Le groupe terroriste houthi au Yémen a annoncé l’arrestation de plusieurs dizaines d’employés des Nations unies et d’organisations humanitaires, les accusant d’avoir « fourni une aide à Israël pendant la guerre ».
Cette déclaration, d’une gravité inédite, marque un tournant dans le rapport du mouvement soutenu par l’Iran avec la communauté internationale — et suscite une vive inquiétude au sein des agences onusiennes présentes sur le terrain.
Selon le communiqué officiel des Houthis, 43 ressortissants yéménites travaillant pour diverses agences de l’ONU — notamment le Programme alimentaire mondial, l’UNICEF et des ONG partenaires — seraient détenus et traduits devant un tribunal révolutionnaire de Sanaa pour « coopération avec l’ennemi sioniste ».
Leur soi-disant crime : avoir contribué, « directement ou indirectement », à des activités de collecte de renseignements et de logistique ayant « aidé Israël dans sa guerre contre Gaza ».
Le porte-parole du mouvement houthi, cherchant à donner une apparence de légalité à cette répression, a affirmé que « toutes les procédures ont été conduites sous supervision judiciaire complète ».
En réalité, selon plusieurs diplomates à Riyad et à Djibouti, les personnes arrêtées ont été enlevées sans mandat et détenues dans des sites secrets, sans contact avec leurs familles ni assistance juridique.
« Il s’agit d’une prise d’otages politique sous couvert de justice révolutionnaire », confie un responsable onusien basé au Caire.
« Nous craignons que ces travailleurs humanitaires soient utilisés comme monnaie d’échange contre des concessions diplomatiques. »
L’annonce des Houthis a provoqué une onde de choc au sein des instances internationales. À New York, le Secrétaire général de l’ONU a exigé la libération immédiate des employés détenus, rappelant que « les attaques contre le personnel humanitaire constituent une violation du droit international ».
Pour l’heure, le mouvement houthi n’a donné aucun signe d’apaisement et continue d’accuser les agences internationales de « collusion avec les ennemis d’Allah ».
Le Comité international de la Croix-Rouge, lui aussi présent au Yémen, a dénoncé une situation « intolérable » :
« Il est impensable que des civils engagés dans l’aide humanitaire soient accusés d’espionnage. Si ces accusations sont maintenues, nous pourrions assister à de véritables exécutions politiques. »
Selon plusieurs sources régionales, le régime houthi cherche à renforcer sa position face à l’Arabie saoudite et aux États-Unis, tout en s’alignant sur la rhétorique iranienne anti-israélienne.
Depuis plusieurs mois, les Houthis mènent des attaques de missiles et de drones contre des navires liés à Israël dans la mer Rouge, se présentant comme les défenseurs de Gaza. L’arrestation des employés de l’ONU s’inscrit clairement dans cette stratégie de confrontation.
L’affaire soulève aussi la question de la sécurité du personnel international opérant dans les zones contrôlées par les milices soutenues par Téhéran.
De nombreux diplomates occidentaux redoutent que cet épisode n’entraîne un retrait massif des ONG et agences humanitaires du Yémen, aggravant encore une crise humanitaire déjà catastrophique — plus de 17 millions de Yéménites dépendent actuellement de l’aide internationale pour survivre.
Le silence officiel de Téhéran sur cette affaire contraste avec la gravité de la situation. Pour les observateurs, il s’agit d’une manœuvre politique calculée : les Houthis, bras armé de l’Iran dans la péninsule arabique, testent les limites de la tolérance internationale face à leur emprise croissante.
Au siège des Nations unies, la tension monte : si les menaces d’exécution se concrétisent, une crise diplomatique majeure pourrait éclater entre les Houthis et les pays donateurs, dont la France, l’Allemagne et les États-Unis, principaux bailleurs de fonds du programme humanitaire au Yémen.






