Visite historique du président argentin en Israël : vers une alliance stratégique renforcée

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Javier Milei, le président de l’Argentine, effectue cette semaine une visite officielle historique en Israël. Sur place, il doit devenir le premier chef d’État argentin à prononcer un discours devant la Knesset, le parlement israélien – un fait sans précédent qui témoigne du rapprochement inédit entre Buenos Aires et Jérusalem. Au cours de cette visite de trois jours, Milei, connu pour son positionnement très pro-israélien, entend également renforcer les liens économiques et diplomatiques. Il prévoit notamment d’annoncer le lancement d’une nouvelle liaison aérienne directe entre les deux pays et d’afficher un front commun face au terrorisme, à travers la signature d’un accord bilatéral.

Un discours historique à la Knesset

La visite a commencé ce 9 juin, avec un programme chargé de rencontres officielles. Javier Milei doit s’entretenir avec le président israélien Itzhak Herzog ainsi qu’avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou, avant de prononcer un discours dans l’hémicycle de la Knesset – une première pour un dirigeant argentin. Ce discours à la tribune parlementaire, prononcé à l’invitation d’Amir Ohana (président de la Knesset), constitue l’un des temps forts du déplacement. Milei en profitera pour réaffirmer sa promesse de transférer l’ambassade d’Argentine de Tel-Aviv à Jérusalem, bien que cette mesure puisse n’intervenir qu’après les élections législatives argentines d’octobre prochain. Par ailleurs, un « Mémorandum de liberté et de démocratie » doit être signé avec M. Netanyahou, afin de réaffirmer des valeurs communes – en contrepoint du mémorandum controversé signé en 2013 par l’ancienne présidente Cristina Kirchner avec l’Iran.

Une liaison aérienne directe entre Buenos Aires et Tel Aviv

La coopération bilatérale concrète se matérialise également dans le domaine des transports. Durant la visite, le lancement d’une liaison aérienne directe entre Buenos Aires et Tel Aviv sera officialisé. La compagnie israélienne El Al devrait opérer trois vols directs par semaine entre l’Argentine et Israël, une première dans l’histoire des deux pays. Cette avancée a été rendue possible par la levée d’une interdiction qui frappait jusque-là les compagnies aériennes israéliennes en Argentine, décision annoncée par l’ambassadeur d’Argentine en Israël, le rabbin Axel Wahnish. Grâce à ces vols directs d’une quinzaine d’heures, les échanges touristiques et commerciaux vont s’intensifier, favorisant un véritable rapprochement entre les sociétés des deux nations. « C’est un tournant : cela va créer des opportunités économiques, touristiques et culturelles et symbolise l’approfondissement du lien entre nos deux pays », a souligné l’ambassadeur Wahnish au sujet de cette mesure.

Un président argentin résolument pro-israélien

Depuis son accession au pouvoir fin 2023, Javier Milei affiche sans complexe son affinité avec Israël et le peuple juif, au point que le président de la Knesset, Amir Ohana, l’a qualifié de « président argentin le plus pro-israélien de l’Histoire ». Il est vrai que Milei a réservé à Israël une place à part dans sa diplomatie : Jérusalem a été la destination de son premier voyage officiel à l’étranger après son élection, avec notamment une visite au Mur occidental dès janvier 2024.

Milei n’a eu de cesse de proclamer son soutien indéfectible à l’État hébreu. Contrairement à d’autres dirigeants, il a approuvé sans réserve la réponse militaire israélienne face au Hamas à Gaza, défendant le droit d’Israël à se protéger et refusant de joindre sa voix à ceux appelant à interrompre l’offensive. Dans un discours commémoratif, il a même fustigé « l’indifférence » et la frilosité de certaines grandes puissances occidentales, trop timorées selon lui pour soutenir « la vérité » du combat d’Israël. Son philo-sionisme assumé lui vaut d’ailleurs une reconnaissance particulière : lors de sa visite, Milei recevra le prestigieux prix Genesis – considéré comme un “Nobel juif” – une distinction encore jamais attribuée à une personnalité non juive. Le chef d’État a annoncé qu’il verserait l’intégralité de sa récompense à des organisations luttant contre l’antisémitisme, un geste salué par ses hôtes israéliens.

