La police a révélé qu’un vaste réseau criminel opérait derrière un hall de mariage du centre d’Israël, utilisant des prête-noms pour blanchir de l’argent. Résultat : le lieu a été fermé, laissant des dizaines de couples sans salle à quelques semaines de leur mariage. L’affaire illustre une dérive inquiétante où la fête la plus intime peut se transformer en levier pour la pègre.
Tout devait être parfait : salle décorée, invitations envoyées, fournisseurs réservés. Mais pour des dizaines de couples, le rêve s’est brutalement effondré. Un hall d’événements, situé au cœur du pays, a été fermé par la police après qu’une enquête eut mis en évidence son contrôle par un puissant réseau criminel. Derrière la façade de glamour et de musique, c’était un montage financier destiné à blanchir des millions de shekels grâce aux fêtes de mariages, bar-mitsvas et autres célébrations.
L’affaire a commencé par une simple demande : le propriétaire du lieu avait sollicité un permis d’exploitation, comme l’exige la loi. Mais les services de renseignement de la police ont rapidement détecté des irrégularités. Derrière la demande se cachaient en réalité des prête-noms — les fameux « kophim » (singes), ces hommes de paille sans casier judiciaire mais manipulés par des clans mafieux. « Très vite, nous avons compris que l’endroit n’était qu’une couverture », confie un officier de la police centrale. « Les revenus de l’activité servaient à financer des criminels actifs sur le terrain, tout en permettant le blanchiment de capitaux considérables. »
La justice a tranché : malgré les protestations du propriétaire, qui affirmait ne rien avoir à voir avec le crime organisé, le tribunal a validé la position de la police. Conséquence directe : fermeture immédiate du hall et annulation des événements programmés. Des dizaines de couples se sont retrouvés sans lieu pour leur mariage, certains à trois semaines de la date prévue. « Nous avons tout planifié, payé les avances, envoyé les invitations », raconte A., fiancé désespéré. « Aujourd’hui nous ne savons pas quoi faire. C’est une blessure terrible. »
L’impact ne se limite pas à l’aspect émotionnel. Des familles entières, qui avaient économisé pendant des mois, voient leur argent volatilisé. Les prestataires – traiteurs, photographes, décorateurs – se retrouvent également pris dans le tourbillon, avec des pertes financières parfois irréversibles.
Mais derrière ces drames personnels, c’est un phénomène national qui inquiète. Selon la police, des dizaines de salles de fêtes en Israël sont aujourd’hui infiltrées par des organisations criminelles, qu’elles soient juives ou arabes. Ces structures rapportent chaque année des centaines de millions de shekels, tout en servant de terrain fertile pour des activités illégales : blanchiment, emploi de travailleurs clandestins, parfois même confrontations violentes entre clans rivaux. D’où l’avertissement brutal des forces de l’ordre : un mariage peut, sans que vous le sachiez, se dérouler au beau milieu d’un champ de bataille mafieux.
Ces derniers mois, plusieurs établissements ont été fermés dans le centre et le nord du pays. Certains, construits illégalement sur des terrains agricoles, ont même été rasés par les bulldozers de l’Administration foncière israélienne, aux frais des propriétaires. Les enquêtes ont révélé des ramifications inquiétantes, avec des connexions entre la gestion des salles et des trafics bien plus lourds : drogue, racket, prêts usuraires.
La police entend durcir encore ses procédures. Chaque demande de licence commerciale est désormais passée au crible, avec vérification des flux financiers et des actionnaires. « Les fêtes sont terminées pour les criminels », martèle un haut responsable. « Toute salle suspecte sera fermée, et des actes d’accusation seront déposés. »
Pour les couples, une recommandation : vérifier scrupuleusement que le lieu choisi dispose d’une licence commerciale valide délivrée par la police. Sans ce document, le risque est énorme : non seulement de voir l’événement annulé, mais aussi de se retrouver, le soir du mariage, pris entre deux clans qui règlent leurs comptes à coups de balles.
Le message est clair. Derrière les lumières et la musique, certaines salles de fête cachent une réalité sombre. Israël, confronté à une criminalité organisée de plus en plus inventive, doit protéger ses citoyens jusque dans les moments les plus intimes. Car si un mariage est censé symboliser l’union et l’avenir, il ne devrait jamais devenir l’otage d’une guerre entre mafias
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