Ce fut autrefois un eldorado touristique pour les Israéliens : hôtels en formule tout compris, marchés bon marché, plages accessibles, accueil chaleureux. Mais les relations glaciales entre Ankara et Jérusalem ont depuis détourné les vacanciers israéliens vers d’autres cieux. Aujourd’hui, la crise ne concerne plus seulement Israël : c’est l’ensemble du secteur touristique turc qui vacille.
Un rapport accablant : la Turquie perd son principal atout
Selon une étude publiée par Tourism Review, la fréquentation des hôtels turcs s’effondre : hausse massive des prix, qualité de service en baisse, et surtout perte du principal argument de vente du pays : le bas coût. Pendant des décennies, la Turquie a séduit les touristes russes, britanniques et israéliens en se positionnant comme une alternative abordable à la Grèce ou à l’Espagne. Ce n’est plus le cas.
Le coût d’un séjour familial dans des stations comme Antalya ou Bodrum peut désormais dépasser 150 000 lires turques (environ 12 500 shekels), contre 6 000 à 8 000 shekels pour un séjour équivalent en Grèce.
Un secteur qui s’effondre sous son propre poids
Les hausses de prix sur les matières premières, les frais d’exploitation et les taxes locales ont été répercutés directement sur les voyageurs, sans contrepartie sur le plan des services. Résultat : les touristes russes et allemands désertent massivement, tandis que les visiteurs britanniques ou bulgares sont aussi en recul.
« La Turquie a perdu son avantage compétitif », déplore Kıvanç Meriç, président du syndicat des agences de voyages à Izmir. « Les touristes veulent en avoir pour leur argent. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ici. »
Données alarmantes : chute continue de la fréquentation
Dans les cinq premiers mois de 2025, le nombre de visiteurs étrangers en Turquie a baissé de 0,15 % par rapport à la même période l’an dernier. Cela peut sembler faible, mais la tendance est continue et signe un essoufflement durable du secteur. Pire encore : ce déclin survient alors même que la Turquie avait battu l’an dernier le record de fréquentation, dépassant l’Italie avec 56,7 millions de touristes.
Une industrie à réformer d’urgence
Pour Burhan Sili, président de l’association des hôteliers d’Alanya, le secteur doit revoir ses priorités : « Si les prix restent élevés et que la qualité stagne, nous perdrons non seulement des clients, mais aussi notre rentabilité. » Il appelle à une refonte du modèle économique du tourisme turc, face à une concurrence internationale de plus en plus agressive.
Une ironie amère pour une nation hostile à Israël
Alors que la Turquie a multiplié ces dernières années les déclarations hostiles envers Israël et ses dirigeants, la réalité économique la rattrape cruellement. Le boycott informel de la destination par les Israéliens s’étend désormais aux Européens, pas pour des raisons politiques, mais économiques : la Turquie n’est plus attractive.
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