Des enjeux économiques et technologiques majeurs

L’Argentine abrite la plus grande communauté juive d’Amérique latine, un atout pour dynamiser le tourisme et les échanges culturels avec Israël. Mais au-delà du tourisme, Buenos Aires ambitionne surtout de tirer parti de l’excellence technologique israélienne pour son développement. Le gouvernement Milei mise par exemple sur les innovations agricoles et hydriques d’Israël afin de revitaliser la pampa argentine et de combattre la sécheresse dans le nord du pays. Réciproquement, l’État hébreu voit en l’Argentine un partenaire économique de poids, susceptible d’accueillir ses entreprises et d’ouvrir de nouveaux débouchés régionaux. Dès son entrée en fonction, Milei a d’ailleurs affirmé qu’Israël serait dorénavant considéré comme un « partenaire stratégique, au même titre que les États-Unis » par son administration – une déclaration illustrant le réalignement diplomatique et économique opéré à Buenos Aires.

Plusieurs projets de coopération technologique et scientifique sont déjà à l’étude. Des centres de recherche conjoints, des programmes de formation en cybersécurité pour les forces de l’ordre ou encore des partenariats spatiaux figurent parmi les pistes évoquées. Ce rapprochement marque un changement notable après des années de relations plus tièdes : l’Argentine avait maintenu des liens étroits avec l’Iran et critiqué les opérations militaires israéliennes par le passé. Désormais, sous l’impulsion de Milei, Buenos Aires s’aligne fermement aux côtés d’Israël dans une logique de partenariat « gagnant-gagnant ».

Répercussions géopolitiques en Amérique latine

En adoptant une ligne diplomatique résolument pro-occidentale et pro-israélienne, l’Argentine de Milei se démarque du reste du continent. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau président a rompu les ponts avec les régimes autoritaires de la région : il n’a invité ni Cuba, ni le Nicaragua, ni le Venezuela – ni même l’Iran – à sa cérémonie d’investiture en décembre 2023. Fidèle à ses engagements, il a ensuite accordé l’asile diplomatique à des opposants vénézuéliens au sein de l’ambassade d’Argentine à Caracas, poussant le régime de Nicolás Maduro à rompre ses relations avec Buenos Aires.

Milei assume pleinement cette rupture avec « l’axe chaviste » et les alliés de Téhéran. Cette orientation renforce l’isolement diplomatique de gouvernements comme Caracas ou Téhéran, tout en consolidant un front uni des démocraties libérales face aux influences adverses. À terme, le pari de Milei pourrait rebattre les cartes géopolitiques régionales : l’Argentine se pose en chef de file d’un camp latino-américain pro-occidental et pro-israélien, faisant contrepoids à l’influence de puissances autoritaires comme la Russie, la Chine ou l’Iran. La visite du président argentin en Israël s’inscrit ainsi dans une perspective historique, tant par sa portée symbolique que par ses implications stratégiques pour l’avenir des relations internationales dans la région.

Visite historique du président argentin en Israël : une alliance renforcée et assumée

Un discours inédit à la Knesset et une visite hautement symbolique

Le président argentin Javier Milei entame une visite officielle en Israël marquée par un événement historique : il prononcera un discours devant le Parlement israélien, la Knesset – une première pour un chef d’État argentin. Ce discours, prévu en séance plénière, est d’autant plus symbolique que peu de dirigeants étrangers s’expriment devant la Knesset. Il aura lieu mercredi après-midi à Jérusalem, lors d’une visite de trois jours riche en moments forts. Milei recevra à cette occasion la médaille du prestigieux Prix Genesis – surnommé le « Nobel juif » – qui lui est décerné pour son soutien sans équivoque à Israël pendant l’une des périodes les plus difficiles de son histoire récente, notamment depuis le début de la guerre contre le Hamas en octobre 2023. Fervent ami d’Israël, Milei devient ainsi le premier lauréat non-juif de ce prix, attribué en reconnaissance de son engagement « inébranlable en faveur d’Israël » durant le conflit en cours. Sa présence dans l’hémicycle israélien revêt un caractère historique et traduit la volonté de Buenos Aires de resserrer des liens diplomatiques sans précédent avec l’État hébreu.

