À mesure que les tensions mondiales s’accroissent, la communauté juive américaine traverse une période d’inquiétude sans précédent. Dans un entretien accordé à Ynet (source : https://www.ynet.co.il), Ilan Carr, directeur général de l’IAC – l’Israeli-American Council – tire la sonnette d’alarme : l’antisémitisme s’enracine désormais dans le courant dominant, s’exprime dans les urnes, dans les universités et à travers les institutions publiques. Selon lui, si New York élit un maire aux propos ouvertement hostiles à Israël et aux Juifs, « cela peut arriver partout ».
Carr, avocat, ancien procureur à Los Angeles, officier de réserve de l’armée américaine et ex-envoyé spécial du président Donald Trump pour la lutte contre l’antisémitisme, dirige l’IAC depuis octobre 2023 — quelques jours avant l’attaque du 7 octobre. « Je suis entré directement dans le feu », confie-t-il.
« Les Juifs n’ont plus le sentiment d’être au centre, mais d’être repoussés en marge »
L’entretien commence par le sujet qui préoccupe le plus les familles juives américaines : l’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York, figure politique connue pour ses positions antisionistes. Pour Carr, la signification dépasse de loin les frontières de la ville :
« Si un homme qui parle ainsi peut être élu dans la plus grande ville juive du monde hors d’Israël, c’est la preuve que les idées antisémites ont infiltré le mainstream américain. »
Selon lui, la communauté se sent désormais déplacée, marginalisée :
« Les Juifs et les Israéliens-Américains ont été un pilier dans l’histoire des États-Unis. Aujourd’hui, nous avons le sentiment d’être repoussés vers la périphérie. »
Sur les campus : une hostilité persistante malgré la fin des blocages
Carr décrit une atmosphère étouffante dans les universités américaines. Même si les barrages et campements pro-Hamas ont disparu, « l’hostilité, elle, reste quotidienne ». Il cite des cas où :
- Des étudiants cachent leur Magen David.
- D’autres retirent leurs t-shirts pro-Israël.
- Certains hésitent à parler hébreu en public.
« Les étudiants juifs sont encore effrayés. Nous travaillons avec des jeunes très courageux qui restent en première ligne, et nous sommes là pour les soutenir. »
Dès octobre 2023, l’IAC a organisé l’une des plus grandes manifestations pro-Israël à Times Square, mobilisant des dizaines de milliers de participants. Le mouvement a ensuite traversé les campus du pays : UCLA, MIT, Columbia.
Carr revendique une approche directe :
« Nous avons été plus agressifs que d’autres. Peut-être que c’est l’esprit israélien, mais ça a fonctionné. »
Dans les écoles publiques : « On dit à des enfants juifs qu’ils n’ont pas le droit de se plaindre »
La situation est encore plus préoccupante dans l’enseignement primaire et secondaire. Carr révèle à Ynet que l’IAC a déjà traité « plus de 700 cas d’antisémitisme dans les écoles et sur les campus ».
Les exemples qu’il cite sont glaçants :
- Des enseignants affirmant qu’Israël commet un génocide.
- Des cours décrivant les Israéliens comme des oppresseurs.
- Des élèves juifs victimes de harcèlement à qui l’on répond :
« Vous n’avez pas le droit de vous plaindre — les Israéliens tuent des Palestiniens. »
L’IAC a formé plus de 3 000 enseignants à reconnaître l’antisémitisme, à comprendre le sionisme et à replacer la réalité israélienne dans son contexte.
Carr raconte notamment l’exemple de Beverly Hills, où l’ensemble du réseau éducatif a été formé à la demande des autorités scolaires.
L’arme politique : replacer la communauté au cœur des décisions locales
Pour Carr, la leçon est claire : la bataille ne se gagne pas seulement dans la rue, mais dans les institutions locales.
Il explique que la majorité des Israélo-Américains ignorent l’importance des élections locales — écoles, municipalités, conseils de district — alors que « ce sont exactement ces lieux qui déterminent les programmes scolaires, les règles disciplinaires et le climat civique ».
L’IAC pousse désormais les familles à s’impliquer :
- Comprendre quels candidats soutiennent une ligne équitable.
- Questionner les élus.
- Mobiliser les électeurs juifs lors des scrutins municipaux.
« Si nous ne votons pas, l’ennemi occupe les institutions. »
L’organisation a déjà envoyé des questionnaires à près de 100 candidats locaux dans le New Jersey — tous ont répondu, « parce qu’ils ont compris que nous représentons une vraie force ».
Un mouvement devenu central après le 7 octobre
Depuis l’attaque du Hamas, l’IAC est devenu l’un des acteurs les plus influents de la communauté juive américaine. Il a organisé :
- Les premières manifestations massives à Times Square.
- Le fameux « Shabbat vide » devenu symbole mondial.
- Des mobilisations continues dans plusieurs États.
Carr décrit « des divisions de soldats civils » prêtes à intervenir partout dans le pays.
Deux réalisations majeures ont marqué 2024–2025 :
- L’IAC a été admis à l’unanimité à la Conférence des présidents des organisations juives majeures des États-Unis.
- Il a obtenu quatre sièges au Congrès sioniste mondial, une première dans son histoire.
Préserver l’identité : un enjeu aussi vital que la lutte contre la haine
L’IAC a été fondé pour répondre à un problème crucial : le taux d’assimilation très élevé parmi les Israéliens-Américains.
Pour Carr, la guerre du 7 octobre a réveillé quelque chose de fondamental :
« Ils veulent investir dans leur identité. Ils veulent se reconnecter à Israël. »
L’IAC développe aujourd’hui des programmes pour les enfants et adolescents, multipliant les événements qui renforcent l’identité et le lien culturel.
« Nous ne faisons pas qu’amener les Israéliens vers le monde juif américain », conclut Carr.
« Nous amenons les Juifs américains vers l’expérience israélienne. C’est seulement avec une identité unifiée que nous construirons un avenir fort. »
Un rendez-vous majeur : le sommet IAC de 2026
En janvier 2026, l’IAC tiendra son 10ᵉ sommet annuel, à Hollywood (Floride).
Il s’agit du plus grand rassemblement pro-israélien d’Amérique du Nord, avec plus de 5 000 participants attendus : survivants libérés, élus des deux partis, entrepreneurs, universitaires et philanthropes.
Donald Trump, président en exercice, a été invité. Il est déjà intervenu lors des éditions précédentes.






