Le ton monte au sein même de la coalition israélienne. Après les dernières violations de la trêve par le Hamas, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a lancé un avertissement frontal au Premier ministre Benjamin Netanyahou : « S’il renonce à détruire le Hamas, son gouvernement perdra toute raison d’exister. »
Une déclaration choc, relayée par Zman Israël (source originale), qui révèle les fractures internes de la majorité à Jérusalem et la tension croissante entre l’aile sécuritaire et la direction du Likoud.
« Assez de demi-mesures » : la colère du ministre de la Sécurité nationale
Dans une publication virulente, Ben Gvir accuse le gouvernement de « répéter les mêmes erreurs » :
« Encore une fois, le Hamas assassine un soldat pendant une soi-disant “pause humanitaire”, et encore une fois, le gouvernement répond par une “réaction mesurée” et reprend aussitôt la trêve. »
Le ministre s’en prend directement à la stratégie d’équilibre menée par le cabinet :
« Nous ne devons plus nous contenter de riposter. Nous devons anéantir le Hamas, pas l’affaiblir, pas le contenir. Tant qu’il existera, il continuera à tuer nos enfants. »
Cette sortie s’inscrit dans une série d’avertissements lancés ces dernières semaines par Ben Gvir, qui se présente comme le gardien du “mandat du 7 octobre” : libérer Gaza du terrorisme et refonder la dissuasion israélienne.
Un ministre en guerre contre la “conception du 6 octobre”
Pour Ben Gvir, l’attitude du gouvernement trahit une nostalgie dangereuse : celle de la “conception du 6 octobre”, ce paradigme d’avant-guerre où l’on croyait possible de “gérer” le Hamas sans le détruire.
Selon lui, ce mode de pensée revient aujourd’hui par la fenêtre :
« Si le Premier ministre se contente d’un “démantèlement symbolique” du Hamas, s’il conserve la même politique que celle d’avant le massacre, alors il trahit les victimes du 7 octobre. »
Le ministre, connu pour son ton incendiaire, menace même implicitement de quitter la coalition :
« Si nous continuons à faire semblant de gagner, alors ce gouvernement n’a plus de raison d’être. »
Un ultimatum qui, selon des sources politiques citées par Zman Israël, aurait mis le bureau du Premier ministre “en alerte rouge”.
Des lignes de fracture à droite
Ce n’est pas la première fois que Ben Gvir s’oppose publiquement à Netanyahou.
Mais son dernier coup de semonce s’inscrit dans un contexte politique explosif :
- Benyamin Netanyahou tente de ménager Washington et ses partenaires arabes sur la question humanitaire.
- Bezalel Smotrich, ministre des Finances, partage la ligne dure de Ben Gvir et réclame lui aussi la reprise de la guerre “jusqu’à l’élimination complète du Hamas”.
- Une partie du Likoud, plus pragmatique, redoute que la coalition ne s’effondre sous la pression des extrêmes.
En coulisse, les tensions s’accumulent. Certains députés du Likoud, selon Israel Hayom, jugent “irresponsable” de menacer la stabilité du gouvernement “au moment même où Tsahal combat encore à Rafah et Khan Younès”.
Une opinion publique qui penche vers la fermeté
Sur le terrain politique, Ben Gvir sait qu’il n’est pas seul.
Selon un sondage publié par Channel 12 cette semaine, près de 62 % des Israéliens estiment que “la guerre doit se poursuivre jusqu’à la destruction totale du Hamas”, même au prix d’un isolement international.
Un chiffre qui conforte la posture du ministre, perçu comme celui qui “dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas”.
Netanyahou sous pression
Face à cette offensive verbale, Benjamin Netanyahou reste silencieux.
Son entourage se borne à rappeler que “toutes les options sont sur la table” et que “la trêve actuelle ne vaut pas cessez-le-feu”.
Mais selon plusieurs analystes, ce silence traduit l’embarras :
le Premier ministre doit à la fois rassurer ses partenaires internationaux et conserver une coalition où les faucons menacent de claquer la porte.
L’équation devient intenable : Washington exige une reprise des négociations de trêve durable, tandis que les ministres de droite réclament une guerre sans fin jusqu’à “la disparition physique du Hamas”.
Entre rhétorique et réalité
Pour l’heure, Ben Gvir n’a pas quitté le gouvernement — mais il en a fixé les conditions de survie.
Son message est clair : soit Netanyahou relance la guerre totale, soit il gouvernera sans lui.
Dans un pays où chaque mot du 7 octobre reste gravé dans la mémoire collective, la menace du ministre ne relève plus seulement du calcul politique : c’est un cri de guerre adressé à un Premier ministre sur la corde raide.
Tsahal poursuit ses opérations ciblées à Gaza, mais le vrai champ de bataille — pour le pouvoir et la légitimité — est peut-être déjà à Jérusalem.
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