L’annonce d’un vol direct Buenos Aires–Tel Aviv

Parmi les annonces phares de cette visite figure l’établissement d’une liaison aérienne directe entre Buenos Aires et Tel-Aviv. Jusqu’à présent, aucun vol sans escale ne reliait l’Argentine et Israël, malgré l’importante communauté juive argentine et des échanges touristiques grandissants. Javier Milei devrait officialiser l’ouverture prochaine d’une ligne directe opérée par la compagnie israélienne El Al, un projet longtemps attendu des deux côtés. Cette annonce illustre concrètement le réchauffement des relations bilatérales et répond à un vieux rêve de la diaspora juive argentine – la plus grande d’Amérique latine avec environ 170 000 membres, principalement à Buenos Aires. Un vol direct de 15 heures faciliterait les déplacements des familles, pèlerins et hommes d’affaires entre les deux pays, renforçant les liens humains et économiques. La semaine précédant la visite, Axel Wahnish – ambassadeur d’Argentine en Israël et rabbin personnel de Milei – a révélé sur les réseaux sociaux que la décision serait officialisée pendant le séjour présidentiel. Pour Wahnish, cette liaison aérienne est à la fois un symbole puissant de l’alliance entre Buenos Aires et Jérusalem et un catalyseur d’échanges accrus. « En tant qu’ambassadeur, je compte travailler sur les deux fronts – collaborer avec les compagnies aériennes pour ouvrir la ligne, tout en favorisant les échanges commerciaux, culturels, artistiques, sportifs et éducatifs » a-t-il confié, soulignant les retombées multiples espérées de ce vol direct.

Un avion de la compagnie El Al à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. L’ouverture d’une liaison directe Tel Aviv–Buenos Aires, annoncée lors de la visite de Milei, symbolise le rapprochement entre l’Argentine et Israël (Photo : Nati Shohat/Flash90).

Si le lancement effectif de la ligne n’a pas encore de date et dépend d’autorisations techniques et commerciales, son annonce en grande pompe à Jérusalem traduit la ferme volonté politique des deux pays de renforcer leur partenariat. Elle intervient de surcroît à contre-courant du climat international : ces derniers mois, plusieurs pays ont au contraire pris leurs distances avec Israël en raison du conflit de Gaza. L’Argentine de Milei fait le pari inverse : intensifier les échanges malgré le contexte. « Dans un contexte tendu, la visite de Milei à Jérusalem apparaît comme un soutien fort et sans ambiguïté de l’Argentine à l’État d’Israël », analyse la presse, y voyant un contraste saisissant avec les critiques européennes récentes visant Israël. La création de ce pont aérien direct devrait également booster le tourisme bilatéral (pèlerinages religieux, tourisme historique et mémoriel, voyages d’affaires) et faciliter les visites familiales au sein d’une diaspora argentine très attachée à la Terre sainte.

Un président argentin résolument pro-israélien

L’initiative de Milei s’inscrit dans la continuité de son positionnement géopolitique affirmé depuis son élection fin 2023. Le nouveau président argentin se démarque comme l’un des dirigeants les plus pro-israéliens au monde. Peu après son investiture, il a clairement annoncé la couleur : ses alliés prioritaires seraient les États-Unis et Israël. Fidèle à cette ligne, il a donné instruction à ses diplomates de soutenir systématiquement Israël dans les enceintes internationales et a été l’un des plus fervents défenseurs de l’État hébreu depuis le début de la guerre contre le Hamas en octobre dernier. À contre-courant de nombreux pays, Buenos Aires a soutenu ouvertement le droit d’Israël à se défendre à Gaza, s’opposant aux appels internationaux à cesser le feu tant que les menaces terroristes persistent. « Milei est considéré comme l’un des plus fervents défenseurs d’Israël depuis le début de la guerre », soulignait récemment Amir Ohana, président de la Knesset, saluant l’attitude du dirigeant argentin.

