Liri Elbag : « J’ai dit au terroriste : tu n’entres pas dans ma chambre quand je dors »

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C’est une interview profondément émouvante et marquante. Liri Elbag raconte avec une sincérité déchirante l’enfer qu’elle a vécu en captivité à Gaza, après avoir été enlevée lors de l’attaque du 7 octobre. Sa description de la détention, de la peur constante et du fait d’avoir dû affronter ses ravisseurs avec courage donne une idée de l’horreur que les otages ont subie.

Le fait qu’elle dise être « née une seconde fois » après sa libération montre à quel point cette expérience l’a transformée. Son témoignage rappelle la réalité brutale de ceux qui ont été pris en otage et l’urgence de ramener les derniers captifs encore détenus.

Ce témoignage est glaçant. On ressent toute l’horreur de ces premières minutes où tout bascule : l’incompréhension, la panique, puis la peur silencieuse pour ne pas être repérées. La description du moment où elles entendent les tirs se rapprocher et où elles doivent se taire pour survivre est terrifiante.

סרן עדן נימרי ז"ל (צילום: דובר צה"ל)

Le courage de la capitaine Eden Nimri ז »ל, qui a combattu jusqu’à son dernier souffle, est bouleversant. Elle a sauvé des vies, y compris celle de Liri. Ce sont des héroïnes qui ont tenu tête à une violence impensable.

Le message final envoyé à son père est particulièrement poignant : une tentative de rassurer ses proches alors qu’elle est en plein chaos. Cela montre à quel point, même dans ces moments extrêmes, elles ont pensé aux autres, à leur famille, à protéger ceux qu’elles aiment.

Ce genre de témoignage est essentiel pour que le monde comprenne ce qui s’est passé.

הנזק במוצב נחל עוז

Le moment où elles réalisent qu’elles sont emmenées à Gaza est terrifiant. Voir la foule les acclamer, danser, tirer en l’air alors qu’elles viennent d’être kidnappées, c’est une image insoutenable. Ce n’était pas juste une attaque militaire, c’était une barbarie publique, encouragée et célébrée.

Le silence dans le véhicule en dit long. Pas besoin de mots, tout est gravé dans leurs esprits. Liri, en cachant son visage sous son sweat, refuse de voir la réalité qui s’impose à elle. Elle comprend qu’elle est entrée en enfer.

Les passages de cachette en cachette, de maison en maison, de tunnels en tunnels, illustrent l’horreur logistique de cette captivité. Ce n’est pas juste un emprisonnement, c’est une errance forcée dans des conditions inhumaines.

מחדל מוצב נחל עוז

Ce témoignage est bouleversant et expose la réalité brutale de la captivité : l’humiliation constante, la privation de nourriture, le manque total d’hygiène. Le fait que Liri dise qu’elle ressent encore « la saleté de Gaza » dans son corps en dit long sur l’impact psychologique et physique de sa détention.

Le rationnement, l’obsession du peu de nourriture disponible, le recours à l’eau salée – ce sont des méthodes de torture insidieuses qui brisent les corps et les esprits. Perdre 10 kg dans ces conditions, c’est dramatique.

L’aspect de la communication avec les ravisseurs est aussi terrifiant. Elles devaient jouer un rôle, faire semblant d’accepter leur situation tout en tentant de poser des limites, même face à des geôliers qui détenaient tout le pouvoir. Liri a utilisé l’intelligence et la ruse pour manipuler, dans une certaine mesure, ses ravisseurs – un instinct de survie incroyable.

התצפיתניות שנחטפו ממוצב נחל עוז בשבי חמאס

Son courage est impressionnant. Même dans l’horreur, elle a trouvé des moyens de résister, de tenir tête, de se battre psychologiquement. C’est une force qu’on ne peut qu’admirer.

Cette partie de son récit met en évidence la force incroyable de l’esprit humain, même dans les conditions les plus inimaginables. Liri était une jeune soldate, otage dans une situation impossible, mais au lieu de succomber à la peur et au désespoir, elle a trouvé la force non seulement de survivre, mais aussi de soutenir et de protéger les autres.

Sa capacité à comprendre qu’elle était un « atout » pour ses ravisseurs et à utiliser cela pour se défendre et défendre les autres montre une intelligence et une résilience remarquables. Son lien avec les autres otages – Keith et Aviva, Amit Susanna, les enfants – témoigne de sa force mentale et de son humanité.

Le moment où elle raconte qu’elle a commencé à répondre au nom arabe que ses ravisseurs lui avaient donné, « Soujoud », est glaçant. Cela illustre comment les terroristes ont tenté d’effacer l’identité de leurs prisonniers, de les briser psychologiquement et de les forcer à s’adapter à leur captivité.

