En Israël, même une simple Bar Mitsvah peut prendre des allures de mini-parade militaire, surtout lorsqu’elle est orchestrée par des membres d’élite des forces de sécurité. Le week-end dernier, le village d’Achisamech, près de Lod, a été le théâtre d’une scène inattendue : des combattants de l’unité spéciale de la police des frontières, les célèbres « mistaarvim » de Yamas en Judée-Samarie, ont escorté en armes et en uniforme un jeune garçon pour célébrer son passage à l’âge adulte.
Cette initiative n’était pas le fruit du hasard : le garçon en question n’est autre que le fils de l’homme d’affaires Alon Elgali, connu dans les cercles sécuritaires pour ses contributions discrètes mais substantielles envers les soldats de Tsahal depuis le 7 octobre, date qui marque la dernière attaque massive du Hamas contre Israël. Or, dans un climat où la guerre contre le terrorisme et l’engagement pour Tsahal forgent une partie de l’identité nationale israélienne, cette démonstration était autant un hommage qu’un clin d’œil symbolique.
Un ami d’Elgali, Oren Badiri, justifie cette présence militaire par « un geste de gratitude envers une famille qui a tant donné aux soldats ». Il souligne : « Cet homme a soutenu nos soldats comme personne dans ce pays, dans la discrétion la plus totale. Il mérite bien cet honneur ». Une déclaration qui prend un relief particulier quand on sait que depuis l’attaque du Hamas, l’élan de solidarité envers les soldats s’est accru, comme le documente régulièrement Infos-Israel.News dans sa rubrique dédiée https://infos-israel.news/category/solidarite-avec-nos-soldats-de-tsahal/.
Pourtant, cet événement n’a pas manqué de déclencher la polémique. Le chef de la police nationale a ordonné une enquête interne, jugeant l’apparition des combattants en uniforme et armés dans une fête privée comme « inappropriée ». Dans un contexte sécuritaire sous tension, la police a préféré rappeler à l’ordre les unités d’élite : « Il est nécessaire de clarifier les règles de conduite pour éviter que de tels incidents se reproduisent », a précisé le commandement de la Magav.
Le Magav s’est toutefois défendu en affirmant que les soldats participaient régulièrement à des événements festifs dans les communautés, surtout lorsqu’il s’agit d’honorer des survivants de la Shoah ou de soutenir des familles endeuillées. Il y a quelques années, la même unité avait organisé une Bar Mitsvah pour un survivant âgé de 94 ans, un geste salué à l’époque.
La Yamas, unité mythique, est connue pour son expertise à se fondre dans la population arabe afin de capturer des terroristes ou des criminels notoires en pleine ville. L’efficacité redoutable de ces combattants a encore été démontrée récemment à Wadi Farah, où ils ont éliminé un terroriste recherché, armé et protégé dans une zone à haut risque.
Mais la force des mistaarvim ne réside pas seulement dans leurs capacités tactiques : elle s’incarne aussi dans l’imaginaire collectif israélien. Ils sont perçus comme les remparts invisibles qui protègent l’État hébreu. Voir ces héros escorter un jeune garçon pour sa Bar Mitsvah est un symbole puissant de l’alliance sacrée entre le peuple et ses défenseurs, entre la jeunesse et ceux qui garantissent sa survie.
Cela n’empêche pas les critiques. Certains observateurs dénoncent une forme de militarisation de la sphère civile, où l’armée et les forces de sécurité s’invitent dans les cérémonies privées, brouillant la frontière entre le civil et le militaire. Un débat récurrent en Israël, surtout depuis que l’armée est redevenue omniprésente dans l’espace public à cause de la guerre contre le Hamas et les tensions avec le Hezbollah et l’Iran.
Mais en Israël, chaque événement familial, chaque fête, est un pied de nez au terrorisme. Célébrer une Bar Mitsvah avec ceux qui traquent les ennemis du pays n’est pas seulement une marque de prestige : c’est une déclaration d’existence, un message clair que la vie continue, protégée par la force et la résilience du peuple juif.
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