Dès sa campagne électorale, Javier Milei n’a pas caché son admiration pour l’État hébreu. Bien que de tradition catholique, ce libéral iconoclaste se déclare sioniste et philosémite. Il a promis de transférer l’ambassade d’Argentine de Tel-Aviv à Jérusalem – une initiative diplomatique forte qu’il compte bien concrétiser, suivant l’exemple des États-Unis. D’ailleurs, sa toute première visite bilatérale après son élection fut pour Israël : en février 2024, il s’est rendu à Jérusalem, priant avec émotion au Mur des Lamentations et rencontrant le Premier ministre Benjamin Netanyahou. Cette relation presque affective avec Israël s’est également traduite par la nomination d’Axel Wahnish, son rabbin et conseiller spirituel, comme ambassadeur à Tel-Aviv – un choix inédit symbolisant la dimension quasi identitaire que revêt l’alliance avec Israël pour le nouveau pouvoir argentin. Milei voit en l’État hébreu un modèle de résilience, d’innovation et de défense des valeurs occidentales. Lors d’un récent forum, il a déclaré vouloir « se tenir toujours aux côtés » des nations démocratiques face aux menaces terroristes et totalitaires, citant explicitement Israël comme un partenaire clef dans cette lutte.

Cette orientation pro-israélienne tranche radicalement avec la politique de ses prédécesseurs. Sous les gouvernements péronistes précédents, Buenos Aires s’était rapprochée du « camp anti-occidental » ces deux dernières décennies, nouant des liens étroits avec des régimes comme le Venezuela de Hugo Chávez, l’Iran des mollahs ou encore la Russie et la Chine. Un mémorandum signé en 2013 avec Téhéran avait même suscité la controverse, l’accord étant accusé de vouloir étouffer l’implication de l’Iran dans l’attentat antisémite de l’AMIA (Buenos Aires, 1994) en échange de contrats commerciaux. La rupture est désormais consommée : « Depuis l’élection de Javier Milei en novembre 2023, l’Argentine a opéré une transition vers une politique étrangère nettement plus ferme, intégrée à un axe pro-américain et pro-israélien », analyse le Middle East Policy Council. Milei assume un alignement sans complexe sur le camp occidental, convaincu que rapprocher l’Argentine des démocraties libérales relancera son économie et sa stabilité politique.

Coopération tous azimuts : technologie, défense, agriculture…

Au-delà des symboles, la visite de Milei devrait déboucher sur un resserrement concret de la coopération économique et stratégique entre l’Argentine et Israël. Les délégations des deux pays planchent sur une série d’accords couvrant des secteurs variés : hautes technologies, défense, agriculture, commerce et tourisme figurent en bonne place sur l’agenda des discussions. Un « Mémorandum de liberté et de démocratie contre le terrorisme, l’antisémitisme et la discrimination » sera signé par Javier Milei et le Premier ministre Benyamin Netanyahou, formalisant cette nouvelle ère d’alliance stratégique. Ce protocole d’accord, préparé à l’initiative de l’ambassadeur Wahnish, vise à institutionnaliser la coopération et les valeurs communes entre Jérusalem et Buenos Aires. Il entérine notamment un partage d’expériences dans la lutte contre le terrorisme – un sujet sensible pour l’Argentine qui a subi sur son sol les attaques terroristes les plus meurtrières d’Amérique latine (attentats antisémite de 1994 et contre l’ambassade d’Israël en 1992).

Parallèlement, des contacts accrus entre les milieux d’affaires et de l’innovation sont prévus. Israël, souvent surnommée « Start-up Nation », offre un savoir-faire précieux en matière de technologies agricoles (irrigation, agro-tech) et de défense (cybersécurité, drones, renseignement) dont l’Argentine souhaite s’inspirer. On s’attend ainsi à des partenariats dans la tech et la cybersécurité, domaines où Israël excelle, pour soutenir la modernisation de l’économie argentine. Dans le secteur agricole, vital pour Buenos Aires, les techniques israéliennes de gestion de l’eau et d’optimisation des cultures arides pourraient trouver un terrain d’application dans certaines régions argentines. Côté défense, le gouvernement Milei pourrait renforcer la coopération militaire avec Israël, qu’il s’agisse d’achats d’équipements ou d’exercices conjoints de sécurité. Déjà, le choix d’El Al comme opérateur du futur vol direct traduit une confiance mutuelle en matière de transport et de sûreté, la compagnie nationale israélienne étant réputée pour ses standards sécuritaires rigoureux.

