Encore un raté de Naftali Bennett : sa loi sur la limitation de mandat… sera sans effet immédiat sur Netanyahou

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La scène politique israélienne connaît une nouvelle secousse avec la réapparition d’une proposition emblématique de l’ancien Premier ministre Naftali Bennett : limiter à huit ans la durée totale du mandat de chef de gouvernement. Présenté comme un outil démocratique destiné à régénérer la vie politique et à éviter la concentration excessive de pouvoir, ce projet a cependant une faille majeure – il ne serait pas appliqué rétroactivement. Autrement dit, Benjamin Netanyahou resterait éligible au poste de Premier ministre jusqu’en 2034 au minimum, soit encore près d’une décennie de gouvernance potentielle.

C’est le journaliste politique Amit Segal qui a révélé les détails : selon lui, la rédaction actuelle du texte ne permet pas d’inclure les mandats passés. Cette précision est loin d’être anodine, car elle vide en grande partie le projet de sa portée immédiate. En pratique, le Premier ministre en exercice, déjà au pouvoir plus de 16 ans cumulés, resterait largement en dehors du champ de contrainte que Bennett entend imposer à ses successeurs.

La proposition n’est pas nouvelle. Bennett avait déjà tenté de faire passer une loi similaire en mai 2022, à l’époque où il dirigeait une coalition hétéroclite. Le projet avait alors été bloqué in extremis : la Knesset s’était ajournée sans même inscrire la question au vote, ce qui avait enterré la mesure dans les limbes parlementaires. Cette fois encore, les chances de concrétisation paraissent minces, malgré le climat politique délétère.

L’idée de limiter la durée de fonction d’un Premier ministre n’est pas propre à Israël. Aux États-Unis, la Constitution fixe un maximum de deux mandats présidentiels de quatre ans. En France, la présidence est encadrée par deux quinquennats. Mais en Israël, pays sans Constitution formelle et régi par des lois fondamentales souvent malléables, le poste de Premier ministre est jusqu’ici illimité dans le temps, tant que les majorités parlementaires le permettent.

Les partisans de la réforme de Bennett y voient une nécessité vitale. Ils estiment que la domination de Netanyahou a transformé la vie politique israélienne en une polarisation permanente, où tout se résume au soutien ou à l’opposition au chef du Likoud. Selon eux, une limitation de mandat ouvrirait la voie à un renouvellement démocratique, à une nouvelle génération de dirigeants, et mettrait fin à ce qu’ils qualifient d’« ère Bibi sans fin ».

Mais les critiques dénoncent un projet conçu davantage comme une manœuvre politique qu’une véritable réforme démocratique. Puisqu’il ne s’appliquerait pas à Netanyahou, le texte apparaît comme un simple affichage destiné à séduire l’électorat centriste et à ressusciter l’image d’homme d’État de Bennett. Les partisans de Netanyahou ironisent déjà sur une « loi fantôme », sans conséquence immédiate, qui témoigne davantage de l’obsession de ses rivaux que d’une vision cohérente.

Le timing de cette relance est également révélateur. Alors que le pays est englué dans une guerre coûteuse à Gaza, dans une confrontation indirecte avec l’Iran et dans une crise diplomatique croissante avec l’Égypte, l’idée de se concentrer sur des débats institutionnels paraît à beaucoup comme déconnectée des urgences nationales. Certains analystes rappellent que la société israélienne vit depuis le 7 octobre une succession de traumatismes, et que ce type de proposition, loin de rassembler, risque au contraire de rallumer les divisions internes.

Du côté du Likoud, la réaction ne s’est pas fait attendre. Des députés de la majorité affirment que toute tentative de cibler Netanyahou par une loi de ce type serait « antidémocratique », car elle reviendrait à priver l’électorat de son choix. Pour eux, seul le peuple doit décider de la durée du mandat d’un Premier ministre, par le biais des élections. En creux, cette argumentation illustre la stratégie constante de Netanyahou : se présenter comme la victime d’élites qui chercheraient à écarter par la loi ce qu’elles n’arrivent pas à battre dans les urnes.

À gauche et au centre, la réception est plus nuancée. Certains députés estiment que la réforme est nécessaire mais dénoncent le manque de courage politique de Bennett, qui refuse d’y inclure une clause rétroactive. D’autres considèrent qu’il s’agit d’une diversion inutile tant que la guerre et la crise sécuritaire ne sont pas résolues.

Ce débat illustre une fois de plus l’impasse politique israélienne : une opposition qui peine à se fédérer autour d’un projet commun, un Premier ministre qui reste solidement installé malgré les scandales et les critiques, et une société divisée entre ceux qui veulent tourner la page et ceux qui persistent à voir en Netanyahou le seul leader capable d’assurer la survie d’Israël.

En attendant, la proposition de Bennett semble condamnée au même sort que sa précédente tentative : être discutée, commentée, puis enterrée. Mais elle aura au moins eu le mérite de rappeler une vérité crue : tant que rien n’encadre légalement la durée d’un mandat, Netanyahou reste libre de s’accrocher au pouvoir – et l’électorat israélien de continuer à le lui confier.

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