
Un vif échange entre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a entraîné le report d’une décision clé : la création d’un nouvel organe au sein du ministère des Affaires étrangères chargé de centraliser l’ensemble de la diplomatie publique israélienne.
Selon des participants à la réunion du gouvernement, Netanyahou a exigé que la nomination du futur président de ce nouvel organisme se fasse uniquement avec son aval. Sa’ar, en revanche, a demandé que cette condition ne figure pas dans le procès-verbal officiel. Faute d’accord, le vote a été repoussé.
Le Premier ministre a profité de la séance pour livrer une vision critique de l’appareil diplomatique actuel. « Le rôle de l’ambassadeur a toujours été très limité, conçu selon des critères du XIXe siècle », a-t-il expliqué. « Aujourd’hui, pour influencer la politique, il faut agir directement sur ce qui influence les décideurs : l’opinion publique. »
Netanyahou a souligné l’urgence d’une « révolution » en matière de communication. « Le porte-parole de Tsahal s’adresse avant tout à l’interne, c’est insensé. La bataille aujourd’hui se joue sur TikTok, sur Twitter, ce n’est plus seulement quelques interviews télévisées », a-t-il insisté. Le chef du gouvernement a affirmé avoir consulté « les plus grands experts mondiaux », lesquels estiment que les structures israéliennes ne sont pas adaptées à cette guerre de l’image.
Cette confrontation révèle une lutte de pouvoir plus large : qui doit contrôler la voix d’Israël à l’étranger ? Pour Netanyahou, c’est une prérogative du Premier ministre, garant de la politique générale. Pour Sa’ar, le ministère des Affaires étrangères doit conserver son autonomie. Derrière cette bataille institutionnelle se cache une question cruciale : comment Israël peut-il mieux répondre à la propagande internationale qui l’accuse depuis le 7 octobre ?
Le retard pris dans la création de ce dispositif risque d’affaiblir encore la réactivité israélienne sur la scène mondiale, où les campagnes hostiles se propagent en temps réel. Mais il illustre aussi une réalité politique : même face à une guerre existentielle, la classe dirigeante israélienne peine à accorder ses violons sur l’outil diplomatique le plus stratégique du moment — la bataille de l’opinion publique.
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