Le tabou a sauté à Beyrouth. L’ancien ministre et ex-membre du cabinet sécuritaire libanais, Youssef Salameh, appelle ouvertement son pays à « faire la paix avec Israël » et à accepter « le diktat américain » visant le désarmement immédiat du Hezbollah. Dans un paysage politique verrouillé par la peur et les milices, la phrase sonne comme une sirène d’alarme — et comme une fenêtre d’opportunité stratégique pour Jérusalem. (חדשות סרוגים)
Selon l’entretien relayé aujourd’hui par le site Srugim, Salameh ne se cache plus derrière l’ambiguïté. « Tout sauf un vrai accord de paix avec Israël sera vain », dit-il, plaidant pour un « courage politique » qui fasse passer l’intérêt national avant les postures et les mythologies. Surtout, il accepte noir sur blanc l’exigence américaine de démanteler le Hezbollah, milice pro-iranienne qui a confisqué la souveraineté libanaise et entraîné le pays dans l’escalade contre Israël depuis le 8 octobre 2023. (חדשות סרוגים)
Le même Salameh ajoute une confession lourde : Beyrouth « s’est menti à lui-même » au sujet de la résolution 1701 de l’ONU, censée, depuis 2006, imposer une zone sans milices au sud du Litani. « Nous avons trompé le monde, nous n’avons rien appliqué, on ne nous croit plus. » L’aveu est capital : il reconnaît l’échec total de l’État libanais à faire respecter le droit international — un vide que le Hezbollah a exploité pour installer sa machine de guerre à la frontière d’Israël. Pour Jérusalem, c’est la démonstration, par un acteur libanais de premier plan, que la menace au Nord n’est pas une fatalité culturelle mais un choix politique réversible. (חדשות סרוגים)
Les réactions officielles à Beyrouth restent, pour l’heure, prudentes. Mais le contexte explique le courage inhabituel de l’ex-ministre : depuis deux ans de guerre contre le Hamas et d’échanges de feu quasi-quotidiens au Nord, le Liban paie le prix d’un « État captif ». Économie exsangue, émigration massive, infrastructures délabrées : la population voit dans l’enlisement militaire du Hezbollah une impasse nationale. Quand Salameh parle, il dit tout haut ce qu’une partie de l’élite pense tout bas : sans rupture avec la logique de milice — donc sans paix avec Israël — il n’y a pas de retour à la souveraineté.
Côté israélien, l’intérêt est clair et assumé : faire appliquer effectivement 1701 — désarmement au sud du Litani, retrait des forces promues par l’Iran — ou, a minima, ériger une nouvelle architecture de sécurité qui éloigne la menace du front domestique. L’aveu libanais facilite la plaidoirie d’Israël auprès de Washington et des Européens : la « normalisation » au Nord ne passe pas par des pirouettes diplomatiques mais par un fait simple — la fin du Hezbollah armé. Et si un ancien ministre libanais le dit, l’argument gagne en légitimité.
Reste la politique : un « accord de paix » suppose un État qui parle au nom du Liban — et contrôle son territoire. C’est précisément ce qui manque. L’option la plus réaliste, à court terme, serait un paquet américano-arabe : pression économique ciblée sur les réseaux du Hezbollah, garanties de reconstruction graduelle pour des secteurs civils, et déploiement robuste d’une force internationale réoutillée — avec des règles d’engagement qui dissuadent vraiment les tirs. Les propos de Salameh offrent à ce plan un premier vernis local.
Le message à Téhéran est, lui, limpide : l’axe iranien ne peut plus prétendre parler « au nom des Libanais ». Un ex-ministre le dit, haut et fort : l’intérêt national du Liban passe par la paix avec Israël et par le démantèlement du proxy chiite. À Jérusalem, on n’en demandait pas tant : cette parole peut être transformée en levier diplomatique — et en couverture morale — pour exiger des étapes concrètes sur le terrain. La fenêtre est mince ; elle est réelle.
Au bout du compte, ce frémissement politique au Liban résonne comme un avertissement aux tenants du statu quo : le temps des milices ne peut pas être indéfini. La région bascule vers des logiques de sécurité plus nettes, où l’ambiguïté coûte des vies. Si Beyrouth veut redevenir une capitale souveraine, l’alignement avec la stabilité — et donc avec la paix — n’est plus une option : c’est un impératif vital. (חדשות סרוגים)
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