Un incident rare a eu lieu entre les forces du groupe Al-Joulani et l’armée russe stationnée en Syrie. Une colonne de 30 véhicules, tentant de transférer des missiles et des lanceurs vers le port de Tartous, a été bloquée pendant huit heures avant de devoir faire demi-tour et retourner à la base aérienne de Lattaquié. Les parties sont-elles sur le point de se confronter ? « Les Russes ne pourront rester que si la Syrie en bénéficie. »
L’événement s’est produit dans le contexte du retrait progressif des forces russes, après la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre dernier, bien que les Russes tentent de maintenir une présence militaire dans le pays en raison de leur déploiement face à l’OTAN au Moyen-Orient.
Depuis la chute du régime en Syrie, l’armée russe se retire de ses bases et transporte du matériel accumulé pendant la guerre civile, où la Russie soutenait Assad, hors du port de Tartous et via les airs depuis la base de Khmeimim. Des incidents où les forces syriennes arrêtent des convois russes pour des contrôles ont été rapportés à plusieurs reprises.
📹 Syrian Arab Army blocked a Russian military convoy of around 35 military vehicles loaded with air defense missiles and various weapons from entering the city of #Tartus this evening, and the convoy was forced to turn back towards the Hmeimim base in the countryside of Latakia. pic.twitter.com/KBzT1GFabg
— Mete Sohtaoğlu (@metesohtaoglu) February 11, 2025
Cette fois, selon les rapports, sur ordre du ministère de la Défense syrien, des soldats stationnés à un barrage ont empêché une colonne russe d’entrer dans le port militaire de Tartous. Un convoi de 30 véhicules transportant des missiles et des lanceurs est parti de la base aérienne de Khmeimim, dans la province de Lattaquié, en direction de Tartous, mais a été stoppé par les forces fidèles au nouveau gouvernement syrien.
« Après avoir attendu au barrage pendant huit heures, la colonne a dû revenir à la base de Khmeimim », a indiqué la presse. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre les soldats syriens ordonnant à la colonne de faire demi-tour et de retourner à la base. Il s’agit d’une route que les Russes empruntaient fréquemment pour transporter du matériel et des fournitures entre Khmeimim, leur base aérienne en Syrie, et Tartous, où ils avaient une installation navale centrale avant la chute d’Assad.
Les Syriens n’ont pas donné de raison spécifique pour empêcher cette fois-ci la colonne russe d’entrer à Tartous. Cependant, le ministre de la Défense syrien, Muralef Abu-Kassara, a déclaré que « la préservation des bases russes dépendra de leurs avantages pour la Syrie ». Ces incidents peuvent être perçus comme un moyen pour les Syriens de montrer leur force face aux Russes, leurs anciens alliés, qui leur offrent également un refuge diplomatique. « Si cela nous profite, alors oui, les Russes peuvent rester », a ajouté le ministre de la Défense.
Malgré le changement de régime, les Russes souhaitent maintenir leurs bases en Méditerranée orientale. Bien que leur retrait de Syrie se poursuive, la Russie reste fortement intéressée par la conservation de sa présence dans le pays. Avoir un port et une base aérienne en Méditerranée leur permet de projeter une puissance tactique et stratégique face à l’OTAN.
La Syrie pourrait également tirer profit de son alliance avec la Russie, notamment pour la reconstruction et le réarmement de son armée, qui a vu une grande partie de son équipement détruit par l’aviation israélienne. En outre, la Syrie pourrait bénéficier du retour de systèmes de défense aérienne avancés russes pour protéger son espace aérien.
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