De nombreuses émotions ont accompagné le public israélien au cours des deux derniers jours. Il est impossible de rester indifférent aux photos du retour de captivité de 26 femmes et enfants des bunkers de Gaza. Chaque image capturée à l’avance et confirmant l’un des noms figurant sur la liste divulguée a fourni un autre immense moment de joie accompagné d’une grande tristesse pour les 1 400 personnes assassinées et kidnappées encore dans la bande de Gaza.
Parallèlement à l’émotion, le sentiment largement répandu ces derniers jours est que ça y est, les combats sont terminés. Les voix des commentateurs dans les médias ne les ont pas vraiment étouffés. C’est pourquoi il est important de dire : ne vous laissez pas tromper par le silence, cette guerre est loin d’être terminée. Je connais très bien le plan de guerre et je l’ai étudié le mois dernier lors de réunions avec de hauts responsables de Tsahal. Selon le plan, les objectifs atteints représentent environ 40 pour cent du plan total. Je ne connais pas un seul commandant de Tsahal, depuis l’état-major jusqu’au dernier soldat qui pense que la guerre est finie. Au contraire, Tsahal travaille actuellement à la préparation de la deuxième partie de la guerre et la cible est le sud de la bande de Gaza. Même après cela, il y a d’autres parties du plan de guerre, mais on n’en parle pas encore.
Sinwar sait très bien qu’il dispose d’une fenêtre d’opportunité pour faire pression sur Israël afin qu’il mette fin aux combats. Au moment d’écrire ces lignes, le Hamas compte environ 195 prisonniers et personnes enlevées. Dans les deux prochains jours, si Sinwar ne joue pas, au moins 24 autres personnes enlevées et plusieurs autres étrangers non israéliens seront libérés. Ainsi, nous devrions terminer la première phase de la trêve avec environ 160 personnes enlevées, peut-être un peu plus – en fonction du nombre de citoyens étrangers qui seront libérés en dehors de l’accord. À l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer Sinwar continuer à en libérer dix de plus chaque jour pendant deux semaines et demie, mais dans tous les cas, même si cela se produisait, il faut tenir compte du fait qu’à un moment donné, la trêve prendra fin et Israël retournera au combat.
Et même si Israël rendait tous les kidnappés et captifs dans les deux prochaines semaines, aucun dirigeant ici n’a la légitimité pour mettre fin à la guerre alors que moins de la moitié des objectifs ont été atteints. Cette paix sera temporaire. C’est mêlé de nombreux moments de joie et de tristesse, de retour à la maison et d’acceptation de la réalité inimaginable mais temporaire. Bientôt, Tsahal retournera en territoire profond.
Par Noam Amir, journaliste militaire de Makor
