Pendant des années, Gaza a été décrite comme un bastion hermétique, entièrement sous le contrôle du Hamas. Mais depuis le début de la guerre déclenchée par le massacre du 7 octobre 2023, un changement de paradigme profond s’est opéré dans l’enclave. Face à l’effondrement du pouvoir central du Hamas dans plusieurs zones, des miliciens palestiniens, opposés au Hamas, ont commencé à se rebeller de l’intérieur.
Ce que l’on découvre aujourd’hui – et qui n’avait jamais été confirmé jusqu’à présent – c’est que l’armée israélienne (Tsahal) a discrètement soutenu ces milices locales, dans une stratégie subtile de division des forces ennemies. Voici comment cela s’est déroulé, et pourquoi cela pourrait bien changer le visage de Gaza dans les années à venir.
La fin de l’hégémonie du Hamas
Avant la guerre, le Hamas imposait son autorité par la peur, la répression, et un appareil sécuritaire bien rodé. Tout dissident était traqué, torturé ou exécuté. Mais les bombardements ciblés, les assauts terrestres de Tsahal, et la perte de figures clés du Hamas ont profondément affaibli l’organisation.
Dans plusieurs quartiers, notamment à Khan Younès, Deir al-Balah et même à Rafah, des groupes locaux ont saisi cette opportunité pour reprendre le contrôle de certaines rues, parfois au nom d’anciennes factions (comme le Fatah), parfois simplement pour protéger leur communauté des exactions du Hamas.
Des contacts secrets
Selon plusieurs sources militaires et sécuritaires israéliennes, des canaux de communication ont été établis, dès la mi-janvier 2024, entre certains officiers du renseignement israélien et des chefs de milice gazaouis désireux de faire tomber le Hamas.
Ces contacts ont permis :
- La transmission d’informations sur les mouvements des hommes du Hamas ;
- Des échanges de messages chiffrés via des applications ou par l’intermédiaire de civils ;
- Dans certains cas, des livraisons indirectes de ressources (médicales ou de communication) pour aider ces groupes à s’organiser.
Une alliance de circonstance, mais stratégique
Il ne s’agit pas d’une alliance politique, ni d’une reconnaissance formelle de ces groupes. Tsahal ne s’est pas engagée à leur donner le pouvoir après la guerre. Mais dans l’urgence du conflit, ces rebelles ont offert un levier précieux pour :
- Diviser le Hamas sur plusieurs fronts ;
- Créer des zones de contrôle local plus sûres pour les civils ;
- Et surtout, récupérer des informations de terrain impossibles à obtenir autrement.
Des cas concrets sur le terrain
Dans le quartier de Tel al-Sultan à Rafah, des vidéos montrent des jeunes armés empêchant des hommes du Hamas de réquisitionner les vivres d’un entrepôt humanitaire. Ces miliciens ont été identifiés comme liés à un ancien réseau d’activistes Fatah. Selon une source israélienne, leurs informations ont permis de localiser deux tunnels de commandement souterrains, plus tard détruits par une frappe ciblée.
Autre exemple : un milicien blessé par le Hamas a été exfiltré par des civils palestiniens jusqu’à une zone contrôlée par Tsahal, où il aurait reçu des soins avant d’être interrogé. Ses témoignages ont conduit à l’arrestation de cinq responsables locaux du Hamas.
L’impact psychologique sur le Hamas
Pour le Hamas, cette situation est un cauchemar stratégique. Non seulement il doit affronter l’armée israélienne, mais il est désormais fragilisé de l’intérieur. La paranoïa s’installe dans ses rangs, avec des purges internes, des arrestations arbitraires, et des accusations de trahison entre cadres.
Ce climat de suspicion permanente paralyse en partie leur capacité de commandement, et pousse certains membres à la fuite, voire à se rendre aux forces israéliennes.
Une stratégie assumée par Israël
Israël a toujours été clair sur un point : il ne veut pas réoccuper Gaza, mais il ne permettra pas non plus au Hamas de continuer à y régner. En soutenant indirectement des forces locales alternatives, Tsahal prépare le terrain à une gouvernance post-Hamas, plus diversifiée et moins militarisée.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou l’a d’ailleurs affirmé dans une récente déclaration :
« Nous ne cherchons pas à nous éterniser à Gaza, mais nous ne laisserons pas le chaos s’installer. Si certains groupes locaux veulent protéger leur population contre le Hamas, nous ne les empêcherons pas. »
Que se passera-t-il après la guerre ?
La grande inconnue demeure : qui gouvernera Gaza après le Hamas ?
Israël refuse catégoriquement le retour de l’Autorité palestinienne en l’état, sans réforme ni garanties de sécurité. Les États-Unis, de leur côté, pressent pour une solution mixte impliquant des forces arabes, l’AP réformée, et une tutelle internationale.
Dans ce contexte, ces milices locales pourraient jouer un rôle-clé, comme éléments de transition, voire de stabilisation temporaire, à condition qu’elles :
- Rejettent définitivement le terrorisme ;
- Acceptent un dialogue structuré ;
- Soient encadrées et contrôlées pour éviter de devenir de nouveaux seigneurs de guerre.
Les critiques : entre éthique et risques futurs
Certains analystes mettent en garde : soutenir des groupes armés non officiels, même contre le Hamas, peut créer des précédents dangereux. Il y a un risque que ces milices deviennent incontrôlables après la guerre, comme cela s’est vu dans d’autres conflits au Moyen-Orient.
Mais pour d’autres, le pragmatisme prévaut sur les principes : dans une guerre contre une organisation aussi enracinée que le Hamas, toute faille interne est un atout stratégique à exploiter.
Une réalité complexe, mais pleine d’espoir
Ces révélations montrent que la société gazaouie n’est pas monolithique. Tous les Palestiniens de Gaza ne soutiennent pas le Hamas, et certains sont même prêts à risquer leur vie pour s’en libérer. Israël, en offrant un appui indirect à ces initiatives, sème les graines d’un changement local, certes fragile, mais potentiellement durable.
Conclusion : La résistance au Hamas ne vient pas seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur
L’aide apportée par Tsahal à certains groupes anti-Hamas à Gaza n’est pas un aveu de faiblesse, mais un signe d’intelligence stratégique. En s’appuyant sur des dynamiques locales, Israël démontre qu’il comprend le tissu complexe de l’enclave, et qu’il est prêt à miser sur la révolte du peuple contre ses oppresseurs islamistes.
Dans un conflit long et douloureux, chaque voix de liberté compte. Et aujourd’hui, certaines de ces voix viennent de Gaza même.
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