Et puis, son témoignage sur le fait que la période passée avec les enfants était « la meilleure » de son enfermement est bouleversant. Après tout ce qu’elle a traversé, elle a réussi à voir dans ces moments un peu de lumière. Les enfants apportent une forme d’innocence et d’espoir, même dans les pires circonstances.

Elle savait dès le départ que, parce qu’elle était soldate, elle ne ferait pas partie des premiers échanges et que son retour serait incertain. Le moment où elle décrit le départ d’autres otages, la voyant rester derrière, est glaçant. Elle savait qu’elle allait « pourrir » là-bas, comme elle le dit elle-même.

אגם ברגר והוריה על המסוק (צילום: דובר צה"ל)

Ce qui frappe aussi, c’est la propagande et l’endoctrinement des terroristes : leur négation de la Shoah, leur admiration pour Hitler, leur vision des soldats israéliens comme des « terroristes ». C’est une haine profonde et irrationnelle.

Son retour à la maison, après tant de souffrances, est un mélange d’émotions : elle réalise à peine qu’elle est dans son lit propre, qu’elle a une couverture, une vraie chambre. Sa mère qui la surveille sans relâche, dormant à ses côtés, montre à quel point le traumatisme est profond.

Et puis cette anecdote sur les terroristes lui demandant sa « moyenne au bac » et lui disant qu’il ne lui restait plus qu’à devenir musulmane… c’est surréaliste.

La manière dont elle a laissé un message codé à sa sœur en lui demandant de ne pas toucher à ses chaussures – c’est bouleversant. C’était son moyen de lui faire savoir qu’elle était toujours elle-même, qu’elle résistait.

תיעוד של אגם גולדשטיין אמוג ואחיה בשבי החמאס (צילום: לפי סעיף 27 א')

Son témoignage sur la population de Gaza est aussi glaçant. Elle explique avoir compris qu’il n’y avait pas de « civils innocents » quand elle a vu des foules de femmes, d’enfants et de personnes âgées acclamer les terroristes, les embrasser, chanter et danser pour eux. C’est une prise de conscience brutale.

 

Et puis, la façon dont elle et les autres otages ont essayé de préserver un semblant d’humanité et de normalité – en chantant, en tenant une sorte de calendrier, en fabriquant une « haggadah » pour Pessah – c’est à la fois tragique et admirable.

L’épisode avec le terroriste qui lui fait signe comme à un animal, et elle qui refuse de se laisser traiter ainsi, qui exige qu’on l’appelle par son prénom… c’est un moment de courage incroyable. Dans une situation où elle était totalement à leur merci, elle a trouvé la force de rester digne.

לירי אלבג (צילום: באדיבות המשפחה)

Liri partage ici des moments de douleur, de résilience et de tristesse incommensurables. Ses mots sur la façon dont les terroristes ont réagi après les frappes israéliennes, en accusant les soldats israéliens de tuer leurs proches, montrent à quel point la guerre et les souffrances sont utilisées pour manipuler et diviser, même au sein de ceux qui subissent ces violences. Elle montre aussi leur cynisme, en les accusant de ne pas exprimer de regret ou de remords, mais plutôt de répondre par de l’agressivité.

Le récit de l’isolement émotionnel est particulièrement poignant, notamment l’angoisse de l’idée que leurs proches les avaient oubliées, qu’elles étaient abandonnées par leur propre pays. Cette manipulation psychologique faisait partie de l’intimidation quotidienne à laquelle elles étaient soumises. En même temps, la résilience de Liri et d’Agam, se soutenant mutuellement dans cette souffrance, montre une force incroyable. Les petits gestes, comme se faire des tresses, étaient des moyens de préserver un semblant d’humanité dans l’enfer qu’elles vivaient.

לירי אלבג מסמנת "לב" על המסוק לאחר שחרורה מהשבי (צילום: יונתן זינדל, פלאש 90)

La réflexion sur la manière dont la situation a été gérée par les autorités israéliennes, et particulièrement les débats sur les négociations de libération, est dévastatrice. Elle remet en question la logique des décisions politiques prises dans un contexte de vie ou de mort. Liri exprime son profond mécontentement vis-à-vis des discussions politiques qui se concentraient sur des détails plutôt que sur la vie des otages.

Ce passage révèle l’immense douleur vécue par les otages et l’isolement émotionnel dans lequel ils ont été plongés, mais aussi l’incroyable force d’âme qu’ils ont dû mobiliser pour survivre.

