À la veille de la session d’hiver de la Knesset, la coalition israélienne traverse une zone de turbulences. Entre les menaces de Ben-Gvir, les dénégations de Gantz, les manœuvres de Rotman et l’appel à l’unité du ministre de la Justice Yariv Levin, le gouvernement Netanyahou tente de préserver un équilibre précaire entre sécurité, idéologie et survie politique.
Ce lundi 20 octobre, la politique israélienne a repris sa respiration — bruyante, contradictoire, électrique. Tandis que la guerre continue au sud et au nord, les débats internes reprennent au centre du pouvoir, révélant la fragilité d’une coalition minée par les ambitions individuelles.
Ben-Gvir met la pression
C’est Itamar Ben-Gvir qui a ouvert le bal avec une déclaration explosive :
« Si la loi sur la peine de mort pour les terroristes n’est pas présentée à la Knesset dans les trois semaines, notre parti cessera de voter avec la coalition. »
Un ultimatum qui fait grincer des dents jusque dans les rangs du Likoud. Le chef du parti Otzma Yehudit, fidèle à sa ligne dure, capitalise sur la colère populaire après les derniers attentats et sur l’émotion suscitée par la mort des soldats en mission à Gaza.
Mais sa menace place Netanyahou dans une position délicate : céder au radicalisme, ou risquer la dislocation d’une coalition déjà fragile.
Un conseiller politique du Likoud confie à Infos-Israel.News :
« Ben-Gvir sait manier la rhétorique. Mais derrière ses slogans, il joue un jeu dangereux : si la coalition tombe, ce sera le chaos politique en pleine guerre. »
Gantz dément toute alliance avec Netanyahou
En parallèle, l’opposition menée par Benny Gantz cherche à reprendre la main. Le chef du parti Unité nationale a démenti avec force les rumeurs selon lesquelles il deviendrait « le 61e doigt de Netanyahou » — une allusion au nombre de sièges nécessaires pour maintenir une majorité.
« Ceux qui disent que je soutiendrai Netanyahou mentent », a-t-il tranché.
Cette mise au point vise à dissiper les spéculations selon lesquelles Gantz pourrait rejoindre temporairement le gouvernement pour soutenir la loi sur la sécurité nationale.
Mais dans les coulisses, plusieurs observateurs estiment que Gantz ménage ses options : en cas de crise majeure, il pourrait se présenter comme l’homme du consensus — ni dans la coalition, ni totalement en dehors.
Le duo Rotman–Odeh, alliance inattendue
Autre surprise du jour : la confirmation d’une rencontre entre Simcha Rotman, député du Parti sioniste religieux, et Ayman Odeh, figure de la gauche arabe. Selon le site Mako, les deux hommes ont discuté d’une réforme électorale visant à abaisser le seuil d’entrée à la Knesset, une proposition qui pourrait favoriser les petits partis… et fragiliser le Likoud.
Cette alliance improbable illustre le désordre ambiant : des élus aux visions opposées cherchent des convergences tactiques pour redessiner le paysage politique post-guerre.
Un membre de la coalition ironise :
« Quand Rotman parle à Odeh, c’est que le système politique a perdu le nord. »
Yariv Levin appelle au calme et à la cohésion
Face à cette cacophonie, le ministre de la Justice Yariv Levin tente de ramener un semblant d’ordre. Dans une déclaration solennelle, il a exhorté les membres de la coalition à « mettre les différends de côté » et à se concentrer sur les réformes essentielles bloquées depuis des mois :
« Nous devons achever les textes relatifs à la composition de la Cour suprême, au rôle du conseiller juridique du gouvernement et à la réforme du département des enquêtes internes. »
Levin, pilier discret mais influent du Likoud, sait que le temps presse : la session parlementaire d’hiver ne durera que cinq mois, et chaque crise interne risque de retarder les projets structurants du gouvernement.
Une Knesset sous tension
Entre ambitions personnelles et tensions idéologiques, la coalition avance sur un fil.
Netanyahou tente de maintenir l’équilibre entre ses alliés ultranationalistes, les pragmatiques du Likoud et les attentes d’une population épuisée par la guerre.
Mais la réalité politique est implacable : la moindre fissure peut devenir une fracture, et la guerre n’épargne pas le front intérieur.
Alors que les sirènes résonnent encore à la frontière nord, la Knesset, elle, résonne d’un autre bruit : celui des chaises qui bougent.
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