Un scandale bouleversant secoue actuellement la ville de Netivot, dans le sud d’Israël, où plusieurs femmes ont témoigné anonymement contre le rabbin Chaim Yosef David Abergel, personnalité religieuse influente dans la communauté sépharade locale. Ces femmes l’accusent d’agressions sexuelles, d’abus spirituel et d’intimidation, sur une période allant, selon leurs dires, de plusieurs mois à plusieurs années.
Ces témoignages, recueillis dans le cadre d’une enquête journalistique approfondie, lèvent le voile sur un système de silence, de peur et d’impunité, et posent la question douloureuse de la protection des femmes au sein de certaines institutions religieuses.
Une figure respectée… et redoutée
Le rabbin Abergel est connu à Netivot . À la tête de cours de Torah, de consultations spirituelles, de bénédictions privées et de rencontres communautaires, il est considéré comme un guide charismatique, surtout auprès des femmes venues chercher du réconfort ou des conseils.
Mais derrière l’image publique pieuse et dévouée, plusieurs femmes affirment avoir subi des gestes déplacés, des attouchements non consentis et des avances formulées sous couvert de « guérison spirituelle ».
Des témoignages accablants
Une femme, que nous appellerons Rivka (nom fictif), raconte :
« Il m’a dit que j’avais des blocages spirituels et qu’il devait poser ses mains sur mon ventre pour les faire partir. J’étais tétanisée. J’ai obéi parce que c’était ‘le Rav’. Mais ensuite, il a été plus loin. »
Une autre, Miriam (nom fictif), explique :
« Il disait que notre corps avait besoin d’être purifié par le contact de la ‘lumière divine’ qu’il canalise. Il savait exactement comment parler pour neutraliser notre méfiance. »
Au total, sept femmes auraient témoigné auprès des journalistes, toutes affirmant un mode opératoire similaire : abus de pouvoir spirituel, isolement, discours pseudo-mystique et intimidation si elles montraient le moindre doute.
Le poids du silence
Ces femmes ont longtemps gardé le silence, par peur de ne pas être crues, mais surtout par crainte de salir une figure respectée dans leur propre communauté.
L’une d’elles témoigne :
« Je savais que si je parlais, on dirait que je mens. Il a des connexions, des élèves fidèles. Il est intouchable. »
Le rabbin aurait même proféré des menaces déguisées, évoquant des « malédictions » qui s’abattraient sur celles qui « calomnient un homme de Dieu ».
Une enquête en cours
Face à l’accumulation de témoignages, la police a ouvert une enquête préliminaire. Des auditions auraient déjà été menées, bien que l’affaire reste sous haute discrétion pour éviter des troubles publics dans la ville.
Les avocats du rabbin affirment qu’il s’agit « d’accusations infondées provenant de personnes malintentionnées », et que leur client « nie catégoriquement tout comportement déplacé ».
Réactions de la communauté religieuse
À Netivot, la communauté est divisée. Certains fidèles refusent de croire à ce qu’ils appellent « une campagne de diffamation ». D’autres, au contraire, affirment que des rumeurs circulaient depuis longtemps, mais que personne n’osait les confirmer publiquement.
Des rabbins locaux, sous couvert d’anonymat, admettent qu’une enquête rabbinique interne aurait été étouffée par peur du scandale.
Le précédent inquiétant
Ce n’est pas la première fois qu’un leader spirituel est accusé d’abus sexuels en Israël. Plusieurs cas, ces dernières années, ont révélé des schémas similaires d’abus de pouvoir, d’autorité religieuse utilisée comme levier de manipulation, et de silence communautaire.
L’affaire Abergel rappelle tristement celles du Rav Berland ou du Rav Eliezer Berland, condamnés après des enquêtes longues et douloureuses.
Une société en éveil ?
Les mouvements féminins religieux, comme « Kolech » ou « Bat Kol », appellent aujourd’hui à une réforme en profondeur des mécanismes d’encadrement dans les milieux orthodoxes : transparence, cellules d’écoute indépendantes, soutien juridique et psychologique aux victimes.
« Le respect du Rav ne peut jamais passer avant la dignité d’une femme », résume l’une des militantes.
Et maintenant ?
Si les accusations sont prouvées, le rabbin Abergel pourrait faire face à de lourdes sanctions pénales, mais aussi à une perte totale de légitimité au sein de la communauté.
Pour les victimes, l’enjeu n’est pas seulement la justice, mais aussi la possibilité d’être crues, écoutées, et protégées contre les mécanismes d’influence qui les ont rendues vulnérables.
Conclusion : un révélateur douloureux
L’affaire Chaim Yosef David Abergel est un choc pour la ville de Netivot et pour tout Israël religieux, mais elle pourrait aussi marquer un tournant dans la manière de traiter les accusations d’abus au sein des structures rabbiniques.
Car derrière le silence, les titres et les apparences, des vies ont été blessées, et il est temps que la vérité, même douloureuse, éclaire enfin les zones d’ombre.
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