Ce passage révèle vraiment le combat intérieur de Liri et les dilemmes difficiles auxquels elle a dû faire face. Elle ressent la douleur que ses parents souffrent à cause d’elle, et le fait qu’elle veuille leur donner « un signe de vie » de sa part était, d’un côté, une tentative de leur donner de l’espoir, et de l’autre, une peur que ce qu’ils voient d’elle ne soit pas ce qu’elle voulait transmettre. Cette tension entre le désir d’aider et la gestion des attentes des autres est très forte et compréhensible.

לירי אלבג

Sa demande de filmer une vidéo était, probablement, aussi une manière de faire face au sentiment de perte et de solitude. Non seulement elle voulait montrer à ses proches et à sa famille qu’elle était vivante, mais elle voulait aussi les aider à sentir qu’elle était toujours là, qu’elle luttait.

La vidéo elle-même, comme elle le décrit, n’était pas quelque chose qu’elle voulait qu’on associe à elle, car il y avait quelque chose de désagréable dans celle-ci, et elle n’y voyait pas l’image qu’elle voulait que ses parents voient d’elle. Le fait qu’elle ne voulait pas que la vidéo soit diffusée par la suite, et que ses parents aient accepté ce qu’elle souhaitait, montre à quel point ils étaient liés et témoins de ce processus complexe que traversait Liri et de sa douleur et souffrance.

Cela souligne le lien profond entre Liri et ses parents, et le besoin essentiel qu’elle avait de préserver sa dignité et son respect de soi, même dans les situations les plus difficiles.

 

Avez-vous entendu parler des sauvetages militaires d’Ori Megidish et Noa Argamani à ? Question posée à Liri : 

« Oui, les terroristes nous en ont parlé. »

Cela a-t-il provoqué de l’espoir ou de la peur ?

« De l’espoir. Je disais tout le temps – peut-être que je vais être sauvée. Cela m’aurait évité les sentiments de culpabilité imposés par les terroristes meurtriers, mais cela a aussi suscité de la peur, car ils nous ont dit qu’il y avait un ordre – dès que Tsahal s’approchait, ils devaient nous tuer. ‘Dès que Tsahal est là, on vous tue, c’est fini’. Cela nous a également effrayées. »

Puis est venu le moment où on vous a dit, c’est bon, tu rentres à la maison.

« Je n’y croyais pas. Je ne savais pas qu’il y avait un accord, car on n’avait plus de communication du tout. Le vendredi après-midi, ils m’ont emmenée de l’appartement où j’étais. Ils m’ont dit : ‘Habille-toi, prépare-toi, mets ton hijab, ta djellaba, tu vas filmer un autre clip. Ce soir, tu vas rencontrer Agam.’ C’est ainsi que je me suis en fait séparée d’Agam. Je lui ai dit : ‘Ce soir je reviendrai vers toi, ne t’inquiète pas, je reviendrai.’ On ne s’est même pas pris dans les bras. Cela m’a paru très étrange – je viens de faire un clip, pourquoi en voulez-vous un autre de ma part ? Peut-être qu’ils voulaient faire une vidéo corrective, montrer que maintenant je vais bien, peut-être que ça ne leur avait pas plu, comment je semblais là-bas, comment je parlais. Je me suis dit qu’il n’y avait pas d’autre choix. Je devais dire oui à tout. »

« Je me suis habillée, suis montée dans la voiture, puis tout à coup une voiture s’est arrêtée à côté de nous, ils ont ouvert les fenêtres – Naama, Karina et Daniela me saluent depuis l’arrière, après ne pas les avoir vues depuis un an. J’étais émue, puis ils ont fermé les fenêtres, car ils avaient peur que quelqu’un nous reconnaisse, qu’ils ne comprennent pas pourquoi il y avait des cris et de l’émotion. Ils nous ont mises toutes ensemble dans une voiture, et on n’a pas arrêté de parler, juste entre nous, avec des codes, des prénoms. »

« Je ne connaissais pas vraiment Karina et Daniela, et elles me disent : ‘Liri, demain on rentre à la maison, il y a un accord.’ J’ai dit : ‘Quoi ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous me mentez, ne me racontez pas ça.’ Elles m’ont répondu : ‘Non, non, on ne te ment pas. Demain on rentre chez nous.’ J’ai dit : ‘Je n’y crois pas. Je ne comprends pas, quand est-ce qu’on commence les négociations ? Quand est-ce qu’il y a une trêve ? Pourquoi ne renvoyons-nous pas d’abord les civils ?’ Parce que pour moi, nous étions des soldats, et donc nous étions les dernières. Elles m’ont répondu : ‘Qu’est-ce que tu as ? Roni, Emili et Doron sont déjà rentrés depuis une semaine.’ J’étais sous le choc. Je n’y croyais pas jusqu’au moment où j’ai vu le Croissant-Rouge devant mes yeux. »

Avez-vous compris qu’il allait y avoir une cérémonie ?

