L’armée israélienne restreint le port d’armes pour les réservistes du camp Shura : crainte d’une vague de suicides

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Une décision rare, presque inédite dans l’histoire de Tsahal. Le rabbinate militaire a ordonné de ne plus autoriser les réservistes du camp Shura, base centrale de la logistique funéraire de l’armée, à porter une arme. La mesure, confirmée par l’état-major, découle d’une inquiétude grandissante : la multiplication de cas d’épuisement psychologique et de tentatives de suicide parmi les soldats de retour du front de Gaza.

L’ordre a été transmis directement par le chef d’état-major du rabbinate, selon un rapport du journaliste Mendy Rizel (Kol Barama). Il stipule que les réservistes ayant servi dans ce camp, notamment ceux ayant participé à l’identification et à la préparation des corps des victimes du 7 octobre, ne pourront temporairement plus porter d’armes à feu, ni être intégrés à d’autres unités de combat. L’armée évoque « une mesure préventive », le temps de leur permettre de récupérer après une exposition prolongée à des scènes de guerre traumatisantes.

Le camp Shura, situé dans le centre du pays, est devenu tristement célèbre depuis la « journée noire » du 7 octobre 2023. C’est là que furent rassemblées les dépouilles des victimes du massacre du Hamas, militaires et civils confondus, avant leur transfert pour identification. Les images des soldats religieux manipulant des centaines de corps, parfois d’enfants, avaient profondément choqué l’opinion israélienne.

Deux ans après, les séquelles psychologiques sont encore palpables. D’après un rapport du centre de recherche de la Knesset, rendu public en septembre, 279 tentatives de suicide ont été enregistrées dans l’armée entre janvier 2024 et juillet 2025, dont une part importante parmi les réservistes. Le ratio alarmant est d’environ sept tentatives pour chaque décès avéré. Plus inquiétant encore, 21 % des suicides recensés concernent des soldats de réserve, un chiffre en hausse constante depuis le début de la guerre.

Face à ces données, le député Osher Shklyan (Likoud) a réclamé une commission d’enquête d’urgence à la Knesset : « Derrière chaque chiffre, il y a un homme, un père de famille, un héros qu’on a laissé seul après le combat. Nous devons stopper cette vague avant qu’elle ne devienne un désastre national. »

Les services de santé mentale de Tsahal reconnaissent la gravité de la situation. Un responsable anonyme, cité par Israel Hayom, admet que les dispositifs actuels sont insuffisants : « Beaucoup de soldats ont vécu l’enfer, puis sont rentrés chez eux sans aucun suivi. Le traumatisme du 7 octobre continue de hanter l’armée de l’intérieur. »

Cette directive de la rabbinate militaire a provoqué un vif débat au sein de l’institution. Certains officiers estiment qu’elle stigmatise les réservistes en les traitant comme des “risques potentiels”, alors qu’ils ont fait preuve d’un courage exceptionnel. D’autres y voient un acte de responsabilité : « Mieux vaut désarmer temporairement quelques-uns que d’avoir à pleurer d’autres morts inutiles », confie un psychologue militaire.

L’état-major a publié un communiqué précisant que chaque demande individuelle de port d’arme ferait désormais l’objet d’un examen psychologique approfondi. Par ailleurs, un nouveau programme de soutien psychique et spirituel sera lancé au camp Shura, en coordination avec le ministère de la Santé.

Cette crise du moral des troupes intervient dans un climat où la société israélienne tente encore de cicatriser. Les rabbins militaires eux-mêmes, témoins directs de l’horreur, sont en première ligne. Beaucoup ont vu des images insoutenables, d’autres ont dû identifier leurs propres camarades. « Nous avons touché les ténèbres », confiait un réserviste dans un témoignage à Kan 11.

Tsahal a tenu à rappeler que toute personne en détresse pouvait contacter la ligne d’urgence d’Eran au 1201 ou via WhatsApp (052-8451201). L’armée affirme « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la vie et la dignité de ses soldats ».

Une mesure temporaire, certes, mais qui dit beaucoup du prix humain de la guerre. Dans un Israël en reconstruction, le champ de bataille ne se trouve plus seulement à Gaza — il s’étend aussi dans les âmes de ceux qui ont vu l’indicible.

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