Par Amnon Lord – Israël Hayom, 11 septembre 2025
L’ancienne ministre et juge à la Cour constitutionnelle française Noëlle Lenoir, venue récemment à Jérusalem, a jeté une lumière crue sur les intentions possibles du président français Emmanuel Macron. Issue autrefois de la gauche socialiste, elle s’inquiète désormais de ce qu’elle appelle une « alliance dangereuse entre l’islamisme et la gauche radicale » en France et en Europe.
Dans une conversation accordée à Israël Hayom, Lenoir avertit : « L’antisémitisme contemporain est utilisé comme un outil de mobilisation de la jeunesse. Antisionisme et antisémitisme sont la même chose. Les jeunes ne le comprennent pas, mais ils agissent en réalité contre eux-mêmes. »
Une critique de Macron et de la gauche française
Aux yeux de Lenoir, Emmanuel Macron traverse une crise de légitimité : sa popularité est tombée à 15 % en France. Sa décision de reconnaître un État palestinien pourrait être liée, selon elle, à deux facteurs :
- une stratégie électorale, destinée à séduire l’électorat musulman en vue d’un éventuel retour politique après sa présidence ;
- une démarche inscrite dans la tradition gaulliste de confrontation avec les États-Unis, où la France cherche à « piquer l’Amérique » sur la scène internationale, souvent aux dépens d’Israël.
Elle rappelle que le général de Gaulle avait imposé un embargo sur les armes destinées à Israël avant même la guerre des Six Jours, forçant l’État hébreu à frapper le premier. Selon elle, Macron suit une logique similaire en s’opposant à la politique américaine au Moyen-Orient, quitte à affaiblir Israël.
« L’alliance rouge-verte » : un danger pour l’Europe
Lenoir, catholique de naissance mais surtout militante politique, se dit alarmée par ce qu’elle appelle « le mariage entre la gauche radicale et l’islamisme ». Dans ses mots :
« En France, environ 26 % de la communauté musulmane est considérée comme radicalisée. Ces jeunes sont instrumentalisés pour miner la démocratie de l’intérieur, tout en séduisant les courants de gauche par un discours victimaire. »
Elle dénonce notamment les élites intellectuelles et universitaires françaises, héritières des thèses de Michel Foucault, qui ont remplacé le prolétariat comme moteur de la révolution par l’immigration musulmane. Ainsi, dans les sièges de la gauche française, on trouve des drapeaux palestiniens plutôt que des références à l’héritage républicain.
Le spectre d’un antisémitisme réinventé
Lenoir cite le philosophe Vladimir Jankélévitch, qui dès les années 1950 avait prédit qu’on accuserait un jour les Juifs de génocide. Elle observe : « Aujourd’hui, ouvrir un journal suffit pour lire une nouvelle version des Protocoles des Sages de Sion. »
Cette inversion morale – où les Juifs deviennent accusés des crimes dont ils ont été victimes – nourrit selon elle une montée d’antisémitisme en Europe, attisée par certains médias et ONG.
Les institutions internationales « détournées »
Spécialiste du droit international, Lenoir critique la dérive des institutions onusiennes et judiciaires, en particulier la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui considère déjà la « Palestine » comme un État. Pour elle, il s’agit d’une violation flagrante des compétences de ces tribunaux, désormais instrumentalisés par une majorité de pays du Sud global hostiles à Israël et à l’Occident.
« Si même les juges trahissent leur rôle, alors tout est permis », déplore-t-elle, tout en notant que l’Occident a longtemps laissé faire sans réagir.
Une mise en garde pour l’avenir
Noëlle Lenoir estime qu’une guerre culturelle souterraine est en cours entre les valeurs de l’Occident et des forces islamistes déterminées à transformer l’Europe de l’intérieur. Elle regrette de ne pas avoir identifié plus tôt ce danger :
« Les jeunes issus de l’immigration musulmane, loin de chercher à s’intégrer, rejettent les valeurs du pays d’accueil et veulent imposer un modèle proche de celui qu’ils ont fui. C’est une menace existentielle pour la démocratie. »
Face à cette situation, elle appelle à la lucidité et à la fermeté : défendre Israël, affirme-t-elle, c’est aussi défendre l’Europe et ses valeurs.
Rédaction francophone – Sabrina Hania pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés