Haïfa, 15 juin 2025 – Une frappe ciblée, attribuée à l’Iran, a atteint ce week-end le complexe pétrochimique de Bazaan (Bazan Group), situé dans la baie de Haïfa, provoquant des dégâts matériels à l’infrastructure sans faire de blessés. Cet événement marque une escalade symbolique et stratégique dans la guerre en cours, en touchant l’un des cœurs industriels les plus sensibles d’Israël.
Un site stratégique dans la ligne de mire
Le complexe pétrochimique de Bazaan, propriété du groupe Oil Refineries Ltd., est depuis longtemps considéré comme une cible potentielle en cas de conflit régional, en raison de son rôle critique dans l’approvisionnement en énergie et en matières premières chimiques pour l’économie israélienne. Situé à proximité de zones densément peuplées, le site est aussi un sujet de débat environnemental récurrent.
La direction de Bazaan, dirigée par Assaf Almogor sous la présidence du général de réserve Moshe Kaplinsky, a publié une déclaration officielle confirmant une « atteinte ponctuelle à des conduites de transport reliant des installations du complexe », survenue dans la nuit du 14 au 15 juin. Les lignes concernées servent à acheminer du pétrole brut et des produits dérivés entre les unités du site.
Une opération maîtrisée : pas de blessés, mais des installations mises à l’arrêt
Malgré la puissance de la frappe et l’inquiétude suscitée par un incendie potentiel ou des fuites toxiques, la société a rassuré le public : aucune victime n’est à déplorer, et les protocoles d’urgence ont été immédiatement appliqués.
Certaines installations ont été temporairement mises hors service par mesure de sécurité. « Les raffineries continuent de fonctionner », précise le communiqué de l’entreprise, « mais certaines unités de traitement en aval ont été arrêtées de manière contrôlée. »
Cette réaction rapide démontre la préparation du site à une situation de crise, mais rappelle aussi sa vulnérabilité. En pleine guerre régionale, la moindre perturbation dans l’approvisionnement énergétique peut avoir des conséquences en chaîne sur l’économie et la vie quotidienne.
Une escalade délibérée de Téhéran ?
Le choix de viser un site industriel majeur à l’intérieur du territoire israélien pourrait signaler un changement de paradigme dans les tactiques iraniennes. Jusqu’ici, la plupart des frappes visaient des cibles militaires ou symboliques ; frapper Haïfa, et qui plus est ses infrastructures industrielles, marque un tournant.
Des analystes estiment que Téhéran cherche à étendre le coût de la guerre à la sphère civile et économique, afin de provoquer une pression intérieure sur le gouvernement israélien. Une guerre asymétrique dans laquelle l’arrière devient aussi vulnérable que le front.
Le dilemme de la dissuasion : attaquer ou protéger ?
Cette attaque ravive aussi le débat sur la sécurité des installations critiques en Israël. Depuis des années, des ONG environnementales et des experts en sécurité mettent en garde contre le danger que représente la concentration d’usines chimiques dans la baie de Haïfa.
Si les mesures de sécurité ont fonctionné cette fois, il n’en reste pas moins que le risque reste élevé. Des responsables municipaux appellent déjà à un audit de sécurité national sur tous les complexes stratégiques du pays.
L’économie israélienne sur la corde raide
Même si les dégâts matériels restent localisés, la symbolique d’une attaque sur Bazaan est lourde. Israël dépend de cette infrastructure non seulement pour sa production d’énergie, mais aussi pour des milliers d’emplois, de la production de plastiques, de carburants, et de nombreux dérivés chimiques utilisés dans l’agriculture, la pharmacie et l’industrie de défense.
Les marchés israéliens, déjà nerveux depuis l’ouverture de la deuxième front avec l’Iran, ont accusé le coup. L’indice TA-35 a enregistré une légère baisse ce matin, notamment dans le secteur industriel. Les observateurs s’attendent à une volatilité accrue si d’autres installations sont ciblées.
Le gouvernement reste prudent mais ferme
Le gouvernement israélien n’a pas encore officiellement commenté l’incident, mais selon des sources de sécurité, les représailles sont à l’étude. L’armée de l’air israélienne continue de mener des frappes en territoire iranien, ciblant principalement des installations militaires. Toutefois, si les Iraniens persistent à frapper des cibles économiques, Israël pourrait réévaluer ses priorités opérationnelles.
Des discussions sont également en cours au sein du cabinet de guerre pour améliorer la protection des sites sensibles, notamment via le renforcement des dômes de fer autour de zones industrielles ou le déplacement progressif de certaines installations hors de zones densément peuplées.
Une alerte pour les civils : le front intérieur est désormais une cible
Pour la population israélienne, ce nouvel épisode confirme que la guerre actuelle ne se limite plus à Gaza ou aux frontières. Elle entre désormais au cœur du pays, dans les lieux de travail, les infrastructures et les foyers.
Le message diffusé par le porte-parole de Tsahal en persan, demandant aux civils iraniens de s’éloigner des usines d’armement, semble faire écho à ce que vivent aujourd’hui les habitants de Haïfa et du centre du pays. Le front intérieur, jusqu’ici perçu comme un sanctuaire relatif, devient une ligne de front à part entière.
Conclusion :
La frappe sur les installations de Bazaan à Haïfa est un tournant dans la guerre Iran-Israël. Plus qu’un acte de provocation, elle est un message stratégique : désormais, l’économie et le tissu industriel israéliens sont des cibles. Si Israël veut continuer de frapper fort à l’extérieur, il devra aussi apprendre à protéger mieux son cœur intérieur.
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