Vingt-cinq ans après l’un des crimes les plus barbares de l’Intifada, l’affaire du lynchage de Ramallah revient sur le devant de la scène judiciaire israélienne. L’un des condamnés, Hatem Faiz al-Maghari, ancien policier de l’Autorité palestinienne, a osé réclamer à l’État d’Israël 8 millions de shekels en guise de « compensation », arguant que la justice l’aurait lésé en dissimulant des informations pendant son procès.
Rappel des faits : le 12 octobre 2000, en pleine seconde Intifada, deux réservistes de Tsahal, le sergent-chef Yossi Avrahami et le caporal Vadim Nurzhitz, égarés à Ramallah, sont arrêtés par la police palestinienne, battus à mort et mutilés par une foule enragée dans l’enceinte même du poste de police. Les images de ce massacre ont choqué le monde entier : un homme brandissant ses mains couvertes de sang par la fenêtre, symbole de la haine anti-juive déchaînée.
En 2004, al-Maghari est condamné à la prison à vie pour participation au meurtre de l’adjudant Avrahami. Sa condamnation repose sur les déclarations d’un autre policier palestinien, Hussein al-Loh, qui avait cité huit policiers impliqués dans le passage à tabac mortel. Cinq d’entre eux ont été jugés et condamnés ; deux, « Darwish » et « Tsipi », ne l’ont jamais été.
C’est là qu’al-Maghari croit déceler une faille : selon lui, le fait que l’État ait renoncé à poursuivre ces deux hommes aurait dû semer un « doute sérieux » sur la fiabilité des témoignages… et donc sur sa propre condamnation. Il accuse Israël de ne pas lui avoir communiqué cette information, ce qui, à ses yeux, aurait changé l’issue de son procès.
En 2017, il obtient un nouveau procès. Le verdict est revu : il n’est plus reconnu coupable de meurtre mais de délits moindres – ce qui ne change rien au fait qu’il a pris part à une tuerie ignoble – et il est libéré après avoir purgé une longue peine. Fort de ce « succès », il attaque l’État en justice.
Trois juges, deux visions
Le juge Khaled Kabub estime que l’État a commis une erreur en ne transmettant pas l’information, mais reconnaît la responsabilité personnelle d’al-Maghari, qui a menti tout au long de son procès. Selon lui, l’ex-policier palestinien aurait pu recevoir 880 000 shekels, amputés de 60 % pour faute de sa part.
Les juges Ruth Ronen et Yael Wilner ne partagent pas cet avis. Pour elles, Israël n’avait aucune obligation légale de lui fournir ces détails au stade de l’appel, surtout dans un dossier où les faits sont clairs : un lynchage à mort, avec des dizaines de participants, et où la majorité des accusés cités par la source ont bien été condamnés. Elles concluent qu’aucun lien direct n’existe entre la non-communication des informations et les années de prison purgées par l’intéressé.
Verdict final : appel rejeté. L’État ne versera pas un seul shekel au meurtrier. Israël rappelle ainsi qu’il ne subventionnera pas, même indirectement, ceux qui ont du sang de soldats sur les mains.
L’affaire illustre un principe fondamental : la démocratie israélienne, si elle respecte scrupuleusement le droit, n’oublie pas pour autant la mémoire des victimes ni le devoir de justice envers les familles endeuillées. Le lynchage de Ramallah reste, dans la conscience nationale, une blessure vive – et aucune manœuvre judiciaire ne pourra effacer l’horreur de ces minutes sanglantes.
Pour comprendre le contexte historique :
- Lynchage de Ramallah – Wikipédia
- Infos-Israel.News – Solidarité avec nos soldats
- Rak BeIsrael
- Alyaexpress-News