C’est une séquence diplomatique inattendue qui a fait frémir la scène internationale. Vendredi 3 octobre au soir, le Hamas a annoncé accepter de libérer tous les otages retenus à Gaza, en accord avec la proposition américaine de Donald Trump. Dans la foulée, Emmanuel Macron a salué un « tournant décisif » et remercié le président Trump pour ses efforts, estimant que « la paix et le cessez-le-feu sont à portée de main ».
Mais derrière les déclarations d’optimisme, Israël reste prudent, soulignant que le mouvement terroriste n’a pas annoncé son désarmement, ni la reddition de ses chefs militaires encore actifs dans la bande de Gaza.
Un plan américain ambitieux, encore flou
Présenté en début de semaine par Donald Trump aux côtés du Premier ministre israélien Benjamín Netanyahou, le plan prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, et la mise en place d’une autorité palestinienne de transition “indépendante” supervisée par une entité internationale.
Dans un message publié sur Truth Social, le président américain a félicité le Hamas d’avoir « choisi la paix » et demandé à Israël de « cesser immédiatement les bombardements pour permettre la libération rapide et sûre des otages ».
Une formule qui a suscité des réactions mitigées à Jérusalem. Pour le gouvernement israélien, cesser les frappes sans garantie de désarmement serait offrir au Hamas une victoire tactique. Un haut responsable du ministère de la Défense cité par Infos-Israel.News (infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/) résume ainsi la position :
« Libérer les otages est notre priorité absolue, mais pas au prix d’un répit offert à une organisation terroriste encore armée et retranchée. »
Le Hamas joue la carte de la respectabilité
Le communiqué du Hamas, relayé puis supprimé par la Maison Blanche, évoque une volonté de « transférer l’administration de la bande de Gaza à un organe palestinien composé d’indépendants ». Mais aucun mot sur la dissolution de sa branche armée, ni sur le sort de ses dirigeants, notamment Yahya Sinwar et Mohammed Deif, toujours introuvables.
Un responsable du Hamas, Mahmoud Mardawi, a reconnu auprès de l’AFP que « le plan américain est vague et nécessite des négociations ». Autrement dit : rien n’est acquis.
Cette ambivalence alimente la méfiance d’Israël, qui redoute un scénario déjà connu — un cessez-le-feu utilisé par le Hamas pour se reconstituer militairement et réaffirmer son contrôle sur le territoire.
Macron, la France et la diplomatie de l’équilibre
Sur la scène internationale, l’annonce du président français a été perçue comme un geste de ralliement pragmatique au plan américain. « La libération de tous les otages détenus et le cessez-le-feu à Gaza sont à portée de main ! L’engagement du Hamas doit être suivi d’effet sans plus tarder », a déclaré Emmanuel Macron sur X. Et d’ajouter :
« Je remercie le Président Trump et ses équipes pour leur mobilisation en faveur de la paix. La France y prendra toute sa part, dans la continuité de ses efforts aux Nations unies. »
Une position saluée à Washington, mais critiquée par certains diplomates européens, qui y voient un alignement implicite sur la stratégie trumpienne. D’autant que le plan de l’ancien président américain marginalise l’Union européenne, écartée des négociations centrales menées entre Washington, Le Caire, Doha et Jérusalem.
Rome et l’ONU sur la même ligne
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a elle aussi soutenu l’initiative : « Je réitère mon soutien total aux efforts du président Trump pour ramener la paix au Moyen-Orient. La priorité doit être la libération immédiate de tous les otages. »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est montré « encouragé » par l’annonce du Hamas, appelant « toutes les parties à saisir cette occasion pour mettre un terme au conflit tragique à Gaza ».
L’espoir prudent d’Israël
Du côté israélien, si la classe politique se montre divisée, le ton reste mesuré. L’entourage de Netanyahou souligne que l’accord proposé par Trump ne pourra être validé que si le Hamas prouve sa sincérité par des actes concrets. Israël demande des garanties :
- La libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.
- Le désarmement total des factions.
- L’évacuation des chefs du Hamas hors de Gaza, sous supervision internationale.
En parallèle, Tsahal maintient son dispositif dans le sud de la bande de Gaza et intensifie la surveillance aérienne pour empêcher tout transfert d’armes.
Une victoire diplomatique pour Trump ?
Si le plan venait à se concrétiser, Donald Trump réaliserait ce qu’aucune administration américaine n’avait obtenu depuis les Accords d’Abraham : une désescalade directe entre Israël et le Hamas. Mais l’enthousiasme reste fragile : sans désarmement ni garantie internationale solide, l’accord pourrait s’effondrer dès les premiers incidents sur le terrain.
Pour Israël, la priorité n’est pas seulement la libération des otages — c’est la neutralisation durable d’un ennemi juré. Un cessez-le-feu ne vaut que s’il ne sert pas de tremplin à la prochaine guerre.
En attendant, la diplomatie s’affaire. Le Caire accueillera dans les prochaines heures les délégations américaines, israéliennes et qataries. Une réunion de la dernière chance, peut-être, pour transformer l’espoir en paix réelle.
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