Sur le plan commercial, les deux dirigeants entendent multiplier les échanges bilatéraux. L’Argentine, en quête d’investissements et de diversification de ses marchés, voit en Israël un partenaire technologique et un débouché pour certains de ses produits (agroalimentaire, viande casher, etc.). Israël, de son côté, pourrait augmenter ses exportations de produits high-tech ou pharmaceutiques vers le Cône Sud. Le tourisme bénéficiera aussi de la dynamique : des dizaines de milliers de voyageurs israéliens et argentins pourraient profiter de la ligne directe pour découvrir réciproquement la Terre sainte et la Patagonie, ou pour effectuer des pèlerinages religieux (les Argentins catholiques en Israël, les Israéliens sur les traces du patrimoine juif argentin). En lançant ces coopérations tous azimuts, Milei et Netanyahou affichent leur volonté d’inscrire le partenariat israélo-argentin dans la durée, malgré les réticences que cela peut susciter ailleurs. « Cette nouvelle route aérienne illustre l’engagement d’Israël et de l’Argentine en faveur d’une collaboration bilatérale accrue, malgré les réticences et l’isolement diplomatique que subit Israël sur la scène internationale », note un observateur, alors que certains pays envisagent de sanctionner ceux qui intensifient leurs relations avec Jérusalem. Buenos Aires fait le pari que ces liens renforcés servent ses intérêts stratégiques et économiques à long terme, en misant sur l’innovation et la sécurité partagées avec Israël pour relancer son propre développement.

Impact géopolitique en Amérique latine : l’Argentine choisit son camp

La visite de Javier Milei en Israël s’inscrit dans un tournant géopolitique majeur en Amérique latine. Alors que plusieurs gouvernements de la région ont pris leurs distances – voire rompu leurs relations – avec Israël après l’escalade du conflit à Gaza (la Colombie de Gustavo Petro a rappelé son ambassadeur, la Bolivie et le Venezuela ont coupé les liens diplomatiques fin 2023), l’Argentine de Milei assume le contre-pied absolu. Buenos Aires se pose désormais en principal allié d’Israël en Amérique latine, aux côtés du Guatemala ou du Paraguay, renforçant ainsi le camp pro-occidental sur le continent. Cette inflexion pourrait « reconfigurer les alliances politiques en Amérique latine », souligne l’Agence EFE, en accentuant le clivage entre pays alignés sur Washington et Jérusalem et ceux solidaires de Téhéran ou de Caracas.

Dès son entrée en fonctions, Javier Milei a clairement affiché la couleur : il rompt avec la diplomatie « tiers-mondiste » de ses prédécesseurs pour ancrer l’Argentine dans le camp des démocraties libérales. Le nouveau président a ainsi tracé une ligne rouge vis-à-vis des régimes autoritaires hostiles à Israël. Il a refusé d’inviter à sa cérémonie d’investiture les dirigeants du Venezuela, de l’Iran, de Cuba et du Nicaragua, dénonçant leur soutien au terrorisme international (notamment au Hamas) et leurs violations des droits de l’Homme. Cette exclusion symbolique a été suivie de gestes diplomatiques forts : Buenos Aires a rompu ses relations avec le régime de Nicolás Maduro au Venezuela – ne reconnaissant pas l’issue des élections vénézuéliennes de 2024 – et n’a pas désigné d’ambassadeurs à La Havane ni à Managua, marquant la défiance envers Cuba et le Nicaragua. En parallèle, Milei a engagé le retrait de l’Argentine du bloc BRICS (regroupant notamment la Chine et la Russie) auquel l’administration précédente souhaitait adhérer, et a formellement demandé l’adhésion de son pays à l’OCDE aux côtés des puissances occidentales.

