Dans une déclaration inattendue, un haut responsable du Hezbollah a affirmé ce 13 juin que l’organisation chiite libanaise ne riposterait pas aux frappes israéliennes visant le territoire iranien. Un message qui tranche avec le ton habituel belliqueux du groupe, et qui marque peut-être un tournant stratégique dans la guerre de l’ombre qui oppose Israël et l’axe Iran-Hezbollah.
Une retenue calculée – ou imposée ?
Le Hezbollah est connu pour sa rhétorique violente, ses menaces répétées contre Israël, et ses multiples provocations militaires le long de la frontière nord. Mais cette fois, malgré les frappes audacieuses menées par l’armée de l’air israélienne contre Shiraz et Tabriz en Iran, le groupe s’abstient d’intervenir.
Selon plusieurs sources libanaises et arabes, la direction du Hezbollah aurait reçu des instructions explicites de Téhéran : ne pas ouvrir un nouveau front, ne pas entraîner une escalade, et surtout ne pas exposer les faiblesses de l’organisation à ce stade critique.
Ce silence, inhabituel, en dit long.
Israël gagne la guerre psychologique
Il y a à peine quelques semaines, Hassan Nasrallah promettait que toute attaque contre l’Iran entraînerait une riposte régionale, que le Liban serait partie prenante d’un front unifié contre « l’ennemi sioniste ». Et pourtant : lorsque l’attaque a eu lieu, aucun missile n’a été tiré. Aucune escarmouche. Aucune déclaration de guerre.
Pourquoi ?
Parce que le Hezbollah craint la réaction israélienne.
Parce qu’il sait que Tsahal est prête.
Et surtout, parce qu’il comprend qu’Israël ne bluffe pas.
Ce recul est un succès stratégique pour Jérusalem, qui parvient à dissuader ses ennemis sans avoir besoin d’un déploiement massif de forces terrestres.
Un aveu de faiblesse
Loin d’être une stratégie de retenue morale, cette déclaration du Hezbollah est un aveu de vulnérabilité.
Le groupe est aujourd’hui affaibli sur plusieurs fronts :
- Militairement, il a perdu de nombreux hommes en Syrie.
- Économiquement, il dépend d’un Iran lui-même sanctionné et frappé.
- Politiquement, il est de plus en plus contesté au Liban, accusé d’entraîner le pays dans l’abîme.
Riposter aujourd’hui serait un suicide stratégique. Le Hezbollah le sait. Il préfère donc se taire – pour l’instant.
Israël contrôle la dynamique régionale
Depuis les frappes du 13 juin, la hiérarchie régionale a basculé. C’est Israël qui agit. C’est Israël qui impose le rythme. Ce sont les ennemis d’Israël qui sont sur la défensive.
Téhéran remanie ses commandants.
Le Hezbollah se fait discret.
La Syrie ne bouge pas.
Et même la Russie – pourtant alliée de l’Iran – se contente de déclarations diplomatiques stériles.
Pendant ce temps, Tsahal neutralise des menaces concrètes.
Et surtout, elle le fait sans provoquer une guerre ouverte, ce qui souligne son efficacité tactique.
Une alliance Téhéran–Beyrouth fissurée ?
Cette absence de réaction du Hezbollah pourrait aussi révéler des tensions internes au sein de l’axe Iranien.
Le Hezbollah, bien que fidèle à l’Iran, ne peut pas toujours exécuter les ordres si cela va à l’encontre de ses intérêts immédiats. Ouvrir un front contre Israël alors que le Liban est à genoux économiquement serait catastrophique pour son image.
Des voix internes au mouvement chiite – et même des alliés au sein du gouvernement libanais – pressent Nasrallah d’éviter toute escalade.
Il est possible que cette modération soit un compromis temporaire pour ne pas mettre le Liban en danger.
Israël garde la main… et reste vigilant
Israël, de son côté, ne se laisse pas tromper par cette accalmie. Les services de renseignement surveillent de près les mouvements de l’organisation au sud-Liban.
L’armée reste déployée, le Dôme de Fer est opérationnel, les populations du Nord sont en état d’alerte. Car le silence du Hezbollah peut aussi être une tactique d’attente.
Mais pour l’instant, le calme est du côté israélien. Et cela constitue, dans ce contexte, une victoire tactique.
Le Hezbollah perd la bataille de l’image
Pendant des années, le Hezbollah a bâti son image sur la résistance face à Israël. Il se présentait comme le seul défenseur du monde arabe face à « l’entité sioniste ».
Mais aujourd’hui, dans le monde arabe, cette image s’effrite.
– Les pays du Golfe voient le Hezbollah comme un outil de déstabilisation iranien.
– La population libanaise l’accuse d’être responsable de la crise économique.
– Les Iraniens eux-mêmes se demandent pourquoi l’organisation reste inactive alors que leur propre pays est attaqué.
Ce recul stratégique ternit l’aura du Hezbollah.
Une opportunité pour Israël : renforcer la dissuasion
Ce moment est aussi une fenêtre d’opportunité diplomatique pour Israël.
En montrant que sa stratégie est efficace et mesurée, l’État hébreu peut :
- renforcer ses alliances régionales
- convaincre davantage de pays de se joindre aux Accords d’Abraham
- gagner du soutien même en Europe, où la distinction entre “attaque” et “prévention” devient plus claire.
Israël ne cherche pas la guerre – il la prévient. Et le recul du Hezbollah le prouve.
Conclusion : Le silence du Hezbollah est assourdissant
Quand un mouvement qui promettait « l’enfer » à Israël choisit de ne rien faire après des frappes majeures contre son parrain iranien, c’est une défaite morale.
Ce n’est pas Israël qui regrettera ses actions.
C’est le Hezbollah qui mesure l’ampleur du piège dans lequel il se trouve : tiraillé entre ses alliances, son image, et sa propre survie.
Israël, lui, continue d’avancer. Précis, méthodique, déterminé.
Et face au vacarme des slogans, le silence de ses ennemis est parfois la meilleure des victoires.
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