En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, Donald Trump a réuni les dirigeants de plusieurs pays arabes et musulmans pour discuter du « jour d’après » à Gaza. Derrière l’image d’une diplomatie offensive, se dessine une stratégie plus calculée : transférer sur Ankara et Riyad la responsabilité et le financement de la reconstruction de l’enclave. Une manière de se poser en faiseur de paix… tout en ménageant ses intérêts intérieurs.
Un sommet discret mais lourd de sens
Le président américain a convié autour de lui des représentants de Qatar, Égypte, Arabie saoudite, Jordanie, Turquie, Indonésie et Pakistan. Objectif affiché : bâtir une « coalition islamique » chargée de gérer Gaza après la chute du Hamas. Pour le Dr. Shay Har-Zvi, chercheur à l’université Reichman, « Trump veut créer un front arabe-musulman qui prendra la relève du Hamas dans la gouvernance, avec un investissement colossal estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars ». Une approche en ligne avec les projets présentés par Tony Blair et Jared Kushner, qui imaginent une autorité régionale de transition pour administrer Gaza.
Le calcul Trump : Nobel en ligne de mire
À quelques jours de l’annonce du prix Nobel de la Paix (10 octobre), l’ancien président veut se placer comme l’architecte d’un règlement inédit. La photo de groupe avec les puissances sunnites pourrait l’y aider. Mais cette ambition masque une réalité : plutôt que d’impliquer directement Washington dans le « bourbier gazaoui », Trump cherche à déléguer la gestion politique et financière à la Turquie et à l’Arabie saoudite — deux pays qu’il estime avoir les moyens et l’influence pour « tenir » l’enclave.
Une opposition frontale à Macron et aux Européens
Trump a rejeté avec vigueur les appels de dirigeants occidentaux, Emmanuel Macron en tête, à reconnaître un État palestinien. « Ce serait une récompense au Hamas pour les atrocités du 7 octobre », a-t-il tonné. Preuve de sa fermeté, son administration a empêché Mahmoud Abbas de se rendre à New York, obligeant le président de l’Autorité palestinienne à s’exprimer par visioconférence.
Les otages comme ligne rouge
Le président américain a répété à la tribune : « Un seul message : libérez les otages, maintenant ». Selon la Maison-Blanche, pas de sortie de crise sans restitution des 48 captifs encore détenus à Gaza. Cette condition, qui correspond à une exigence unanime de l’opinion israélienne, pourrait devenir l’argument central de Trump face à Netanyahou lors de leur rencontre prévue lundi à New York.
Netanyahou au carrefour stratégique
Deux options s’offrent désormais au Premier ministre israélien :
- L’option militaire : conquérir Gaza, au risque de mettre en péril la vie des otages et d’aggraver l’isolement international d’Israël.
- L’option Trump : accepter une médiation arabe pour mettre fin à la guerre, récupérer les otages et ouvrir la voie à une normalisation historique avec Riyad et d’autres capitales musulmanes.
Pour Dr. Har-Zvi, « choisir la voie politique permettrait à Israël d’accroître sa puissance stratégique, d’intégrer davantage ses alliances arabes et de délégitimer définitivement le Hamas ».
Trump ne cache pas son ambition personnelle, mais derrière ses calculs, une réalité s’impose : Israël se retrouve au cœur d’un marchandage international où son avenir sécuritaire pourrait dépendre d’Ankara et de Riyad. Reste à savoir si Netanyahou acceptera ce scénario, ou s’il préférera le champ de bataille à la diplomatie.
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