Ce réalignement diplomatique sans précédent isole un peu plus des régimes comme l’Iran et le Venezuela en Amérique latine, tout en rapprochant l’Argentine de partenaires stratégiques comme les États-Unis et Israël. La coordination avec Washington et Jérusalem sur les enjeux de sécurité régionale est appelée à se renforcer, par exemple face à l’influence iranienne au Venezuela ou aux activités du Hezbollah en Amérique du Sud. Déjà, les autorités argentines ont intensifié les échanges de renseignements antiterroristes avec Israël, conscients de la menace que font planer les réseaux pro-iraniens dans la région depuis les attentats des années 1990. L’alliance affichée avec Israël place Buenos Aires dans le camp des nations résolument pro-occidentales, aux antipodes des gouvernements de gauche radicale du continent. Pour Milei, ce choix est autant idéologique que pragmatique : « positionner l’Argentine aux côtés des pays démocratiques doit permettre de rétablir la prospérité économique et la stabilité politique », estime-t-il, voyant dans le partenariat avec Israël et les États-Unis un gage de crédibilité pour attirer investissements et soutien international. Reste que ce positionnement tranché n’est pas sans risques : il expose l’Argentine aux critiques du bloc « anti-impérialiste » et pourrait compliquer ses relations avec des voisins comme le Brésil ou le Chili, plus nuancés vis-à-vis d’Israël. Néanmoins, Milei semble prêt à assumer ce pari, convaincu que le renforcement des alliances pro-occidentales isolera les régimes jugés hostiles et bénéficiera aux intérêts argentins sur la scène mondiale.

Réactions en Argentine et en Israël

Cette visite en Israël, très médiatisée, suscite des réactions contrastées dans les deux pays. En Israël, l’accueil réservé à Javier Milei est enthousiaste dans les cercles gouvernementaux. Le président Isaac Herzog et le Premier ministre Netanyahou se félicitent publiquement de la venue d’un « véritable ami d’Israël ». Le président de la Knesset, Amir Ohana, a loué « le leadership de Milei, l’un des plus pro-israéliens au monde », soulignant la fiabilité d’un allié qui « a été l’un des plus fervents défenseurs d’Israël depuis le début de la guerre ». Les médias israéliens, de leur côté, soulignent le caractère inédit et historique de cette visite d’un dirigeant latino-américain en pleine période de conflit. Ils mettent en exergue le contraste avec d’autres pays qui ont pris leurs distances : « Alors que certains s’éloignent, l’Argentine vient serrer les rangs aux côtés d’Israël », titre-t-on en substance. La presse israélienne a toutefois exprimé une surprise face à l’antisémitisme de certains échos en Argentine liés à cette visite. En effet, lorsque Milei a annoncé la nouvelle ligne aérienne sur Instagram, les médias israéliens comme Mako ont rapporté avec stupéfaction la vague de commentaires hostiles qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux argentins, certains messages déversant un antisémitisme décomplexé.

En Argentine, la visite divise l’opinion publique et la classe politique. Les partisans de Javier Milei – et notamment la communauté juive argentine – saluent un rapprochement diplomatique historique et cohérent avec les valeurs défendues par le président. Pour eux, ce voyage est source de fierté : l’Argentine renoue avec un rôle international affirmé aux côtés des démocraties occidentales. Les organisations représentant la communauté juive, comme la DAIA, ont exprimé leur soutien au renforcement des liens avec Israël, espérant qu’il contribuera à lutter contre l’antisémitisme local et à favoriser l’investissement israélien en Argentine. En revanche, l’opposition péroniste et une partie de l’opinion de gauche critiquent ouvertement cette idylle avec Israël. Sur les réseaux sociaux, de nombreux Argentins ont vivement réagi à l’annonce de la liaison aérienne directe. Si quelques-uns se sont dits favorables, la majorité des commentaires étaient négatifs, certains appelant même à annuler ce projet. « Qui a besoin de cette ligne ? Ce n’est vraiment pas ce qu’il nous fallait maintenant », s’indigne un internaute, tandis qu’un autre interpelle : « Arrête de t’acoquiner avec Israël, on ne t’a pas élu pour ça ». D’autres messages reflètent une hostilité plus idéologique, avec des slogans tels que « Libérez la Palestine » ou des accusations virulentes qualifiant Israël de « génocidaire ». Certains opposants politiques reprochent à Milei de négliger d’autres priorités nationales pour mener cette tournée internationale, et craignent que son alignement sans réserve sur Israël ne complique les relations de l’Argentine avec certains partenaires, ou n’attise des tensions internes dans un pays où la cause palestinienne trouve un écho à gauche. Le gouvernement, lui, assume pleinement : il a diffusé des messages officiels de « solidarité indéfectible » envers Israël face au terrorisme, reprenant la ligne du président Milei.

