Un simple hasard de calendrier ou une décision mûrement calculée ? L’éviction soudaine du rabbin Aviad Gadot de son service de réserve continue d’agiter la scène politique israélienne. La députée Keti Shitrit (Likoud) a vivement réagi aujourd’hui, soulignant « qu’il est impossible d’ignorer le timing » de cette décision, intervenue à peine vingt-quatre heures après la publication d’une proposition de loi commune qu’elle avait présentée avec Gadot.
Cette proposition de loi visait à modifier en profondeur la procédure de nomination du procureur militaire en chef (פצ »ר), un sujet sensible qui touche directement aux relations entre la justice militaire, les soldats de Tsahal et l’autorité politique. Pour ses initiateurs, il s’agit de « corriger des dysfonctionnements structurels » qui, selon eux, affaiblissent la confiance des combattants dans le système judiciaire.
« Aviad, tu es un partenaire de valeurs et un acteur important de ce combat », a écrit Shitrit sur les réseaux sociaux. « Aucun facteur ne pourra nous intimider ni nous détourner de la voie : réparer les failles du système judiciaire militaire pour défendre les soldats de Tsahal et préserver l’honneur de l’État d’Israël. »
Une décision perçue comme politique
Le renvoi de Gadot, ancien officier devenu figure religieuse et publique, n’est pas anodin. Certains y voient une sanction politique déguisée, destinée à décourager toute remise en cause de l’appareil judiciaire militaire. D’autres estiment au contraire qu’il s’agit d’une simple décision administrative sans rapport avec la loi proposée.
Mais dans un climat tendu où la question de la judiciarisation des opérations de Tsahal est omniprésente, difficile de croire au hasard. De nombreux partisans de la réforme rappellent que des officiers et des soldats se sentent souvent livrés à eux-mêmes face aux enquêtes judiciaires, même lorsqu’ils agissent en pleine opération antiterroriste.
Le poids symbolique de Tsahal
Il faut rappeler que l’armée n’est pas seulement une institution sécuritaire : elle est aussi le cœur battant de la société israélienne. Toute réforme touchant au statut juridique des soldats ou aux pouvoirs du procureur militaire prend donc une dimension politique et idéologique immédiate. En ce sens, l’éviction de Gadot, associé à un projet de réforme aussi explosif, ne peut qu’alimenter la suspicion.
Une fracture persistante
Cette affaire illustre une fracture plus large dans la société israélienne : entre ceux qui estiment que l’armée doit rester soumise à une discipline juridique stricte pour préserver son image internationale, et ceux qui jugent que cet excès de judiciarisation met en danger la capacité des soldats à agir efficacement sur le terrain.
Keti Shitrit a choisi son camp : celui de la réforme, au nom de la défense des combattants. « Aucun soldat ne doit craindre de se retrouver seul face aux tribunaux après avoir risqué sa vie pour protéger Israël », répète-t-elle.
Et après ?
Le ministère de la Défense n’a pas encore commenté officiellement sur les raisons précises de la décision concernant le rabbin Gadot. Mais d’ici là, la polémique est lancée, et nul doute qu’elle viendra nourrir les débats parlementaires sur la réforme de la justice militaire.
Car au-delà d’un cas personnel, c’est bien une question de confiance nationale qui est posée : comment garantir aux soldats qu’ils seront soutenus, et non fragilisés, par le système censé les protéger ?
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