« L’ange » démasqué — Ashraf Marwan, l’espion qui a trompé Israël : une affaire digne d’Hollywood

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Nommé « l’ange » par le Mossad, Ashraf Marwan fut longtemps célébré comme le plus précieux informateur israélien sur l’Égypte. Un nouveau dossier révèle aujourd’hui une autre vérité possible : Marwan aurait été l’acteur principal d’une vaste opération de désinformation égyptienne, destinée à plonger Israël dans la confusion à la veille de la guerre du 6 octobre 1973. Entre trahison présumée, manipulation et zones d’ombre de l’espionnage, cette histoire a tous les ingrédients d’un thriller international — et pourrait bien finir à Hollywood.

Pendant des décennies, la figure d’Ashraf Marwan a occupé une place ambiguë dans les mémoires du renseignement israélien. Petit-fils politique du régime nassérien et gendre d’un cercle de pouvoir égyptien, il devient, à partir de 1970, la source la plus prolifique d’informations sur Le Caire pour le Mossad. Ses livraisons documentaires et ses confidences ont permis d’observer de l’intérieur les préparatifs militaires et les choix des dirigeants arabes. Il était « l’homme qui savait ».

Or, selon un long dossier publié cette semaine, fondé sur des documents de renseignements inédits, la réalité serait plus complexe — et plus sombre. Ashraf Marwan aurait, durant plusieurs années, alternativement servi les intérêts israéliens et œuvré contre eux. Le reportage affirme que, dans les mois précédant la guerre d’octobre 1973, Marwan a participé à des réunions de préparation stratégique entre responsables égyptiens et syriens. Au lieu d’alerter Tel-Aviv sur la date vraie de l’offensive, il aurait transmis des avertissements erronés, voire soigneusement décalés, aux services israéliens. Résultat : des alertes imprécises, une vigilance retardée, et, au matin du 6 octobre, un État pris de court.

La portée de ces révélations est considérable. Si Marwan fut, comme le laisse entendre le reportage, un élément volontaire de « l’opération de leurre » égyptienne — alors qualifiée de chef-d’œuvre d’ingénierie psychologique — la trahison dépasse la simple faute personnelle pour devenir une manipulation stratégique. Les plus hauts responsables du renseignement israélien, y compris des figures respectées comme Shlomo Gazit, auraient été dupés. Gazit lui-même, cité dans les archives, aurait décrit Marwan comme « l’implant parfait au cœur du renseignement israélien », un homme qui a su lever les soupçons et conduire au discrédit généralisé.

La réaction officielle n’a pas manqué. Le Mossad a rapidement rejeté les allégations comme une « falsification de la réalité historique », rappelant que l’évaluation du renseignement repose souvent sur des signaux contradictoires et que l’action des agents sur le terrain ne se réduit jamais à des schémas manichéens. Pourtant, la publication de nouveaux documents réactive un débat ancien : quelle part d’erreur relève de la duplicité volontaire, et quelle part relève de l’incertitude inhérente au renseignement ?

Au-delà du détail factuel, l’affaire Marwan met en lumière deux enseignements stratégiques. D’abord, la vulnérabilité des services qui cherchent à monnayer l’« accès » au pouvoir ennemi : un informateur peut se révéler être un vecteur de désinformation. Ensuite, l’impact durable des opérations psychologiques : un mensonge bien placé peut modifier l’issue d’une bataille, la perception publique et la mémoire nationale.

Sur le plan humain, l’histoire est celle d’un homme pris entre loyautés familiales, ambitions personnelles et jeux géopolitiques. Elle pose des questions morales : peut-on comprendre — et pardonner — la duplicité lorsqu’elle s’enracine dans des logiques de survie ou d’intérêt national ? Qui décide en dernière instance de la frontière entre l’agent utile et le traître ?

Dans un autre registre, le matériau fait rêver les scénaristes. Trahisons, appartements feutrés, documents top secrets, réunions nocturnes à la frontière du Caire, hauts responsables manipulés : tous les ingrédients d’un grand film d’espionnage sont réunis. Hollywood — qui a longtemps exploité la lumière crue du renseignement pour ses récits — trouverait là une saga à la fois épique et intime. Un film pourrait suivre l’ascension de Marwan, son ambivalence morale, la tension tragique du 5 au 6 octobre, et la postérité d’un mensonge qui changea la face d’une guerre.

Plus qu’un simple biopic, l’adaptation pourrait interroger le spectateur sur la nature même de la vérité en temps de guerre. Elle inviterait à comprendre comment l’information peut être façonnée, trafiquée et utilisée comme arme stratégique. Le personnage central — fascinant et répulsif — offrirait un rôle en or à un acteur cherchant une complexité morale à l’écran.

Quelles que soient les conclusions historiques, le procès de la mémoire commence aujourd’hui. L’affaire Ashraf Marwan rouvrira des plaies, suscitera débats et réécritures, et, vraisemblablement, donnera aux créateurs de cinéma matière à une œuvre qui tentera de capturer l’ambivalence d’un homme et l’ironie cruelle de l’histoire : celui qui fut appelé « l’ange » aura peut-être offert à la postérité un récit plus trompeur encore que ses propres messages.

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