Alors que la « Flottille pour Gaza » approche désormais des côtes israéliennes, les autorités israéliennes se préparent à accueillir les participants dans le port d’Ashdod. Cette flottille, partie d’Europe avec plusieurs petits bateaux battant pavillon étranger, entendait briser symboliquement le blocus imposé à la bande de Gaza, malgré l’opposition officielle d’Israël, de l’Égypte et de plusieurs pays européens. Les passagers – un mélange de militants pro-palestiniens, de personnalités politiques marginales et de « citoyens engagés » – affirment vouloir alerter l’opinion publique sur la situation humanitaire à Gaza.
Mais à mesure que les embarcations s’approchent du littoral israélien, la question se pose : que se passera-t-il une fois que les bateaux atteindront les eaux territoriales d’Israël ? Et comment les autorités israéliennes réagiront-elles à cette tentative provocatrice et, pour beaucoup, perçue comme une opération de propagande ?
Une opération politique plus qu’humanitaire
Israël considère cette flottille comme une provocation. Officiellement, il n’est pas question d’interdire aux bateaux d’approcher – tant qu’ils respectent le droit maritime et se soumettent à l’inspection de la marine israélienne. Mais l’État hébreu a d’ores et déjà prévenu : aucune aide ne passera par la mer sans contrôle sécuritaire préalable. Le passage via Ashdod est la seule option proposée, suivie d’un transfert de l’éventuelle aide vers Gaza via les canaux humanitaires existants, en coordination avec les Nations Unies.
Mais la flottille n’a jamais vraiment eu vocation à livrer une cargaison significative : les bateaux ne transportent que quelques dizaines de militants, sans matériel médical notable ni produits de première nécessité. Leur message est politique, pas logistique.
Israël, de son côté, y voit un danger : en période de guerre contre le Hamas, l’arrivée de bateaux internationaux vers une zone de conflit contrôlée par une organisation terroriste n’est pas seulement illégale, elle est aussi irresponsable. Qui peut garantir que ces embarcations ne transportent pas de matériel de communication, des drones, voire des armes légères ?
Des précédents tendus, un contrôle discret
L’opinion publique israélienne se souvient encore du précédent de 2010, lorsque la flottille Mavi Marmara, d’origine turque, avait tenté de forcer le blocus maritime de Gaza. L’abordage du navire avait entraîné une confrontation violente entre soldats israéliens et militants, avec des pertes humaines. Depuis, Israël prend un soin particulier à éviter les images spectaculaires susceptibles de nuire à son image à l’international, tout en assurant une réponse sécuritaire ferme.
Les forces navales israéliennes devraient intercepter les bateaux bien avant qu’ils n’atteignent Gaza. Ceux qui coopéreront seront escortés vers Ashdod, tandis que les récalcitrants pourraient être arrêtés et expulsés. Il est probable qu’une partie des passagers soient directement renvoyés vers leur pays d’origine après un interrogatoire de routine.
Polémique : la vidéo des atrocités du 7 octobre
Une polémique a toutefois émergé ces derniers jours concernant le traitement réservé aux militants à leur arrivée. Plusieurs élus israéliens, à l’instar du ministre Itamar Ben Gvir ou de certains membres du Likoud, ont suggéré que les militants soient contraints de regarder les vidéos de l’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par le Hamas contre des civils israéliens. L’objectif : leur montrer ce que signifie réellement soutenir une entité comme le Hamas, responsable du massacre de plus de 1 200 personnes, dont des femmes, des enfants, des bébés, et des personnes âgées, brûlées vives, violées ou décapitées dans leur lit.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant et le porte-parole de Tsahal ont rapidement écarté cette idée, précisant qu’aucune mesure coercitive de ce type ne serait imposée. Tsahal a rappelé que même si le comportement des militants est condamnable sur le plan moral, Israël se distingue de ses ennemis par le respect du droit, y compris dans le traitement des personnes arrêtées.
Un responsable militaire a déclaré :
« Nous avons tous vu ces images, et elles sont inhumaines. Mais il ne revient pas à une armée démocratique d’imposer la vision de l’horreur à des militants civils, même stupides ou instrumentalisés. »
Qui sont les passagers de la flottille ?
Selon les services de sécurité israéliens, la majorité des passagers sont des militants européens connus pour leur activisme pro-palestinien. Plusieurs d’entre eux appartiennent à des ONG ou des mouvements radicaux ayant déjà participé à des campagnes BDS (boycott d’Israël), voire à des actions hostiles dans d’autres zones de conflit.
Certains sont de simples citoyens, sincèrement préoccupés par la situation humanitaire à Gaza, mais qui ne mesurent pas la nature du régime du Hamas qu’ils prétendent défendre indirectement. Il est d’ailleurs notable que les militants ne se rendent jamais en Égypte, pourtant voisine de Gaza, et qui maintient elle aussi un contrôle strict sur sa frontière avec l’enclave palestinienne. Pourquoi ? Parce que la dictature égyptienne ne tolère pas ce genre de provocations, tandis qu’Israël, État démocratique, se doit d’agir avec retenue et selon des procédures légales.
Réaction d’Israël : fermeté, mais respect du droit
Le gouvernement israélien a annoncé que les passagers seraient interrogés par le Shin Bet (services de sécurité intérieure), mais qu’aucune maltraitance ne serait tolérée. La ministre des Transports, Miri Regev, a également insisté sur le fait qu’Israël ne « tomberait pas dans le piège médiatique tendu par les organisateurs » de cette flottille.
Des ONG israéliennes ont salué la retenue des autorités tout en soulignant qu’il serait utile de proposer aux passagers d’assister volontairement à un visionnage des preuves des massacres du Hamas, notamment les témoignages de survivants ou les rapports des médecins légistes.
« C’est une chose d’affirmer ‘soutenir la Palestine’. C’en est une autre de regarder une vidéo de 45 minutes montrant ce que ces soi-disant combattants de la liberté ont fait à des enfants israéliens le 7 octobre. Nous espérons qu’au moins certains réfléchiront », a déclaré le porte-parole de l’ONG Zaka.
Une opération qui pourrait se retourner contre ses organisateurs
À mesure que l’arrivée de la flottille se concrétise, le soutien international aux militants s’étiole. Plusieurs journaux européens – y compris des titres traditionnellement critiques envers Israël – ont commencé à s’interroger sur l’utilité réelle de l’opération. Aucun pays n’a officiellement soutenu la flottille, et la Commission européenne s’est abstenue de tout commentaire.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU a rappelé que des centaines de camions humanitaires entrent quotidiennement dans Gaza, mais que le Hamas en détourne une grande partie pour ses infrastructures terroristes. « Les militants de cette flottille ne dénoncent pas ces détournements, ni le pillage de l’aide, ni la présence de tunnels sous les hôpitaux. Ils ne s’indignent que lorsque c’est Israël qu’ils peuvent accuser », a-t-il déclaré.
Conclusion : un test moral
La flottille qui approche d’Ashdod n’apporte ni solutions ni réponses à la population gazaouie. Elle ne fait que raviver des tensions et offrir une tribune facile à des militants souvent mal informés. Israël, de son côté, fait preuve de calme et de professionnalisme, sans céder ni à la colère ni à la vengeance.
En refusant d’imposer la diffusion de vidéos atroces, mais en restant ferme face à la provocation, l’État hébreu montre la voie d’un État de droit qui ne perd jamais son humanité, même face à l’absurdité morale de ses détracteurs.
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