Deux clichés satellites publiés ce mercredi 3 septembre par l’agence Associated Press révèlent une activité de construction intense autour du réacteur nucléaire de Dimona, dans le désert du Néguev. Selon plusieurs experts, il pourrait s’agir de l’édification d’un nouveau complexe lié à la filière nucléaire israélienne.
Des travaux mystérieux
Les images, datées du 5 juillet 2025 et analysées par sept spécialistes indépendants, montrent l’apparition d’un vaste chantier attenant aux installations existantes. Les interprétations divergent : certains y voient le début de la construction d’un nouveau réacteur à eau lourde, d’autres évoquent la possibilité d’un site d’assemblage d’armes nucléaires. Tous s’accordent à dire qu’il s’agit de travaux d’ampleur, encore à un stade précoce.
La doctrine de l’ambiguïté nucléaire
Depuis son lancement à la fin des années 1950 sous l’impulsion de David Ben Gourion, avec l’aide initiale de la France, le centre de recherche de Dimona est entouré de mystère. Officiellement consacré à la recherche scientifique, il est depuis longtemps perçu par les observateurs étrangers comme le cœur du programme nucléaire militaire israélien.
Israël, qui n’a jamais signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), applique depuis les années 1960 une politique d’ambiguïté délibérée : ne pas confirmer ni démentir la possession d’armes atomiques. Cette stratégie vise à maintenir une dissuasion crédible tout en évitant l’ouverture de contentieux diplomatiques majeurs.
Des précédents révélateurs
En 1986, le technicien Mordechai Vanunu avait brisé ce secret en transmettant au Sunday Times britannique des photographies internes de Dimona. Ses révélations avaient convaincu la communauté internationale de l’existence d’un arsenal nucléaire israélien. Condamné à 18 ans de prison, Vanunu a été libéré en 2004 mais reste soumis à des restrictions de déplacement et de communication.
Un signal géopolitique
La révélation de ces nouveaux clichés intervient dans un contexte international tendu. Alors que l’Iran poursuit son programme nucléaire et que les pressions sur Israël se multiplient à l’ONU autour de la question palestinienne, les spéculations sur Dimona rappellent l’équilibre fragile de la région. Pour Israël, conserver l’ambiguïté nucléaire reste une garantie de survie face à ses ennemis. Pour ses adversaires, ces images sont déjà brandies comme preuve d’une « escalade » silencieuse.
.