Alors que le Hamas cherche à maximiser ses gains dans l’accord sur les otages, ses préparatifs pour une reprise des combats révèlent une crainte d’échec. En cas d’impasse, l’organisation semble prête à garder le maximum d’otages en vie pour continuer à miner la société israélienne de l’intérieur.
Un pari risqué sur l’otage et la pression internationale
Le Hamas a pris un pari audacieux cette semaine en reportant la libération des otages. L’organisation a estimé que les menaces de Donald Trump concernant l’expulsion de Palestiniens de Gaza n’étaient pas sérieuses.
Voyant l’opposition de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la Jordanie au plan américain, le Hamas y a vu une opportunité de faire pression sur Israël pour obtenir davantage de fournitures et de matériel.
Stratégie de communication et manipulation politique
Pour exercer une pression maximale sur Israël, le porte-parole militaire du Hamas, Abu Obeida, a annoncé lundi soir que « la libération des otages est reportée jusqu’à nouvel ordre », exigeant des « compensations rétroactives pour les violations du cessez-le-feu ».
Cependant, quelques heures plus tard, les responsables du Hamas ont atténué leurs propos, précisant qu’il s’agissait d’un « avertissement » et que « la porte restait ouverte » aux négociations.
Cela semble être une manœuvre de chantage destinée à obtenir de nouvelles concessions.
La situation difficile à Gaza
Le Hamas est préoccupé par la situation humanitaire à Gaza, en particulier dans le nord de la bande où :
- La plupart des infrastructures ont été détruites,
- Deux tiers des habitations sont partiellement ou totalement détruites,
- Beaucoup de déplacés retournent au sud de Gaza où l’aide humanitaire est plus présente.
Pour utiliser les civils comme « boucliers humains » dans le nord, le Hamas a formulé plusieurs exigences :
- 60 000 caravanes pour reloger les familles,
- Augmenter le nombre de tentes de 53 000 à 200 000,
- Matériaux de construction pour les hôpitaux utilisés par le Hamas comme centres de commandement pendant la guerre.
Dilemme stratégique pour le Hamas
La décision du cabinet israélien d’exiger la libération immédiate des 9 otages vivants restants en échange d’une reprise des négociations place le Hamas face à un dilemme :
- Accepter l’accélération de la phase 1 de l’accord des otages pour obtenir la libération de centaines de prisonniers et reprendre les pourparlers pour la phase 2,
- Conserver plus de 20 otages vivants pour maintenir la pression sur Israël et obtenir des concessions.
Cependant, le Hamas craint qu’Israël ne soit pas intéressé par une phase 2, préférant une solution militaire. Dans ce cas, le Hamas pourrait choisir de conserver un maximum d’otages pour fragiliser la société israélienne et dissuader une offensive.
Préparation à une reprise des hostilités
Face à cette incertitude, le Hamas se prépare à un effondrement du cessez-le-feu :
- Ordre aux commandants d’arrêter l’utilisation de téléphones portables pour éviter les assassinats ciblés,
- Funérailles massives pour les dirigeants tués, utilisées comme outil de recrutement pour le Hamas,
- Mobilisation militaire accrue dans la bande de Gaza.
Dans les prochains jours, il sera crucial de voir si le Hamas a pris un risque calculé ou s’il a commis une erreur stratégique qui pourrait lui coûter cher dans le conflit en cours.
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