À la veille de la commémoration nationale, la voix d’un survivant a traversé la cérémonie : Matan Angrast, ancien otage revenu de Gaza, a prononcé un éloge funèbre poignant pour le major Daniel Peretz, son commandant tombé lors des combats du 7 octobre. Le geste, la douleur et la fidélité au lien militaire ont transformé un moment privé en symbole national.
Matan Angrast, qui a survécu à deux années de captivité, est monté au pupitre encore marqué par l’épreuve. Sa dépouille psychique porte les traces des tunnels et des chaînes, mais ses mots au micro étaient clairs et simples — un mélange de reconnaissance, d’incrédulité et d’admiration. « Je ne croyais pas que je viendrais ici », confiait-il devant la tombe de Peretz, évoquant l’absurdité d’avoir dû enterrer, sur le sol d’Israël, le commandant qu’il avait servi. Ce témoignage a ravivé un sentiment partagé : celui d’un peuple endeuillé, mais aussi d’une armée qui incarne, pour beaucoup, un rempart moral face à la barbarie.
Le contexte rend l’hommage encore plus lourd de sens. Peretz est mort au combat lors d’une opération où Matan a été enlevé — deux destinées liées par le feu de la même journée. L’image du survivant rendant hommage au chef tombé cristallise la parabole tragique de la guerre : la victoire et la perte, côte à côte. Les médias israéliens ont relayé des extraits de la cérémonie ; la réaction populaire a été immédiate, entre larmes, fierté et interrogations sur la manière de protéger à la fois les soldats et les civils.
Sur le plan politique, le discours de Matan intervient alors que le gouvernement et l’armée préparent l’après-conflit. L’émotion populaire autour de la figure de Peretz donne du poids aux décisions de la hiérarchie militaire et politique : reconnaissance des blessés, réforme des procédures de sauvegarde des troupes, et promesse de réponses fermes aux responsables des enlèvements et des massacres. Le chef d’état-major a d’ailleurs annoncé la mise en place d’une commission pour récompenser les actes de bravoure et tirer les leçons opérationnelles des échecs.
Mais l’essentiel n’est pas administratif : il est humain. Le geste de Matan — venir honorer son commandant après l’enfer — redonne du sens à la chaîne de commandement et rappelle que, derrière les communiqués, s’alignent des histoires de camaraderie et de sacrifice. Pour l’opinion publique israélienne, la scène a été un rempart contre le cynisme : elle a montré que la mémoire collective peut s’incarner dans un homme fragile et fiévreux, capable toutefois de porter haut la dignité de ses frères tombés.
Sources : comptes publics et retransmissions des cérémonies (ex. compte Instagram/X de témoins et médias), reports d’actualité fournis par la presse israélienne et chaînes locales. X (formerly Twitter)+1
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