Malgré ces critiques, Milei ne dévie pas de sa trajectoire. Conscient de provoquer de vifs débats, il considère qu’il en va de « la place de l’Argentine dans le monde libre ». Ses partisans soulignent d’ailleurs que cette relation privilégiée avec Israël pourrait apporter des bénéfices tangibles au pays – investissements, sécurité, prestige diplomatique – et replacer l’Argentine sur la carte géopolitique après des années d’effacement. Quant aux détracteurs, ils restent pour l’heure minoritaires au Parlement, même si le sujet israélien pourrait devenir un point de clivage politique interne. La visite en Israël, suivie de près par les médias argentins, est donc non seulement un enjeu de politique étrangère mais aussi un test pour Javier Milei sur la scène intérieure.

Qui est Javier Milei ? – Bref aperçu biographique d’un allié atypique d’Israël

Pour comprendre l’enthousiasme pro-israélien du président argentin, il faut se pencher sur son parcours hors norme. Javier Milei, 52 ans, est un économiste de formation et un homme politique atypique qui a fait irruption sur la scène publique argentine il y a quelques années seulement. Ancien analyste financier et professeur d’économie, il se fait d’abord connaître par des apparitions télévisées où son discours anticonformiste et son style flamboyant – chevelure ébouriffée et franc-parler tranchant – captivent l’audience. Prônant une idéologie libertarienne radicale (il se définit comme « anarcho-capitaliste »), Milei dénonce avec virulence la « casta » politique traditionnelle et promet de ruptures économiques radicales (dollarisation de l’économie, réduction drastique de l’État). Porté par le ras-le-bol d’une partie de la population face à l’inflation galopante et la corruption, il remporte à la surprise générale l’élection présidentielle de novembre 2023, mettant fin à des décennies de bipartisme péroniste vs libéral en Argentine.

Dès son entrée en fonction le 10 décembre 2023, Milei a redéfini la politique étrangère du pays. Admirateur revendiqué de l’ex-président américain Donald Trump et du Brésilien Jair Bolsonaro, il inscrit l’Argentine dans la mouvance des droites nationales-populaires pro-occidentales. Son alliance instinctive avec Israël s’explique en partie par ses convictions personnelles : bien qu’issu d’une famille catholique italienne de Buenos Aires, Javier Milei se dit fasciné depuis l’enfance par l’histoire biblique et la spiritualité juive. Il cite volontiers des philosophes libéraux d’origine juive et affiche dans son bureau une photo de Golda Meir (ancienne Première ministre israélienne). Au-delà de l’affectif, Milei voit en Israël un modèle économique et sociétal : un pays innovant, résilient face aux menaces, qui a su prospérer malgré un environnement hostile – autant de qualités qu’il souhaite insuffler à l’Argentine. Son entourage reflète cette inclination : outre son ambassadeur-rabbin Axel Wahnish, Milei s’est entouré de conseillers liés à la communauté juive argentine et a nommé Gerardo Werthein – un homme d’affaires juif influent – au poste de ministre des Affaires étrangères. Cette nomination illustre le virage atlantiste et philosémite de sa diplomatie.

