Malgré l’opposition de Donald Trump, Israël veut intégrer des entreprises chinoises au projet du métro

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C’est un dossier explosif qui oppose discrètement Jérusalem à Washington. Selon une enquête de N12, le ministère israélien des Finances envisage d’autoriser la participation d’entreprises chinoises à plusieurs projets d’infrastructures stratégiques, dont le grand métro du centre du pays, malgré l’opposition catégorique du président américain Donald Trump.

La réunion décisive aurait eu lieu la semaine dernière au ministère des Finances, avec la participation de hauts responsables des directions du budget et du contrôleur général. L’objectif : trouver une voie juridique permettant de contourner les restrictions imposées par Washington et de relancer la concurrence sur les appels d’offres, évalués à près de 65 milliards de dollars.

Depuis plusieurs mois, les États-Unis multiplient les mises en garde à Israël concernant la participation de sociétés chinoises à ses grands chantiers publics. Le gouvernement Trump considère que la Chine utilise les infrastructures civiles — ports, télécommunications, métros — pour collecter des données sensibles et développer des leviers d’influence économique et stratégique dans les pays alliés.

L’administration américaine avait déjà exprimé ses inquiétudes lors du projet de tramway de Jérusalem et de la ligne rouge du métro de Tel-Aviv, construite en partie par des consortiums asiatiques. Désormais, Washington exige des garanties : aucune entreprise liée à Pékin ne doit avoir accès à des zones jugées critiques pour la sécurité nationale israélienne.

Mais à Jérusalem, le ton se veut plus pragmatique. Des responsables du ministère des Finances affirment que la dépendance d’Israël vis-à-vis des entrepreneurs européens devient problématique : « L’Europe traverse une crise économique et géopolitique, les entreprises du Vieux Continent se retirent des marchés publics israéliens, craignant les sanctions ou les campagnes de boycott. Si nous écartons aussi les groupes asiatiques, il ne restera plus personne pour construire le métro », a confié un haut fonctionnaire au média Calcalist.

Les experts en économie publique rappellent que les groupes chinois comme China Railway Construction Corporation (CRCC) et China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC) figurent parmi les seuls capables de livrer des mégaprojets à coûts maîtrisés et dans les délais. Leur exclusion, plaident-ils, risque de faire grimper les prix et de compromettre la qualité des travaux.

Cette volonté de coopération sino-israélienne place le gouvernement dans une position délicate. Israël, allié stratégique des États-Unis, dépend de son soutien militaire et diplomatique, notamment dans le contexte des tensions persistantes avec le Hezbollah et l’Iran. Mais l’État hébreu reste aussi attentif à ses intérêts économiques : la Chine est l’un de ses partenaires commerciaux les plus importants, notamment dans les domaines des technologies vertes et de la construction.

Un responsable israélien cité par Reuters explique : « Nous comprenons les sensibilités américaines, mais notre priorité est d’éviter la paralysie de nos projets. Les entreprises chinoises ne seront pas intégrées à la planification stratégique ni aux systèmes de données sensibles. »

À la Maison-Blanche, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le porte-parole du département d’État a rappelé que « les infrastructures critiques d’un allié comme Israël ne peuvent être ouvertes aux entreprises d’un régime autoritaire qui pratique l’espionnage industriel et la captation technologique ». Selon plusieurs diplomates américains, le dossier pourrait devenir un sujet de friction directe entre le président Trump et le Premier ministre Benyamin Netanyahou lors de leur prochaine rencontre.

Pour les économistes israéliens, le dilemme est clair : comment maintenir une souveraineté économique sans compromettre l’alliance stratégique avec Washington ? Certains y voient un test grandeur nature de l’autonomie israélienne. L’ancien ambassadeur Itamar Rabinovitch estime que « si Israël cède à chaque injonction américaine, il cesse d’être un acteur indépendant. Mais s’il ignore totalement Washington, il met en danger un pilier essentiel de sa sécurité ».

La question dépasse d’ailleurs le seul cadre du métro. La Chine a investi ces dernières années dans les ports d’Haïfa et d’Ashdod, dans des infrastructures énergétiques et dans des start-up israéliennes spécialisées en cybersécurité. Cette présence économique croissante inquiète non seulement les États-Unis, mais aussi certains responsables israéliens du Shin Bet, qui redoutent des intrusions dans les réseaux sensibles.

En toile de fond, cette controverse illustre une tension géopolitique plus large : celle d’un monde fragmenté où Israël, puissance technologique et allié occidental, tente de préserver sa marge de manœuvre entre Washington et Pékin. Dans un contexte post-guerre de Gaza et de réorganisation régionale, le choix des partenaires économiques devient aussi un acte politique.

Car au-delà des rails et des tunnels, ce métro incarne la bataille silencieuse du XXIᵉ siècle : celle du contrôle des infrastructures et des données, là où se joue désormais la souveraineté des nations.

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