Alors qu’un fragile espoir de normalisation renaît au Proche-Orient, un nouvel épisode d’antisémitisme déguisé en militantisme pro-palestinien a choqué les réseaux sociaux : un complexe hôtelier de la station de ski Hakuba, au Japon, a déclaré explicitement refuser les citoyens israéliens. L’affaire, révélée par la guide touristique Marona Miyake Myhill, a provoqué une onde d’indignation parmi les voyageurs et diplomates israéliens.
« Nous ne recevons pas de clients israéliens », a répondu sans détour le responsable du site, un ressortissant australien nommé Justin, dans une correspondance écrite avec la jeune agente de voyages.
Cette réponse, assortie de remarques politiques sur la guerre à Gaza, a été jugée non seulement choquante, mais illégale selon la législation japonaise.
Une discrimination fondée sur la nationalité
Marona, 28 ans, travaille à Tokyo dans la planification de séjours pour les touristes israéliens. En préparant des vacances d’hiver dans la région de Nagano, elle a contacté plusieurs hôtels du groupe Hakuba Lodge Co-op, qui exploite 17 établissements dans les stations d’Hakuba, Nozawa et Madarao.
La réponse du directeur australien a été sans équivoque : non seulement il refusait d’héberger des Israéliens, mais il ajoutait ironiquement que ceux-ci devraient « venir reconstruire la Palestine ».
Face à cette prise de position ouvertement raciste, Marona a publié la capture d’écran de la conversation dans un groupe Facebook de 26 000 membres, alertant les voyageurs :
« Évitez les établissements gérés par Hakuba Lodge Co-op tant que la situation n’est pas réglée. »
La loi japonaise interdit formellement ce type de refus
La jeune femme a aussitôt déposé plainte auprès des plateformes de réservation Booking.com et Agoda, rappelant que ce comportement viole le Hotel Business Act, article 5, qui interdit toute discrimination fondée sur la nationalité. Elle a également saisi l’ambassade d’Israël à Tokyo.
« C’est un cas flagrant d’exclusion illégale et immorale », écrit-elle dans son signalement officiel.
Les plateformes concernées ont ouvert une enquête interne. Booking a déjà suspendu par le passé plusieurs établissements ayant affiché des clauses discriminatoires à l’égard de ressortissants israéliens, notamment en Asie du Sud-Est.
L’affaire prend une dimension symbolique
Dans un contexte international où les boycotts “culturels” d’Israël se multiplient, ce refus prend une portée particulière. Il illustre la manière dont le conflit israélo-palestinien est instrumentalisé jusqu’au Japon, un pays pourtant reconnu pour sa neutralité politique et son sens aigu de l’hospitalité.
Marona souligne que ce comportement ne reflète en rien la culture japonaise :
« Je vis ici, je suis citoyenne japonaise et je travaille avec des Israéliens depuis des années. Les Japonais sont courtois, respectueux et accueillants. Cet homme n’est même pas Japonais. Il agit contre tous les principes de l’hospitalité nippone. »
Une réaction ferme de la communauté touristique
Plusieurs professionnels du tourisme à Hakuba ont exprimé leur gêne. David, un collaborateur australien ayant travaillé avec Justin, affirme :
« Je le connais depuis 2020, jamais je n’avais entendu de propos hostiles envers Israël. Mais après cet incident, j’ai rompu tout contact. Je ne recommanderai plus aucun de ses hébergements à mes clients israéliens. »
Les associations locales craignent désormais une atteinte à l’image internationale de la station, très prisée des touristes étrangers, notamment australiens, coréens et israéliens.
Une mise au ban morale
Sur les réseaux sociaux, les internautes israéliens ont rapidement réagi :
« Si le Japon ferme ses pistes à Israël, nous fermerons nos portefeuilles », a écrit un utilisateur sur X.
« L’antisémitisme n’a pas besoin de passeport — il trouve toujours un prétexte », a commenté un autre.
Le message de Marona, partagé des milliers de fois, a également suscité des messages de soutien d’habitants japonais, embarrassés par ce comportement. Certains internautes ont rappelé que la Tchéquie ou la Grèce, au contraire, multiplient les initiatives pour accueillir les touristes israéliens en signe d’amitié.
Israël appelle à une clarification
Le ministère israélien des Affaires étrangères a indiqué suivre l’affaire « avec sérieux », précisant que « la liberté de choix commercial ne saurait justifier la haine nationale ». L’ambassade à Tokyo a contacté le ministère japonais du Tourisme, qui a promis d’examiner le dossier.
Si la direction de Hakuba Lodge Co-op garde le silence, plusieurs sources affirment que ses hébergements ont déjà perdu leur visibilité sur certaines plateformes de réservation en raison des signalements massifs.
Quand l’antisémitisme se cache derrière la politique
Cet incident révèle une tendance plus large : la montée d’un antisémitisme mondialisé, dissimulé sous des slogans pseudo-humanitaires. Derrière l’apparence d’un “boycott politique”, il s’agit d’un refus de la présence juive, où qu’elle soit.
Le Japon, longtemps épargné par ce fléau, se retrouve malgré lui confronté à un import idéologique venu d’Occident. Mais la société japonaise, profondément attachée à la politesse et à la neutralité, ne tolérera pas longtemps ce type d’attitude.
En attendant, les voyageurs israéliens sont invités à vérifier les conditions d’accueil avant toute réservation. L’incident d’Hakuba, s’il reste isolé, agit comme un rappel : même au pays du Soleil levant, les préjugés peuvent parfois tomber comme une ombre sur la neige.
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