent pour que leur fils soit restitué. “Nous vivons entre l’espoir et la manipulation”, a déclaré la mère. “Le Hamas continue d’utiliser les corps comme une arme politique, et certains médias s’en rendent complices.”
Cette affaire survient dans un contexte explosif. Selon plusieurs sources diplomatiques, Washington fait pression sur Israël pour permettre un couloir de sortie à quelque 150 à 200 terroristes retranchés dans les tunnels de Rafah, en échange de leur reddition et du démantèlement symbolique de certaines unités du Hamas. Un “test” du plan Trump en vingt points pour la fin de la guerre, dont la sixième clause prévoit une amnistie partielle pour les combattants acceptant de déposer les armes.
Mais Jérusalem reste inflexible. Le ministre de la Défense Israël Katz a déclaré ce matin : “Aucun terroriste ne sortira vivant de ces tunnels sans reddition totale et sans que justice soit rendue pour nos morts et nos otages.” Il a aussi confirmé que les unités du génie de combat poursuivent “une opération chirurgicale de neutralisation” des galeries souterraines, en évitant les zones où des civils pourraient être piégés.
Le lieutenant-colonel (réserviste) Ronen Tzur, spécialiste du renseignement, résume la situation : “Ce réseau souterrain est devenu le cimetière du Hamas. Ce que certains appellent une trêve humanitaire, eux l’utilisent pour se réorganiser.”
Les négociations menées par le Qatar et la Turquie n’ont pour l’instant pas abouti. Ankara aurait proposé une “médiation humanitaire” sous contrôle international, permettant l’extraction de blessés palestiniens et la récupération de dépouilles — y compris israéliennes. Mais pour Jérusalem, la proposition est jugée inacceptable tant que le Hamas détient encore quatre otages israéliens vivants.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a rappelé la ligne rouge du gouvernement : “La récupération des corps de nos soldats est un devoir sacré, mais elle ne se fera pas au prix de concessions à des assassins.” Une position partagée par l’état-major, qui redoute que l’exploitation politique du dossier Goldin n’affaiblisse la pression militaire.
Dans les médias israéliens, la colère est palpable. “Utiliser les morts pour un gain médiatique, c’est franchir un seuil d’inhumanité que même le Hamas dépasse rarement”, écrit le chroniqueur Amit Segal. Sur les réseaux sociaux, des milliers d’Israéliens ont partagé la photo d’Hadar avec le hashtag #BringHadarHome accompagné du drapeau bleu et blanc.
Sur le terrain, les opérations se poursuivent. Tsahal a confirmé la destruction de plusieurs tunnels connectés à Rafah, équipés de systèmes de communication indépendants et de stocks d’armes lourdes. Selon des estimations militaires, près de 40 % des infrastructures souterraines du Hamas seraient désormais neutralisées.
Mais l’enjeu dépasse la tactique. Pour Israël, la bataille des tunnels symbolise la lutte morale contre un ennemi qui se cache derrière les morts, vivants ou disparus. “C’est une guerre pour la dignité”, a confié un officier. “Hadar Goldin n’est pas un symbole de deuil, mais de fidélité. Nous ne cesserons pas tant que chaque soldat ne sera pas rentré chez lui.”






