Dans un climat international encore tendu, où voyager en tant que Juif ou Israélien peut parfois susciter des regards hostiles, une destination européenne tire son épingle du jeu : la Tchéquie. Ce petit pays d’Europe centrale, profondément attaché à son amitié avec Israël, séduit aujourd’hui de plus en plus de voyageurs israéliens à la recherche de sécurité, culture, et détente à prix doux.
« Ce n’est pas seulement une belle destination, c’est un pays où l’on se sent bienvenu en tant qu’Israélien », écrit la journaliste Tzvia Blum dans Israel Hayom, photo du drapeau bleu et blanc flottant fièrement à l’entrée de son hôtel pragois à l’appui.
Prague, entre charme historique et accueil chaleureux
Dès l’arrivée à Prague, l’impression est saisissante : aucune manifestation hostile, aucune tension, mais un accueil chaleureux. Pour les voyageurs pratiquants, la capitale tchèque offre des options casher sérieuses : restaurants, un Beit ‘Habad accueillant, et même une petite boutique de trdelník (gâteau roulé) casher — Trdelník & Coffee — qui fait le bonheur des touristes israéliens.
L’hébergement aussi s’adapte : le Falkensteiner Hotel Prague, boutique-hôtel au centre-ville, combine confort moderne et proximité avec les quartiers commerçants. « Le petit-déjeuner, même sans cuisine casher complète, reste accessible : œufs durs, légumes, beurre et café suffisent quand on a prévu l’essentiel de chez soi », note Blum.
Au-delà des boutiques Sephora ou Primark toutes proches, Prague se visite comme un musée à ciel ouvert. Des ruelles pavées, des ponts médiévaux, des synagogues baroques et le quartier juif historique, où repose la mémoire du Golem et des grandes figures de la communauté ashkénaze.
« Même dans la foule, on marche sans crainte », confie la journaliste. « Ce sentiment, aujourd’hui, n’a pas de prix. »
Une escapade hors du temps : Mariánské Lázně, le spa des rois
À deux heures de route de Prague, dans la verdure de Bohême occidentale, la station thermale Mariánské Lázně (Marienbad) offre un contraste saisissant : silence, air pur, et eaux minérales chargées d’histoire.
Les Israéliens y sont de plus en plus nombreux — juste derrière les Allemands — dans les hôtels de la chaîne Ensana, et notamment au Centrální Lázně Hotel, célèbre pour ses bains romains à colonnes néoclassiques. L’établissement, où séjourna jadis le roi Édouard VII d’Angleterre, conserve un charme royal : plafonds peints, mobilier d’époque, fontaines illuminées la nuit.
Chaque client y rencontre un médecin pour établir un programme de soins personnalisés : bains de CO₂ dissous, inhalations d’oxygène, massages thérapeutiques, ou encore « piscine de carbone sèche », où le corps est enveloppé d’un gaz chaud qui stimule la circulation et apaise les douleurs.
« L’effet est surprenant : détente, clarté mentale et une sensation de renaissance », raconte Blum.
Un tourisme thérapeutique et serein
La Tchéquie mise depuis longtemps sur son tourisme médical et thermal, mais l’arrivée croissante d’Israéliens depuis deux ans reflète une autre quête : celle d’un havre européen sans haine. Ici, les drapeaux israéliens flottent sur certains hôtels, les habitants parlent avec bienveillance de Jérusalem, et les visiteurs peuvent marcher dans la rue sans cacher leur identité.
Dans les rues fleuries de Mariánské Lázně, les couples se promènent le soir au son de la « fontaine chantante », spectacle d’eau et de lumière qui attire les touristes à 21 h. Les boutiques locales proposent bijoux en cristal, chocolats, et souvenirs en bois — loin du stress des capitales saturées.
Sécurité, beauté, et rapport qualité-prix
Pour un public israélien souvent découragé par la flambée des prix en Europe de l’Ouest, la Tchéquie reste une destination abordable :
- Séjour complet de deux semaines à Mariánské Lázně avec vols, transferts, soins et pension : environ 2 120 euros par personne.
- Repas et sorties bien moins coûteux qu’à Paris ou Rome.
- Aucun visa requis, ni formalités complexes.
Un refuge européen pour les Israéliens
Au-delà du tourisme, ce succès illustre un lien de confiance ancien : la République tchèque a été, dès 1948, l’un des premiers pays à soutenir la création d’Israël. Et cet attachement ne s’est jamais démenti.
Dans une Europe où les drapeaux israéliens sont parfois brûlés, les voir flotter à l’entrée d’un hôtel pragois a valeur de symbole : celui d’une amitié sincère, d’un pays sûr, et d’une hospitalité qui ne se dément pas.
.« Nous reviendrons, c’est certain », conclut Blum. « Parce qu’ici, on peut enfin respirer. »