L’armée israélienne se prépare à la frontière libanaise : « Nous tirerons sur toute personne qui s’approchera de la clôture » Le colonel A., commandant de la brigade territoriale, estime qu’une évolution de la stratégie a eu lieu durant le dernier conflit.
Tsahal est présent dans le sud du Liban depuis quatre mois et demi, la période la plus longue depuis son retrait du pays des cèdres en 2000. Selon l’accord de cessez-le-feu, dont la mise en œuvre a été prolongée jusqu’au 18 février, dans quatre jours, Tsahal devrait quitter le sud du Liban.
Dans les jours à venir, le gouvernement devra décider s’il répond favorablement à la demande de Tsahal de rester sur cinq postes de commandement, construits rapidement à des points stratégiques du territoire libanais, à quelques centaines de mètres au nord de la clôture frontalière.
« Le rôle de ces postes est de contrôler et surveiller la zone », explique le colonel A., commandant de la brigade territoriale 769, lors d’une tournée sur le terrain. « Nous sommes prêts à rester ici, et nous espérons que cela sera le cas. »
Selon lui, « par rapport aux résultats de la guerre du Liban de 2006, le changement territorial que nous avons effectué ici est très significatif. Chaque endroit qui nous menaçait, ou que nous pensions susceptible de nous menacer à l’avenir, a été immédiatement détruit. C’est notre devoir et c’est ce que nous faisons. Le message est clair : il ne vaut mieux pas commencer une guerre avec l’État d’Israël. »
Le colonel A. a grandi dans la brigade Golani, et a traversé tous les échelons de commandement de la brigade des murs. C’est un officier réfléchi et calme, mais il n’hésite pas à exprimer son avis professionnel en toute circonstance. Lui et ses soldats ont affronté cette semaine des pluies abondantes, qui ont donné tout leur sens à l’expression « la boue libanaise ». Les soldats sont occupés avec leurs dernières missions avant la date butoir de mardi, où ils devraient quitter la zone. En attendant, ils redessinent l’espace, renforcent la clôture et les autres obstacles physiques à la frontière, et détruisent d’autres infrastructures terroristes qui y sont restées.
« Nous comprenons que nous devrons nous défendre depuis des lignes arrière, et pour ne pas agir uniquement depuis la frontière, nous aménageons le terrain au nord de celle-ci. Quand quelqu’un approche de la berme, il s’arrête d’abord et réfléchit à comment la franchir », ajoute le colonel A. « Ce n’est pas défini comme une zone tampon, mais toute personne qui franchit cette ligne constitue un risque pour nous. C’est un changement de perception. »
Qu’est-ce qui empêchera les habitants du Liban de niveler les tas de sable à l’aide de tracteurs ? « Nous gagnons d’abord du temps », explique le colonel A. « Le premier mois est nécessaire pour nous adapter à ce qui se passe ici. De plus, pour la première fois, ils recevront une salve près d’eux, et comprendront que la réaction d’Israël est différente de celle du passé. Cela les empêchera de répéter leur acte. Le Hezbollah est présent dans le sud du Liban. Il ne s’est pas encore réinstallé dans les villages, mais il tentera de revenir ici. Nous devrons nous en occuper. »
Pour le commandant de brigade, le principal changement qui s’est produit dans Tsahal est « le changement de perception ». « Ceux qui ont pris part à ce qui s’est passé ici ont payé le prix », explique-t-il. « Ce n’est pas de la vengeance, c’est de la défense. Les militants du Hezbollah se promenaient ici. » À l’avenir, ajoute-t-il, « nous devons être très stricts dans l’application de la loi, de sorte que cela soit perçu de la même manière si quelqu’un tente de nouveau de tester notre force dans la prochaine guerre, ou dans celle d’après. Vous voulez continuer la ‘résistance’ ? Tsahal ne laissera pas cela se produire. »
Une caractéristique frappante du paysage est le graffiti sur le mur de béton à la frontière côté libanais. Ils illustrent plus que tout la facilité avec laquelle les habitants des villages voisins de la clôture s’en approchaient avant la guerre, sans que Tsahal ne les arrête. Une telle situation ne se reproduira pas, précise le colonel A. Selon lui, les nouvelles règles d’ouverture du feu sont claires : toute personne s’approchant du mur sera abattue, et tout combattant identifié dans la zone frontière sera éliminé.
Selon lui, l’avenir pourrait être prometteur. « Nous ferons prospérer le nord et nous nous épanouirons tout en poursuivant la lutte à faible intensité contre le Hezbollah. L’armée libanaise restera ici en tant que force modératrice, et cela fait partie de la nouvelle solution pour la région. Nous avons de nombreux défis, mais ceux qui sont plus grands que moi trouveront les solutions. »
À son avis, les habitants du nord peuvent déjà retourner chez eux en toute sécurité. « C’est juste de revenir, tant du point de vue de la sécurité que de la vision sioniste. Je ne veux pas me mettre à la place des habitants, comme si je portais un jugement sur qui que ce soit. Je ne vis pas ici et je n’ai pas vécu l’évacuation de ma maison pendant une aussi longue période. Toutefois, du point de vue de la sécurité, je peux dire qu’ils peuvent retourner chez eux. »
Le sionisme, dit-il, est un mouvement qui a toujours affronté des risques, et c’est encore le cas aujourd’hui à la frontière nord. « Lorsque l’on regarde l’histoire de l’État d’Israël et de la colonisation, il est impossible de penser à cette histoire sans ses habitants. Il y a toujours eu des risques ici, mais il y a toujours eu aussi les pionniers qui se tenaient face à eux. »
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