Le chef houthiste a revendiqué aujourd’hui quelque chose d’impressionnant — et d’inquiétant : 1 835 opérations menées « en soutien à la Palestine », mêlant missiles balistiques, missiles de croisière, prétendus engins hypersoniques, drones et attaques navales. Cette annonce, diffusée par les réseaux pro-Houthis et relayée par des médias régionaux, n’est pas un simple chiffre de propagande : elle dessine la carte d’une montée en puissance qui fragilise immédiatement la sécurité d’Israël, des voies maritimes et des États riverains. (Al Mayadeen English)
La réalité opérationnelle est déjà connue depuis plusieurs mois : les forces yéménites alignées sur l’axe iranien ont multiplié les frappes contre le trafic commercial et, ponctuellement, contre des cibles plus lointaines, en coordination apparente avec les groupes armés pro-Téhéran. Washington et ses alliés ont répondu par des frappes ciblées contre des dépôts et des nœuds logistiques houthis, y compris des attaques d’envergure en 2025 visant des sites de stockage et de lancement. Ces frappes américaines visaient précisément à dégrader cette capacité militaire croissante. (Reuters)
Plus préoccupant encore est l’affirmation de capacités « hypersoniques ». Le mouvement houthi a revendiqué à plusieurs reprises des armes de rupture — hypersoniques en tête — destinées à impressionner l’opinion publique. Les experts extérieurs restent cependant sceptiques quant à la réalité technique et à l’efficacité opérationnelle réelle de ces systèmes entre les mains d’un acteur non étatique. Les évaluations indépendantes notent souvent une dissociation entre la rhétorique et la réalité — mais même une disponibilité partielle d’armements avancés modifie les calculs stratégiques dans la région. (Atlantic Council)
La montée en puissance houthiste n’est pas un phénomène isolé : elle s’inscrit dans une architecture régionale d’influence iranienne, qui fournit technologies, pièces détachées, savoir-faire et parfois encouragement politique. Cette projection de puissance a des effets concrets : perturbation des routes maritimes via des attaques contre des navires dans la mer Rouge et le Golfe d’Aden, hausse des coûts d’assurance et des délais logistiques, et une pression politique sur les pays dépendants du commerce par le canal de Suez. Les États qui utilisent ces voies — Israël compris — paient d’ores et déjà le prix économique et sécuritaire. (Reuters)
Politiquement, les Houthis posent une condition explicite : ils se disent prêts à « surveiller » l’application d’un cessez-le-feu et à reprendre les hostilités si l’accord est violé. Autrement dit, ils se présentent comme des auxiliaires régionaux du Hamas, prêts à instrumentaliser la guerre pour peser sur la table des négociations et pour gagner en prestige au-dessus des autres acteurs palestiniens. Cette stratégie crée une boucle dangereuse : chaque libération de prisonniers ou concession perçue comme une victoire renforce leur attractivité et leur capacité de nuisance. (Al Mayadeen English)
Que peuvent faire Israël et ses partenaires ? D’abord, continuer à durcir les défenses : intercepteurs, surveillance maritime et offensive ciblée contre les infrastructures qui rendent possibles ces frappes (stockage, chaînes logistiques, ports utilisés). Ensuite, isoler politiquement les facilitateurs étrangers (sanctions, pressions diplomatiques sur les relais iraniens) et sécuriser les routes commerciales alternatives. Enfin, ne pas se laisser abuser par la rhétorique : la communauté internationale doit distinguer la com’ des capacités réelles — mais se préparer au pire si la capacité réelle suit la propagande. (Reuters)
Pour Israël, la leçon est claire : la guerre n’est plus limitée à Gaza. Elle s’étend en mer, dans l’espace aérien et sur la carte politique régionale. Un chiffre proclamé — 1 835 opérations — doit être pris pour ce qu’il est : un avertissement, une tentative d’intimidation et une pression stratégique. Mais c’est aussi un appel à la mobilisation des États et des Alliés pour empêcher que la solidarité affichée à Gaza ne se transforme en un engrenage de déstabilisation régionale dont les civils paieront le prix.
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