La nuit a été longue et angoissante pour les élèves d’un lycée en voyage scolaire à Eilat. Vingt-cinq adolescents, âgés de 16 à 17 ans, ainsi que plusieurs enseignants ont été évacués en urgence vers le centre médical Yosseftal après avoir souffert de violentes nausées, vomissements et douleurs abdominales. L’incident, survenu alors que le groupe séjournait dans un hôtel de la ville, rappelle une fois encore la fragilité des systèmes de contrôle sanitaire dans les grands complexes touristiques du sud du pays, particulièrement durant les périodes de forte affluence.
L’hôpital Yosseftal a confirmé dans un communiqué que les premiers symptômes sont apparus dans la soirée, entraînant un afflux continu de jeunes affaiblis, certains incapables de se tenir debout. Les équipes médicales ont immédiatement administré des perfusions, des traitements anti-nauséeux et des médicaments destinés à stabiliser les élèves les plus touchés. Plusieurs adolescents ont pu rentrer après observation, mais d’autres ont été gardés en hospitalisation courte pour surveillance rapprochée. Selon le Dr Daher Agbaria, directeur des urgences du centre Yosseftal, « les symptômes correspondent clairement à une intoxication alimentaire, mais l’origine exacte doit encore être établie ».
La réaction du personnel hospitalier souligne la gravité de la situation. Anath Ben Moshe, cheffe des infirmières du service, a décrit un afflux « inhabituel », les élèves arrivant par vagues successives, accompagnés de professeurs eux-mêmes très inquiets. « À un moment donné, nous avons compris que ce n’était pas une série de cas isolés mais un événement massif », a-t-elle affirmé. Selon les témoignages recueillis, les premiers signes sont apparus quelques heures après le dîner à l’hôtel. Les parents, alertés au cœur de la nuit, ont été informés en temps réel de l’état de leurs enfants.
Ce type d’incident n’est malheureusement pas inédit en Israël. Ces dernières années, plusieurs cas d’intoxications dans des hôtels ou restaurants ont été recensés, notamment dans des zones touristiques comme la mer Morte ou Tibériade. Selon les données du ministère de la Santé publiées en 2024, environ 3 000 cas d’intoxications alimentaires collectives sont rapportés chaque année, la plupart en raison d’un mauvais stockage des aliments, d’erreurs dans la chaîne du froid ou d’une contamination bactérienne — Salmonella et E. coli étant les agents les plus fréquemment identifiés. L’environnement chaud d’Eilat et la forte rotation des visiteurs augmentent ces risques.
Le ministère de la Santé a été immédiatement informé de la situation, comme l’exige le protocole. Des inspecteurs devraient être dépêchés dans l’hôtel concerné pour prélever des échantillons alimentaires, vérifier les cuisines et analyser les conditions de conservation. Si la responsabilité de l’établissement venait à être confirmée, celui-ci s’exposerait à une fermeture temporaire, voire à des poursuites administratives. En 2023, plusieurs hôtels de la région d’Eilat avaient déjà reçu des avertissements pour non-respect des normes sanitaires, un problème récurrent dans l’industrie hôtelière locale.
Sur le plan humain, la scène vécue au centre Yosseftal n’a laissé personne indifférent. Une enseignante accompagnatrice, interrogée par Walla! News, a raconté une nuit d’angoisse : « Ils vomissaient sans arrêt. Nous étions à l’hôpital depuis dix heures du soir, et les admissions n’arrêtaient pas. Les enfants étaient épuisés, certains en pleurs ». D’autres témoins évoquent un hôtel dépassé par les événements et des tentatives tardives de calmer les élèves. Pour les familles, l’essentiel reste le rétablissement complet des adolescents, même si beaucoup exigent déjà une enquête rigoureuse.
Cet incident soulève également des questions plus larges. Les voyages scolaires à Eilat sont très fréquents et impliquent chaque année des dizaines de milliers d’élèves. Les écoles font confiance aux hôtels partenaires, mais la multiplication des alertes sanitaires pourrait demain imposer de nouvelles directives : contrôles renforcés, certifications obligatoires, audits surprises. Le ministère de l’Éducation, pour sa part, a assuré suivre de près la situation et a promis de « tirer toutes les conclusions nécessaires » une fois l’enquête du ministère de la Santé achevée.
L’épisode rappelle en outre les défis propres à Eilat, ville dont l’économie repose entièrement sur le tourisme. L’afflux saisonnier et le rythme intensif imposé aux infrastructures peuvent créer des failles. Le maire d’Eilat avait déjà alerté en 2024 sur la nécessité d’investir dans la formation du personnel hôtelier et dans des systèmes de contrôle plus stricts. Mais comme souvent, ces recommandations restent en suspens jusqu’à ce qu’un drame soit évité de justesse.
Pour l’heure, l’hôpital Yosseftal assure que la majorité des adolescents devraient quitter l’établissement dans la journée ou le lendemain, et leur état n’inspire plus d’inquiétude. Une bonne nouvelle dans une nuit qui aurait pu virer à la catastrophe. Mais pour les parents, les enseignants et le public israélien, le dossier ne se refermera pas si vite : la confiance dans les infrastructures touristiques est à nouveau ébranlée, et chacun attend les résultats de l’enquête pour comprendre comment un groupe de mineurs a pu être exposé à un tel danger.






