La tension continue de monter autour de l’affaire explosive qui secoue le système militaire israélien : la suspension de l’officière qui a révélé le scandale impliquant la procureure militaire en chef (הפצ »רית). Alors que l’armée a décidé de l’écarter immédiatement du service, des voix internes dénoncent une sanction injustifiée infligée à une femme qui, selon eux, n’a fait que dire la vérité. Une indignation d’autant plus vive que l’ancienne procureure militaire, l’aluf Yifat Tomer-Yerushalmi, suspendue par le chef d’état-major, continue quant à elle de percevoir l’intégralité de son salaire et de ses avantages de grade.
Selon Tsahal, la décision de suspendre l’officière repose sur l’enquête interne, au cours de laquelle elle aurait échoué à plusieurs reprises au test du polygraphe, et n’aurait pas livré une version complète des faits dès le départ. Mais des sources impliquées dans le dossier affirment exactement l’inverse : elles soutiennent que l’officière n’a commis aucune infraction, qu’elle a agi conformément aux instructions de ses supérieurs, et qu’elle est aujourd’hui punie uniquement parce qu’elle a révélé une affaire embarrassante pour l’institution. Pour ces sources, le message envoyé est dangereux : “quiconque dira la vérité en paiera le prix”.
D’après un haut responsable cité dans Maariv, la hiérarchie a choisi la voie la plus dure contre elle : l’aluf Dado Bar-Kalifa aurait estimé que le simple fait qu’elle ait été initialement interrogée sous avertissement, dans une affaire “grave”, suffisait à justifier sa suspension immédiate. La colère est d’autant plus forte que dans le même temps, Tomer-Yerushalmi demeure officiellement une officier en service, malgré sa mise à l’écart par le chef d’état-major. Non seulement elle conserve ses droits financiers, mais elle continue de percevoir la rémunération pleine correspondant à son grade d’aluf.
La critique interne ne s’arrête pas là. Certains rappellent que ces décisions interviennent alors que les enquêtes sur les événements du 7 octobre font déjà l’objet de soupçons de dissimulation et d’omissions. Pour eux, l’attitude de Tsahal dans cette affaire encourage une culture de silence. “Nous parlons sans cesse du besoin de tirer les leçons du 7 octobre”, dit une source. “Mais voilà qu’une officier qui expose des faits est punie. Quel signal est envoyé aux autres ?”
Selon les informations publiées, l’officière avait été d’abord placée en congé temporaire, puis suspendue après réexamen interne. Les sources proches du dossier soulignent qu’elle n’a plus été convoquée pour aucun interrogatoire supplémentaire après la première série. Elles affirment également que l’examen de son téléphone portable, ainsi que les conclusions de la police militaire et du Shin Bet, n’ont révélé aucune contradiction dans ses déclarations, contrairement à l’argument officiel.
Pourtant, Tsahal maintient qu’elle n’a pas révélé la vérité dès le début et qu’elle aurait recueilli et transmis certaines informations seulement après plusieurs mois. Selon un responsable de l’Agaa (Direction des ressources humaines), l’officière aurait échoué trois fois au polygraphe — c’est seulement après ces échecs, affirment-ils, qu’elle aurait admis sa participation à certains aspects de l’affaire. L’armée estime donc que la suspension est justifiée.
Les retombées de l’affaire ne s’arrêtent pas à cette seule officière : l’enquête a aussi conduit à la convocation, la semaine dernière, du brigadier général Gal Asael, l’adjoint de la procureure militaire. Il n’est pas encore clair si d’autres hauts responsables seront interrogés à nouveau lorsque la procureure elle-même sera réentendue. Une source militaire précise : “Toutes les suspensions, hormis celle de la procureure militaire, ont été effectuées strictement selon les règles et directives d’enquête.”
L’affaire met en lumière un malaise croissant : d’un côté, une institution militaire qui tente de gérer une crise complexe liée à un enregistrement vidéo divulgué et à la conduite interne de sa procureure en chef ; de l’autre, un climat d’incompréhension parmi les officiers qui voient une collègue sanctionnée alors que l’une des plus hautes responsables continue de profiter de ses privilèges. Pour beaucoup, cette asymétrie nourrit l’idée d’un système qui protège les sommets et sanctionne les échelons inférieurs.
Alors que l’aluf Itay Ofir doit prochainement entrer en fonction comme nouveau procureur militaire, c’est désormais à lui qu’il reviendra de décider si cette suspension doit être maintenue, annulée ou ajustée. Cette affaire s’inscrit dans une période où l’armée fait déjà face à de nombreuses critiques sur sa capacité à admettre ses échecs et à imposer une transparence réelle. Et pour certains observateurs, cette nouvelle crise interne ne fait qu’exacerber les doutes.
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