La tempête judiciaire qui secoue l’armée israélienne prend une tournure encore plus grave.
Ce mercredi matin, le tribunal de Tel-Aviv a décidé de prolonger jusqu’à vendredi la détention de l’ancienne procureure générale militaire, la général-major Yifat Tomer-Yerushalmi, impliquée dans l’affaire de la fuite du film de Sdé Teiman.
Une décision qui confirme la gravité des soupçons et la complexité d’un dossier qui fragilise la confiance au sommet de l’institution juridique de Tsahal.
Une enquête qui s’étend et des preuves qui s’accumulent
Selon la Police nationale, les éléments réunis ces derniers jours “renforcent considérablement les soupçons” contre l’ancienne responsable, soupçonnée de fuite d’informations classifiées, falsification de témoignages et abus de pouvoir.
Lors de l’audience, l’enquêteur principal a révélé que les autorités avaient enfin obtenu le code personnel et la montre connectée Apple Watch de l’ex-procureure, alors que son téléphone portable demeure introuvable depuis sa disparition sur la plage de Tel-Aviv.
“L’enquête montre un comportement organisé, pas un accident. Le risque de destruction de preuves reste élevé”, a déclaré le représentant de la police.
Un “cercle du silence” existerait encore autour d’elle : des collègues auraient refusé de coopérer, alimentant la thèse d’une coordination entre plusieurs officiers supérieurs pour étouffer les circonstances réelles de la fuite du film militaire.
Des documents déchirés et un “message personnel” retrouvé
Les enquêteurs ont par ailleurs mis la main sur plusieurs carnets et fragments de lettres retrouvés dans sa chambre à Givatayim, dont certains “semblent avoir été déchirés volontairement”.
Les fragments, désormais en cours d’analyse, pourraient révéler des échanges avec d’autres responsables du parquet militaire ou des journalistes.
Une source proche du dossier évoque également “un message rédigé dans un ton désespéré”, que la police considère comme une possible note d’adieu ou de justification avant sa disparition temporaire.
Le rôle flou du ministère de la Justice
La procureure générale Gali Baharav-Miara a tenu à préciser dans un communiqué qu’elle n’était en aucun cas impliquée dans la fuite et qu’elle “n’avait reçu aucune information préalable”.
Mais cette déclaration n’a pas suffi à calmer les critiques : plusieurs députés, notamment du camp national-libéral, demandent qu’elle se récuse de tout suivi direct du dossier, en raison de son amitié personnelle avec Tomer-Yerushalmi.
Le juge Noam Solberg, vice-président de la Cour suprême, a d’ailleurs ordonné à Baharav-Miara de répondre par écrit avant jeudi soir sur cette question de conflit d’intérêts.
Tsahal veut “tourner la page”, mais le séisme continue
L’armée israélienne, déjà ébranlée par les polémiques entourant le film de Sdé Teiman, tente de restaurer la confiance dans sa chaîne de commandement juridique.
Le nouveau procureur militaire, le colonel Itay Ofir, a promis “transparence et rigueur”, tout en dénonçant les “fuites délibérées qui ternissent l’image de Tsahal en pleine guerre médiatique”.
Mais la population israélienne, elle, s’interroge : comment une haute responsable militaire a-t-elle pu faire disparaître des preuves au cœur d’une institution censée incarner l’intégrité morale de l’armée ?
Sur les réseaux sociaux, le débat est intense entre ceux qui dénoncent un acharnement judiciaire, et ceux qui appellent à “nettoyer les écuries d’Augias” pour préserver la crédibilité de la justice militaire.
Une affaire d’État aux répercussions profondes
L’affaire Tomer-Yerushalmi dépasse désormais la seule question d’une fuite interne :
elle interroge la responsabilité morale de l’élite juridique israélienne et la frontière entre justice et politique en période de guerre.
Elle met aussi en lumière la fragilité d’une démocratie confrontée à une campagne de désinformation mondiale, dans laquelle la moindre faille devient un instrument contre Israël.