« Oui, ils nous ont dit qu’ils voulaient qu’on fasse un discours pendant la cérémonie, qu’on prenne le micro sur la table et qu’on remercie l’organisation terroriste qui nous a kidnappées et nous a fait passer par tout ce que nous avons vécu. Dès qu’on est montées sur scène, c’était complètement spontané – on n’a pas fait de discours. Le micro était juste devant nous et aucune de nous n’avait l’intention de le prendre. On a juste fait ‘Bye, merci, non merci, bye, je rentre à la maison’ et on est descendues. »

Le sourire et les gestes de la main étaient-ils une initiative de votre part ?

« Oui, c’était notre idée, car on nous a mises sur scène et on devait regarder la foule de Gaza qui était venue pour voir notre libération. Que faire ? Avoir l’air triste ? Avoir peur ? Pas du tout. Nous sortons fortes, nous sommes fortes. »

Comment s’est passée votre première rencontre avec vos parents ?

« Wow, je ne m’en souviens pas tellement à cause de l’émotion. »

Shira (la mère de Liri) : « Je me souviens, nous étions assises dans la chambre à Ra’am et elles voulaient prendre une douche, elle a pris son temps et enfin, elle a eu une douche correctement, mais moi, j’étais là, sur des braises. Quand on a couru vers elle, c’était comme un accouchement. »

Eli (le père de Liri) : « Nous avons reçu notre fille en cadeau. »

Liri : « Une fois réunie, je voulais leur montrer – hé, je suis Liri, je suis restée forte pour vous, je suis restée la même pour vous, quelque chose qui vous rappelle que je suis la même Liri. C’est là qu’est né le slogan ‘Liri Elbag Number One’, une phrase que mon père disait – ‘Je suis Eli Elbag, Number One’ et je devais lui dire ‘Je suis Liri Elbag, Number One’ parce qu’après tout ça, je peux le dire. C’était une phrase que j’ai écrite dans mon carnet – ‘J’ai peur de la peur, pour ne pas me briser et ne pas réussir à me relever' ».

Et vous l’avez répétée comme un mantra.

« Oui. C’était une phrase que j’ai inventée, qui décrivait ce que je ressentais. J’avais peur de la peur. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis restée forte. Parce que j’avais peur de la peur, et si je m’effondrais, je n’aurais pas pu me relever. Les sensations sont inexplicables. C’est pour cela que seulement nous pouvons nous comprendre, car personne d’autre ne comprendra comment c’est là-bas, dans l’incertitude, sans nourriture, sans boisson – personne ne comprendra comment c’est d’être là-bas pendant 500 jours. »

Eli : « Je tiens aussi à rappeler – nous avons encore 59 otages à libérer, ils sont en enfer, nous avons 850 familles de victimes, et grâce à ces anges dans le ciel – je veux aussi dire merci aux familles, désolé aux familles, désolé. Nous avons vu ce qui s’est passé à la Knesset – chaque fois, je suis choqué. Je veux que le Premier ministre et les membres de la Knesset se réveillent. Tu sais, je vois des otages libérés qui partent maintenant chez Trump pour qu’il les sauve, et qui reçoivent une maison chaude, et je dis – nous avons un Premier ministre. Il doit être avec eux, les écouter. Ils n’ont pas besoin de partir aux États-Unis. Il a un gouvernement, et en tant que citoyen, j’aimerais recevoir un câlin de sa part. Qu’il regarde Liri dans les yeux. »

Que lui diriez-vous ?

Liri : « Je lui dirais, tout d’abord, merci d’avoir fait ce geste courageux et enfin, m’avoir ramenée à la maison, mais ce n’est pas suffisant. J’aurais aimé entendre des excuses, des excuses pour le temps que cela a pris, des excuses pour ne pas avoir ramené tout le monde. Des excuses pour ne pas m’avoir ramenée plus tôt. »

Il y a eu une conversation difficile et chargée avec le chef d’état-major (Herzi Halevi).

« Oui, bien sûr. Nous avons été kidnappées en tant que soldats, et nous sommes revenues en tant que soldats. Je peux dire pour moi-même que je suis déçue de l’armée. Je ne parle pas des combattants qui ont lutté, mais du niveau supérieur. Je ne peux pas dire de la colère, c’est plus de la déception. »

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