Ils dénoncent Israël dans les médias… tout en profitant de ses ressources vitales

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L’accord gazier entre Israël et l’Égypte n’est pas un simple contrat commercial. Il constitue un événement stratégique majeur, à la fois politique, économique et géopolitique, qui illustre avec une clarté presque brutale les contradictions persistantes du monde arabe vis-à-vis d’Israël. D’un côté, une hostilité publique entretenue dans les médias et les discours politiques ; de l’autre, une dépendance croissante à l’égard des ressources énergétiques israéliennes, devenues indispensables à la stabilité régionale.

Le nouvel accord signé entre Jérusalem et Le Caire prévoit le doublement des exportations de gaz israélien vers l’Égypte par rapport à l’accord initial de 2018. Il lie les deux pays sur le long terme et renforce considérablement la place d’Israël comme puissance énergétique régionale, en complément de son poids diplomatique et militaire. Pour l’Égypte, ce gaz n’est pas un luxe : il est vital. Avec près de 120 millions d’habitants, une industrie sous tension et une dette extérieure dépassant les 155 milliards de dollars, toute alternative à l’approvisionnement israélien serait économiquement désastreuse.

Le gaz extrait notamment du champ offshore Léviathan permet à l’Égypte de faire fonctionner ses centrales, de stabiliser son réseau électrique et de maintenir ses exportations de gaz liquéfié vers l’Europe. Sans cet apport, Le Caire serait contraint d’importer à des prix bien plus élevés, aggravant une crise économique déjà profonde. Cet accord démontre que, contrairement à la rhétorique habituelle, la coopération avec Israël profite directement aux intérêts nationaux égyptiens.

Pourtant, sur le plan intérieur, le régime du président Abdel Fattah al-Sissi avance avec prudence extrême. Depuis la guerre à Gaza, la sensibilité de l’opinion publique égyptienne à toute normalisation avec Israël s’est accrue. Les autorités ont tenté de minimiser la portée politique de l’accord, allant jusqu’à le présenter comme un arrangement purement commercial entre entreprises, voire comme un contrat impliquant des sociétés américaines et égyptiennes — comme si le gaz ne provenait pas des eaux économiques israéliennes.

Les Frères musulmans ont immédiatement condamné l’accord, tandis que les médias proches du pouvoir ont adopté une ligne ambiguë : critiques implicites d’Israël d’un côté, silence discret sur la dépendance énergétique de l’autre. Cette attitude n’est pas nouvelle. Déjà en 2018, lors du premier accord gazier, Sissi avait déclaré à son peuple : « Nous avons marqué un but », présentant l’Égypte comme la grande gagnante. Aujourd’hui, le contexte régional rend ce discours beaucoup plus délicat.

Cette duplicité résume parfaitement l’expression populaire : « aller avec, mais ressentir sans ». Plus de 46 ans après la signature du traité de paix entre Israël et l’Égypte, la normalisation reste un tabou émotionnel pour une partie significative de la société égyptienne. Le même phénomène s’observe en Jordanie, où certains milieux politiques continuent de vilipender Israël tout en sachant pertinemment que, sans le gaz et l’eau israéliens, le royaume n’aurait tout simplement pas pu survivre. Dans le monde arabe, Israël est souvent condamné publiquement tout en étant indispensable dans les faits.

Au-delà de la relation bilatérale, l’accord gazier revêt une importance régionale majeure, notamment face à l’expansion de l’influence turque en Méditerranée orientale. En 2019, Israël et l’Égypte ont été à l’origine de la création du Forum du gaz de la Méditerranée orientale, un consortium inédit réunissant également Chypre, la Grèce, la Jordanie, l’Autorité palestinienne et l’Italie. L’objectif était clair : contrer les ambitions maritimes de la Turquie, qui avait signé un accord controversé avec le gouvernement libyen pour redessiner des zones économiques exclusives au détriment de plusieurs États riverains.

Dans ce contexte, l’Égypte joue un rôle clé pour Israël. Faute de pipeline direct vers Chypre, les installations de liquéfaction égyptiennes d’Idku et de Damiette sont essentielles pour acheminer le gaz israélien vers les marchés européens. Cette interdépendance énergétique crée une communauté d’intérêts stratégique, même lorsque les relations politiques sont glaciales.

La question centrale demeure toutefois entière : Israël saura-t-il transformer ce succès énergétique en levier diplomatique ? Le dialogue bilatéral est aujourd’hui à un niveau historiquement bas. Il n’y a plus d’ambassadeurs en poste depuis plus d’un an et demi, les rencontres ministérielles sont inexistantes et les médias égyptiens continuent d’alimenter une hostilité constante envers Israël. Des sujets sensibles — violations égyptiennes dans le Sinaï, activités de drones le long de la frontière, coordination sécuritaire — exigent pourtant un dialogue direct et régulier.

Une rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le président Sissi est évoquée à Washington sous l’égide du président américain, mais l’absence de contacts directs dans la région même souligne une anomalie préoccupante. Une paix qui ne s’entretient pas politiquement finit par s’éroder, même lorsqu’elle repose sur des intérêts économiques solides.

L’accord gazier prouve une chose essentielle : la paix produit des dividendes concrets. Mais tant que la coopération avec Israël restera un sujet honteux dans le discours public arabe, cette paix demeurera fragile, asymétrique et incomplète. Israël fournit l’énergie, l’eau et la stabilité — tout en étant vilipendé à la télévision. La question n’est donc pas de savoir si cette coopération est utile. Elle l’est déjà. La vraie question est : quand cessera-t-on de la nier publiquement ?


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