Ce lundi soir à 20 heures, Israël s’apprête à recevoir la dépouille d’un otage tué à Gaza, restituée par le Hamas après de longues négociations. La cérémonie, placée sous haute sécurité, marque un moment de recueillement national autant qu’un rappel brutal : la guerre n’est pas terminée, même lorsque le silence tombe sur les armes.
La nouvelle est tombée en milieu de journée. D’après les informations rapportées par Amit Segal, les autorités israéliennes se préparent à accueillir ce soir le corps d’un captif identifié par Tsahal et remis par le Hamas sous la supervision du mécanisme américain.
Un transfert discret, soigneusement encadré, qui symbolise à la fois une victoire morale et une déchirure profonde.
« Ce n’est pas une libération, c’est un adieu », a confié un proche d’une famille d’otage à Infos-Israel.News.
Un retour sans paix
Le protocole est désormais rodé : coordination entre le Shin Bet, Tsahal et le ministère de la Défense ; transport de la dépouille vers une base militaire, identification médicale et religieuse, puis transfert vers la famille.
Mais derrière cette organisation, chaque cérémonie reste une plaie ouverte. La récupération des corps d’otages n’est pas seulement un devoir national — elle est devenue le miroir moral de la société israélienne, cette société qui ne laisse jamais ses enfants derrière elle, même tombés en territoire ennemi.
L’attente autour de ce rapatriement a été marquée par un silence lourd. Malgré la reprise du cessez-le-feu, le Hamas n’a donné aucune garantie formelle sur la remise des dépouilles restantes, jouant encore une fois sur la sensibilité morale d’Israël.
Le visage du deuil : Yaniv Kula
Le pays est encore sous le choc de la mort du capitaine Yaniv Kula, 26 ans, tombé lors d’un affrontement à Rafah. Son père, lors de l’enterrement sur le mont Herzl, a prononcé des mots qui ont bouleversé la nation :
« L’orgue et la guitare sont restés orphelins, protège-nous d’en haut. »
Cette phrase, simple et poétique, est devenue virale sur les réseaux sociaux israéliens. Elle incarne la douleur d’un peuple qui, malgré la guerre, continue de chanter, prier et espérer.
Pour beaucoup, le retour des corps — qu’ils soient identifiés ou encore à venir — prend désormais une valeur quasi sacrée : celle du rassemblement des âmes dispersées.
Un rituel de souveraineté
Israël a fait de cette promesse un pilier de sa doctrine militaire : ramener les siens, vivants ou morts.
Chaque restitution de dépouille est un acte de souveraineté autant qu’un acte d’humanité.
Les familles savent que l’État ne les oubliera pas ; les soldats savent qu’ils ne seront jamais abandonnés.
Ce lundi soir, lorsque le convoi funéraire traversera la base aérienne du sud, les drapeaux seront en berne, les sirènes militaires retentiront, et tout un pays retiendra son souffle.
« Le Hamas peut retenir des corps, mais il ne retiendra jamais nos valeurs », a déclaré un officier de réserve.
La guerre des symboles
Pour le Hamas, ces restitutions contrôlées sont une arme diplomatique : elles servent à maintenir un contact politique avec les médiateurs et à manipuler l’émotion publique israélienne.
Pour Israël, c’est tout l’inverse : chaque corps rapatrié est une victoire morale, un rappel du lien indestructible entre l’armée, l’État et le peuple.
Dans le même temps, les opérations se poursuivent au nord contre le Hezbollah et à Gaza contre les cellules dormantes du Hamas. La guerre continue, mais le cœur du pays bat ce soir au rythme du deuil.
Un pays debout, même dans la douleur
Alors que la nuit tombera sur Jérusalem, les écrans de télévision diffuseront les images du cortège funèbre. Ce sera à la fois un moment de silence et de fierté : la démonstration que, même face à la barbarie, Israël reste une nation de vie et de mémoire.
Dans ce conflit où chaque victoire militaire semble fragile, c’est peut-être cela, le triomphe le plus durable : ne jamais perdre son humanité.
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