Le président iranien Rouhani a condamné la décision du président turc Erdogan d’envahir le territoire kurde en Syrie. Des manifestations à grande échelle de la minorité kurde iranienne (estimée à huit millions) ont éclaté contre les institutions turques dans tout le pays. Pourtant, Téhéran ne veut pas risquer ses relations avec Ankara, ce qui lui permet de contourner les sanctions américaines et constitue un canal essentiel pour la fourniture de gaz iranien aux principaux pays européens.
L’invasion turque remet en cause le souhait des décideurs iraniens d’étendre la « profondeur stratégique » de Téhéran en Syrie. En outre, il existe de nombreuses milices salafistes-djihadistes sur le terrain aux côtés de l’armée turque, dont certaines sont originaires d’Al-Qaïda, qui perçoivent l’islam chiite iranien comme une hérésie et ses pratiquants dignes de la persécution. Pour la sécurité iranienne, le déploiement de milices salafistes opérant sous un parapluie turc est intolérable. Le déploiement de milices sunnites pourrait limiter la marge de manœuvre iranienne dans le nord de la Syrie.
Le régime iranien a bon espoir que la communauté internationale tourne les yeux sur l’agression turque et détourne l’attention des tentatives de Téhéran pour étendre sa profondeur stratégique face à un Israel en alerte.
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