Juan Carlos, le roi déchu d’Espagne, brise le silence : “Oui, j’ai tué mon frère — et je vis avec ça depuis soixante-dix ans”

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C’est une confession tardive, presque une absolution publique. À 87 ans, l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos Ier, exilé à Dubaï depuis 2020 après des scandales financiers, vient de publier ses mémoires, “Pious”, où il révèle pour la première fois les détails du drame qui a marqué sa vie : la mort accidentelle de son frère cadet Alfonso, tué par une balle tirée de sa main en 1956.

“Nous jouions avec un pistolet que nous pensions vide”, écrit-il. “J’ai pressé la détente. Le coup est parti. Le projectile l’a frappé au visage. Il s’est effondré. Il avait quatorze ans.”
Des mots sobres, sans détour, mais d’une intensité glaçante. Ce passage d’à peine deux pages suffit à faire trembler tout un pays.

L’accident s’était produit dans la résidence familiale de Estoril, au Portugal, où vivait la famille royale en exil depuis la chute du roi Alphonse XIII. Juan Carlos, alors âgé de 18 ans, était cadet à l’académie militaire espagnole — et pressenti, déjà, pour incarner la restauration monarchique que préparait le dictateur Francisco Franco.

À l’époque, l’événement avait été entouré de silence. Aucune enquête officielle n’avait été ouverte, aucune responsabilité n’avait été publiquement établie. Le régime franquiste, soucieux de protéger l’image du jeune prince, avait parlé d’un “accident domestique”. Pendant des décennies, l’Espagne s’était tue, entre compassion et malaise.

Dans ses mémoires, Juan Carlos brise enfin ce tabou : “Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas. Si Alfonso n’était pas mort, ma vie aurait été moins sombre, moins solitaire.” Il décrit son frère comme “un enfant joyeux, plus brillant que moi, plus libre”.

Mais le livre ne se limite pas à ce souvenir tragique. C’est un règlement de comptes politique et familial. Le roi déchu y accuse son fils, le roi Felipe VI, de “l’avoir abandonné par devoir politique”, et confie sa colère face à une monarchie qui, selon lui, “a renié ses racines”.

Il y exprime aussi sa nostalgie de Franco — celui qui l’avait formé, adoubé, et fait roi en 1975 à sa mort. “Franco avait un sens aigu de l’unité nationale. Il m’a dit un jour : ‘Majesté, quoi qu’il arrive, gardez l’Espagne unie’. Je lui ai promis de le faire.” Une phrase qui a choqué nombre d’Espagnols, rappelant l’ombre pesante du franquisme sur la transition démocratique.

Pourtant, ce même Juan Carlos est celui qui, en 1981, a tenu tête aux putschistes militaires, apparaissant en uniforme à la télévision pour défendre la démocratie. Ce geste héroïque lui valut une adoration quasi mystique. Mais les dernières années de son règne ont terni ce prestige : chasse aux éléphants en Afrique, amitiés douteuses, commissions occultes versées par des monarchies du Golfe, puis exil.

Dans son autobiographie, il reconnaît avoir accepté “une donation de 100 millions de dollars du roi d’Arabie saoudite”, mais la qualifie de “cadeau symbolique”. “J’ai commis une erreur. J’aurais dû refuser. C’était une autre époque”, écrit-il.

Il évoque également sa maîtresse, la mondaine germano-danoise Corinna Larsen, avec laquelle il vécut un long scandale amoureux. “Je ne justifie rien, mais je n’ai jamais cessé d’aimer mon épouse Sofia”, écrit-il, évoquant la reine émérite restée à Madrid.

Dans un ton presque testamentaire, Juan Carlos dit espérer mourir en Espagne : “Je veux être enterré à Madrid, aux côtés de mes ancêtres. Je ne veux pas que la honte de l’exil soit ma dernière demeure.”

La sortie du livre, publiée d’abord en France avant son édition espagnole prévue en décembre, provoque un séisme médiatique. Les journaux madrilènes oscillent entre compassion et gêne. El País parle d’un “cri d’âme d’un roi brisé”. ABC, plus monarchiste, salue “la confession d’un homme avant tout humain”.

Mais une partie de la gauche républicaine réclame déjà que la justice rouvre certains dossiers financiers liés à l’ancien monarque. “Cette autobiographie n’efface ni les mensonges ni les millions cachés dans les paradis fiscaux”, a réagi Íñigo Errejón, chef du parti Más País.

Pour les monarchistes, au contraire, c’est un acte de vérité : “Juan Carlos a incarné l’Espagne moderne, imparfaite mais courageuse. Il mérite d’être jugé pour ses erreurs, pas pour ses ennemis”, a déclaré un éditorial de La Razón.

La scène la plus poignante du livre reste cette phrase, écrite d’une main tremblante :

“Je l’ai tué sans le vouloir, et je me suis condamné à vivre pour le dire.”

Soixante-dix ans après, le roi déchu fait enfin face à son propre passé — celui d’un adolescent devenu symbole d’un pays en reconstruction, puis d’un homme seul face à sa faute et à son déclin.

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