La diplomatie n’est pas un dîner mondain, surtout quand il s’agit d’Israël. Hier, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a annoncé une mesure de rétorsion sans équivoque : les représentants officiels australiens opérant auprès de l’Autorité palestinienne verront leurs visas israéliens suspendus. Cette décision fait suite à deux provocations venues de Canberra : le refus d’octroyer un visa au député Simcha Rothman et à l’ancienne ministre de la Justice Ayelet Shaked, mais aussi la déclaration tapageuse du Premier ministre Anthony Albanese affirmant que son gouvernement reconnaîtrait un « État palestinien » dès le mois prochain.
Israël a envoyé un message clair : on ne joue pas impunément avec la sécurité et la légitimité de l’État juif. Selon les consignes transmises par Saar, l’ambassade d’Israël à Canberra devra désormais examiner au cas par cas toute demande officielle australienne de séjour. Pour les diplomates en poste à Ramallah, qui résident en Israël et passent quotidiennement la frontière pour travailler, cette décision équivaut à une épée de Damoclès au-dessus de leur statut. Une réplique symétrique à celle déjà appliquée aux diplomates norvégiens lorsque leur gouvernement avait pris des mesures similaires.
Saar ne s’est pas contenté de mesures administratives. Il a dénoncé sans détour l’hypocrisie australienne : « Au lieu de lutter contre l’antisémitisme qui se déchaîne aujourd’hui dans les rues de Sydney et de Melbourne, avec des attaques contre des Juifs et des institutions juives, le gouvernement préfère stigmatiser Israël et ses représentants. Cette politique alimente directement la haine antisémite qu’ils prétendent combattre. »
L’affaire Rothman a été la goutte d’eau. La veille de son arrivée prévue en Australie pour des événements communautaires, Canberra a annulé sa demande de visa. Le ministre de l’Intérieur Tony Burke a justifié sa décision par une phrase choc : « Si vous venez ici pour semer la haine et la division, nous ne voulons pas de vous. » Traduction : défendre la souveraineté d’Israël et appeler à la destruction du Hamas équivaut désormais, selon Canberra, à « inciter à la haine ». Un glissement sémantique dangereux qui a déclenché une polémique au sein même du pays. Le parti travailliste au pouvoir est accusé de fermer les yeux sur les militants pro-Hamas tout en sanctionnant les élus israéliens.
Rothman, dont les positions consistent principalement à rejeter l’idée d’un État palestinien et à affirmer la nécessité d’anéantir le Hamas, a été diabolisé par un gouvernement qui se veut « inclusif ». Ironie : dans une Australie confrontée à une montée de la radicalisation islamiste, interdire l’entrée d’un député israélien devient une manière commode de calmer « les sensibilités musulmanes » locales.
Ayelet Shaked, elle aussi, a été refoulée lors d’un précédent déplacement. Venue participer à une conférence stratégique de l’AIJAC (Australian Israel & Jewish Affairs Council), elle a vu sa demande de visa rejetée sous prétexte de son opposition à la création d’un État palestinien. Sa réaction a été cinglante : « La décision du gouvernement travailliste illustre sa duplicité et son hostilité manifeste envers Israël. » Quant au militant israélo-américain Hillel Fuld, connu pour ses campagnes de hasbara (diplomatie publique), il a subi le même sort.
La déclaration d’Albanese, annonçant la reconnaissance d’un État palestinien, a placé l’Australie dans le camp des pays européens comme la France et le Royaume-Uni, ainsi que le Canada, qui ont récemment fait le même choix. L’ambassadeur d’Israël en Australie, Amir Maimon, a dénoncé une décision « prise sous pression internationale » et a rappelé que Canberra avait trahi l’esprit de coopération stratégique entre les deux pays.
Ce bras de fer diplomatique illustre un malaise plus profond. Alors que l’Australie se présente comme un champion des droits de l’homme, son gouvernement ferme les yeux sur la montée de l’antisémitisme sur son sol, préférant pointer Israël du doigt pour complaire à certains électorats. Une stratégie à courte vue qui, à Jérusalem, est perçue comme un abandon de la solidarité historique entre deux démocraties occidentales.
Israël, fidèle à sa ligne de fermeté, rappelle qu’il n’est pas question de céder aux chantages politiques ou aux gesticulations idéologiques.
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