Sur la scène internationale, Javier Milei s’est rapidement fait remarquer par son soutien indéfectible à Israël. Lors de l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 (alors qu’il était candidat en campagne), Milei avait aussitôt condamné le Hamas avec la plus grande fermeté, fustigeant « la barbarie terroriste » et exprimant sa solidarité totale avec les Israéliens meurtris. Une fois élu, il a persisté sur cette ligne, allant jusqu’à dénoncer publiquement l’« hypocrisie » de l’ONU qu’il juge biaisée contre Israël dans ce conflit. En janvier 2024, il a refusé toute rencontre avec des émissaires du régime iranien, affirmant que « l’Argentine ne sera plus complice de ceux qui menacent l’existence d’Israël ». Ce positionnement extrême a été remarqué jusqu’à Téhéran, où le régime des mollahs a protesté contre les « déclarations iranophobes » de Buenos Aires – ce qui n’a fait que conforter Milei dans sa détermination à tenir tête à l’Iran. Par contraste, il a multiplié les gestes d’amitié envers Israël : échange de drapeaux et embrassades avec l’ambassadeur d’Israël à Buenos Aires, messages réguliers en hébreu sur Twitter (rebaptisé X) pour célébrer les fêtes juives ou commémorer la Shoah, etc. Son imagerie politique elle-même intègre des références israéliennes – il est courant de le voir brandir un drapeau bleu-blanc lors de certains rassemblements.

En Argentine, ce tropisme pro-israélien détonne dans un paysage politique longtemps marqué par la solidarité sud-sud et le soutien à la cause palestinienne chez les péronistes. Milei assume pleinement cette singularité, se moquant des critiques le qualifiant de « sous-traitant de Washington et Jérusalem ». Pour lui, l’Argentine a plus à gagner qu’à perdre à rejoindre sans ambiguïté le giron occidental. Son pari est qu’une Argentine redevenue fiable aux yeux des États-Unis et d’Israël attirera investissements, coopération technologique et respect international, ce qui, à terme, bénéficiera aux Argentins. Se posant en champion d’une « alliance des démocraties », Milei compte incarner en Amérique latine l’alternative libérale-conservatrice face à l’axe Cuba-Venezuela-Iran. Son voyage en Israël, avec ce discours historique à la Knesset et ces accords de partenariat, est l’illustration flamboyante de cette ambition.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (à gauche) accueillant chaleureusement le président argentin Javier Milei à Jérusalem en février 2024. Milei s’affiche comme l’un des alliés les plus solides d’Israël sur la scène internationale (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO).

Une alliance assumée qui redessine les équilibres diplomatiques

En conclusion, la visite du président Javier Milei en Israël marque un tournant spectaculaire dans les relations entre Buenos Aires et Jérusalem. Jamais un chef d’État argentin n’avait affiché un tel alignement avec Israël, jusqu’à venir s’exprimer au cœur de la démocratie israélienne pour sceller une « alliance historique pour la liberté et la sécurité ». Discours à la Knesset, annonce d’une ligne aérienne directe, accords stratégiques, gestes symboliques forts – tout concourt à faire de ce déplacement un moment charnière. Pour Israël, isolé sur la scène mondiale depuis le conflit de Gaza, le soutien affiché de la troisième économie d’Amérique latine est un atout diplomatique précieux qui brise partiellement son isolement. Pour l’Argentine, ce partenariat assumé ouvre la voie à de nouvelles opportunités économiques et technologiques, tout en repositionnant le pays comme acteur géopolitique de premier plan aux côtés des puissances occidentales.

Certes, le choix de Milei suscite des débats : il polarise l’opinion en interne et l’Argentine devra gérer avec tact ses relations avec les voisins sud-américains moins engagés sur la même voie. Mais le président argentin semble convaincu que les bénéfices à long terme d’une alliance avec Israël l’emportent sur les inconvénients. En misant sur une coopération renforcée avec l’État hébreu – dans un élan pro-israélien rarement vu à ce niveau de responsabilité – Javier Milei réaffirme la place de l’Argentine dans le concert des nations libres et envoie un message clair : Buenos Aires est de retour sur la scène internationale, aux côtés de ses amis israéliens et occidentaux, prête à défendre la démocratie et la sécurité commune. Une page nouvelle s’ouvre ainsi dans l’histoire des relations israélo-argentines, sous le signe d’un partenariat fort, assumé et prometteur pour les deux pays.

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