Un enregistrement vidéo diffusé depuis la bande de Gaza après la récente trêve vient rappeler une vérité dérangeante : la guerre contre le Hamas n’a pas mis fin au terrorisme. Elle n’a fait que le repousser sous terre, en attente du prochain round. Dans la vidéo, plusieurs voix anonymes – jeunes hommes filmés dans des ruelles en ruines – affirment sans détour : « Nous ne sommes pas le Hamas. Nous serons le Hamas. » Une déclaration glaçante, qui confirme ce que de nombreux analystes israéliens et américains redoutent : la défaite militaire du mouvement islamiste pourrait accoucher d’une version encore plus radicale de la même idéologie.
Ce document, relayé par des comptes Telegram proches des factions palestiniennes, montre des groupes armés qui jurent fidélité non pas à une organisation, mais à un concept : celui de la lutte armée contre Israël, présentée comme un devoir sacré. Dans un des passages les plus marquants, un porte-parole masqué déclare : « Même si le Hamas disparaît, nous continuerons. Le sol de Gaza enfantera d’autres combattants. » Cette rhétorique renvoie à une réalité idéologique profonde : le terrorisme n’est pas perçu comme un instrument, mais comme une identité, un mode d’existence enraciné dans la société gazaouie.
L’avertissement vise directement Jérusalem et Washington. Alors que le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benyamin Netanyahou discutent de « phases de désescalade » et de « périodes de trêve humanitaire », cette vidéo prouve que, du côté palestinien, les pauses ne sont pas des moments de répit, mais des étapes de reconstitution. Comme l’écrit le journaliste Moshe Aryeh dans Srogim News, « chaque cessez-le-feu devient une salle d’entraînement, chaque aide humanitaire une opportunité de réarmer ». Une constatation tragiquement familière pour Tsahal, qui a souvent vu les tunnels et les arsenaux de Gaza renaître quelques mois après chaque accalmie.
Les images, vérifiées par plusieurs analystes indépendants, révèlent des caches d’armes improvisées sous des bâtiments civils et des slogans appelant à la vengeance. Le message implicite est limpide : le désarmement total est perçu comme une illusion occidentale. À Gaza, le fusil n’est pas seulement une arme, c’est un symbole de survie et d’honneur. Dans un contexte où chaque famille compte un « martyr » ou un ancien détenu, le terrorisme devient une culture transmise de génération en génération.
Pour Israël, cette rhétorique confirme la justesse de la ligne dure défendue par Netanyahou : sans déracinement complet de l’idéologie djihadiste, aucune paix durable n’est possible. Tsahal en est consciente depuis longtemps. D’où l’insistance des responsables militaires sur la nécessité d’un contrôle prolongé de la bande de Gaza après la chute du Hamas, afin d’empêcher la résurgence d’un successeur plus violent encore. Comme le souligne le général (réserviste) Amir Avivi, « ce n’est pas une guerre contre une organisation, mais contre une vision du monde qui glorifie le meurtre des Juifs ».
Du côté américain, la Maison-Blanche maintient un ton plus prudent, insistant sur la reconstruction civile et la gouvernance locale. Mais les stratèges israéliens rappellent que des mouvements encore plus fanatisés – tels que le Jihad islamique palestinien ou des cellules inspirées par Daech – rôdent déjà dans les camps du sud de la bande. À chaque démantèlement du Hamas, ces groupuscules gagnent en influence et en légitimité.
La question cruciale reste donc celle-ci : comment démanteler une idéologie qui se nourrit de la misère, du ressentiment et d’un culte de la mort profondément enraciné ? Israël, en coopérant avec l’Égypte et les Émirats arabes unis dans le cadre des Accords d’Abraham, espère créer une alternative régionale – économique, éducative et religieuse – capable d’étouffer cette culture du martyre. Mais sur le terrain, les images venues de Gaza rappellent qu’aucune reconstruction ne peut se faire tant que la jeunesse y est éduquée à haïr.
Au fond, la menace exprimée dans cette vidéo – « Si vous détruisez le Hamas, il renaîtra sous un autre nom » – n’est pas une prédiction : c’est un programme. Une promesse d’échec à tous ceux qui croient à la paix sans la victoire. Israël n’a plus le luxe de se contenter de cycles de guerre et de cessez-le-feu. La lutte à venir ne sera pas seulement militaire : elle devra être idéologique, éducative et internationale.
Dans le fracas des ruines de Gaza, une nouvelle génération se lève déjà. Et son message est clair : la guerre n’est pas finie, elle change seulement de visage.
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