Par Infos-Israel.News
C’est une information qui aurait semblé impossible il y a à peine quelques mois : Israël et la Syrie seraient engagés dans un dialogue indirect, sous médiation régionale et internationale, selon plusieurs sources concordantes citées par le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat. Ce dialogue, encore à un stade préliminaire, soulève une question essentielle : Damas est-elle vraiment prête à faire la paix avec Jérusalem ?
D’après les sources syriennes proches du pouvoir, le président syrien Ahmad al-Charâ (Abo Muhammad al-Julani) aurait donné son feu vert à des pourparlers indirects, sous médiation arabe et internationale. Les exigences syriennes sont claires : fin des frappes israéliennes sur le territoire syrien et retour à l’accord de séparation des forces de 1974 signé après la guerre du Kippour. Israël, de son côté, exigerait l’instauration d’une nouvelle zone tampon et un contrôle militaire renforcé sur le flanc sud de Damas.
Un accord de transition, pas encore de paix
Les observateurs les plus avertis parlent d’un accord sécuritaire partiel, qui pourrait servir de tremplin à un traité de paix complet, voire à l’intégration de la Syrie dans les Accords d’Abraham. Le ministre syrien des Affaires étrangères n’exclut d’ailleurs pas une telle trajectoire, à condition que la souveraineté syrienne soit garantie. Ce revirement spectaculaire, après des décennies de haine officielle, survient dans un contexte de fatigue militaire et d’effondrement régional des fronts anti-israéliens.
La nouvelle Syrie : du chaos à la modération ?
Depuis la chute du régime d’Assad en décembre dernier, un nouveau pouvoir s’est imposé à Damas, symbolisé par la figure controversée mais pragmatique d’Al-Charâ. Ce dernier, ancien chef du Front Al-Nosra affilié à Al-Qaïda et aujourd’hui président officiel d’une Syrie fragmentée, adopte une stratégie de normalisation progressive avec ses anciens ennemis. Selon ses proches, la priorité du nouveau régime est la reconstruction économique et la stabilité intérieure, et non une confrontation idéologique avec Israël.
Le message est limpide : le peuple syrien est épuisé par la guerre, et la rhétorique “palestinienne” classique a perdu tout attrait. Les déclarations du chercheur syrien Waïl al-Aji vont dans le même sens : “Les Syriens veulent manger, travailler, élever leurs enfants. Pas mourir dans une guerre imposée par d’anciens régimes déconnectés de la réalité.”
Israël sceptique, mais attentif
Du côté israélien, les signaux sont reçus avec prudence. Selon des sources à Jérusalem, Tsahal ne prévoit pas de retrait immédiat des positions sécurisées en territoire syrien, notamment dans la région de Quneitra, reconquise lors de la chute d’Assad. Toutefois, Israël pourrait envisager un redéploiement progressif, à condition que la Syrie respecte un démantèlement effectif de toute présence iranienne et du Hezbollah dans le sud syrien — une exigence non négociable dans les cercles sécuritaires israéliens.
Retour sur l’accord de 1974
L’accord de séparation des forces entre Israël et la Syrie, signé en mai 1974 sous l’égide de l’ONU, prévoyait une zone tampon démilitarisée surveillée par la force onusienne UNDOF. Israël s’était alors retirée de certaines positions avancées dans le Golan, y compris la crête du Hermon. Cet accord, longtemps respecté malgré quelques accrochages, a été rompu en 2024 avec la reprise d’activités israéliennes dans la zone suite à l’effondrement de l’ordre syrien.
Depuis, le statu quo est fragilisé. Des incidents se sont multipliés entre les forces israéliennes et les populations locales syriennes, comme récemment dans le village de Saïda, où des habitants ont refusé l’aide humanitaire israélienne.
La pression américaine et les Accords d’Abraham
Les États-Unis, sous l’impulsion de l’envoyé spécial Thomas Bark, soutiennent clairement une extension des Accords d’Abraham vers la Syrie. Bark, qui remplace temporairement Morgan Ortagus au poste de coordinateur régional, a affirmé lors de sa tournée à Beyrouth : “Le train des Accords d’Abraham est en marche. La Syrie y a déjà mis un pied.” Il a par ailleurs encouragé le Liban à ne pas rater le coche.
Les autorités syriennes, conscientes de l’isolement croissant de l’Iran et de la nouvelle configuration régionale, semblent prêtes à tourner la page. Un accord partiel, avec des garanties sur la souveraineté et des bénéfices économiques, pourrait leur ouvrir la porte d’une reconnaissance internationale progressive, tout en affaiblissant les derniers bastions du croissant chiite contrôlés par Téhéran.
Un tournant stratégique pour Israël
Israël, pour sa part, ne se fait pas d’illusions : la paix avec la Syrie ne sera ni rapide, ni simple, ni exempte de risques. Mais les bénéfices potentiels sont colossaux : neutralisation du flanc nord-est, affaiblissement de l’axe Iran-Hezbollah, stabilisation du Golan, et démonstration que la normalisation est possible même avec des ennemis historiques, tant qu’ils abandonnent la violence comme outil politique.
La situation reste volatile, mais elle offre à Jérusalem une opportunité rare de redessiner les cartes de la région à son avantage. Et comme le disait Donald Trump à Riyad en 2020 : “Le Moyen-Orient ne comprend que la force.” Aujourd’hui plus que jamais, cette doctrine reste valable.
Pour approfondir :
- Conflit israélo-syrien sur Wikipédia
- Les Accords d’Abraham
- Trump et la diplomatie au Moyen-Orient
- Infos-Israel.News – actualité israélienne
- Alyaexpress-News – actualité francophone d’Israël
- Rak BeIsrael – les infos insolites d’Israël
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