La Haskala, la porte qui a ouvert la fragilisation du judaïsme ? – Par Philippe ARNON

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Jamais, après le Moyen-Âge, les peuples d’Europe, -tous chrétiens dans leur ensemble- ressentiront une foi en Dieu plus puissante. Au contraire, celle-ci ira toujours diminuant vers une sécularisation semblant imparable. A l’époque, tout est plein de Dieu : leurs âmes bien sûr mais également, chaque acte et chaque événement de leur vie quotidienne. Et pour les juifs qui vivent sur ce grand territoire en une constellation de shtetls, il en sera de même. Ce phénomène s’explique par une rigidisation, un encadrement très strict des pouvoirs en place au main de l’Eglise pour les chrétiens et des rabbins pour les Juifs. L’Eglise dispose d’armes effrayantes : l’excommunication et l’interdit et plus tard l’Inquisition. Les rabbins également usent de l’excommunication qu’ils appellent le herem. Le philosophe Spinoza en a été victime. Vouloir tenter de sortir de ce qu’il faut bien appeler un enclos était chose impensable : c’était se condamner à une solitude suicidaire.
Mais, comme chacun sait, rien ne dure en ce monde. Les périodes répétées de dégénérescence de l’Église ayant conduit notamment au Schisme séparant par le sang, catholiques et protestants, ont fini par conduire à l’humanisme et à la Renaissance d’abord puis aux Lumières ensuite jusqu’à une réelle condamnation de l’institution. On connaît le cri fougueux de Voltaire : « Écrasons l’infâme »! Puis arriva la Révolution française. Les yeux des hommes n’étaient plus désormais fixés constamment à la perpendiculaire, c’est à dire vers Dieu, mais à l’horizontal, c’est à dire sur eux-mêmes et les choses qui les environnaient. En France, les Juifs furent reconnus comme citoyens à part entière. Mais que de souffrances n’avaient-ils pas endurées auparavant ! Le monde chrétien était désormais sur la voie d’une refondation civilisationnelle et les Juifs qui vivaient parmi eux et dans une situation similaire, ne pouvaient en bonne logique être en reste d’autant plus que les contrastes entre leurs moeurs et celles des Gentils, étaient immenses. Un besoin d’abattre un grand nombre de barrières s’imposa presque naturellement ! C’est ainsi que se fit jour la Halaska, mot dérivé de l’hébreu sekhel qui signifie raison, sagesse, intelligence.
En quoi consista alors la Haskala ? Ses maîtres à penser, appelés maskilim, invitaient avec empressement les Juifs à sortir de leurs shtelts pour aller, comme disait Montaigne, « se frotter » auprès des Gentils afin de mieux les connaître en découvrant leurs mœurs par l’apprentissage de leurs langues vernaculaires mais aussi par l’étude de la géographie, de l’histoire, des sciences et des mathématiques, autant de matières proscrites jusque là par les rabbins. Bref, pour reprendre l’expression du très controversé Israël Shahak, il s’agissait de sortir des griffes du « judaïsme classique », de s’émanciper de l’obscurantisme fait de coutumes, de juridictions, de costumes particuliers et de la peur d’être souillé par tout ce qui vient de l’extérieur. Hannah Arendt a dit un jour qu’il fallait réduire l’action des rabbins « qui cherchent à diriger les masses juives comme si c’était des enfants ».
 
Bref, la Haskala, on le comprendra aisément, fut un mouvement de pensée nécessaire pour apporter au peuple juif une grande bouffée de vitalité sous peine de le voir végéter et peut-être même disparaître à petit feu dans une sorte de sclérose de moisissure mentale. A ce titre, je ne pense pas exagérer de dire que les Israéliens aujourd’hui, par leur génie extraordinaire d’adaptation, leur capacité extraordinaire d’inventivité scientifique, sont les enfants de la Haskala. La preuve en est que les héritiers du « judaïsme classique », les haredim et les orthodoxes vivent quasiment reclus dans leurs quartiers repoussant totalement le monde moderne, et quelquefois, avec violence. Leur marginalité intentionnelle explique en quelque sorte leur détachement de l’histoire et en un sens, l’échec de leur Weltanschauung religieuse.
Cependant, derrière l’adaptation heureuse et positive des Juifs, au monde et au reste de l’humanité initiée donc par la Haskala, se dissimule de manière quasi impalpable une dangerosité manifeste pour le judaïsme. La Haskala, pour user d’une parabole, c’est comme une grande quantité d’eau qu’on ajoute dans un verre de grand Bordeaux qui en atténue non seulement la couleur mais bien sûr le goût. La Haskala pour le judaïsme fut une dilution, pour ne pas dire une dénaturation et qui sait même, la porte ouverte il y a longtemps, à une potentielle déperdition. Elle a donné le goût de la discussion dont les Juifs ont fini par abuser, dont ils se délectent dans des luttes verbales infinies parfois et qui participe à leur faiblesse en brisant l’unité que le « judaïsme classique »  malgré tout avait su conserver. Dès le départ, elle se montra insolente. Moses Mendelssohn, l’un des principaux porte-voix, invitait les Juifs à rejeter « le yiddish, jargon du ghetto, stigmate d’un passé honni et emblème d’une culture rejetée en bloc comme irrémédiablement obscurantiste » pour reprendre les termes d’Enzo Traverso dans son livre « La fin de la modernité juive ». Franz Rosenzweig écrira le 16 janvier 1918 : « Soyons allemands et juifs, les deux sans nous préoccuper du « et », sans le remettre beaucoup en question, mais vraiment les deux », négligeant le fait que cet élan nationaliste signifiait, certes indirectement, les Juifs allemands à tuer au front, les Juifs français ! Un autre chantre de la Haskala, Hermann Cohen évoquera en pleine Première Guerre mondiale la « symbiose judéo-allemande ». On parlera de « Bildung ». Franz Rosenzweig, encore lui, invitera les Juifs à se mettre en retrait vis à vis de certains rites comme les prières obligatoires, les interdits alimentaires … et la circoncision ! oubliant que Dieu dans la Genèse avait dit : « Vous retrancherez la chair de votre excroissance, et ce sera un symbole d’alliance entre moi et vous … et mon alliance, à perpétuité, sera gravée dans votre chair ». On s’aperçoit, à travers ces outrages inconscients de langage que la Haskala peut aisément verser dans la subversion, c’est à dire devenir élément de destruction du judaïsme !
Sachant, comme l’a écrit en 1896 Friedrich Nietzsche dans son livre « Antéchrist » que les Juifs sont « le peuple le plus fatal de l’histoire », il convient, pour les Juifs et plus particulièrement pour les Israéliens, soit bien longtemps après l’extinction de la Haskala, de réfléchir sur les conséquences de ce mouvement. Car ses effets aujourd’hui, négatifs, affectent profondément Israël à travers la mouvance importante des laïcs. Les laïcs sont les héritiers dangereux de la Haskala tout simplement parce qu’ils délégitiment les fondements de l’Etat d’Israël dont l’existence repose sur le judaïsme. Vouloir que tous les Israéliens soient des démocrates comme le sont dans leurs pays les Français, les Anglais ou les Italiens, c’est faire de ce pays un Etat fade et incolore et lui retirer ce qui fait son essence même et finir par se demander ce qu’il fait à cet endroit d’étrange !
Alors, ouvrir les portes oui ! Mais il faut savoir également les refermer de temps à autres, si l’on veut éviter les courants d’air qui font claquer les portes et laissent entrer n’importe qui. La Haskala, encore vivante donc aujourd’hui malgré la disparition de ses maîtres à penser, est une très grosse porte qu’il faut savoir manipuler !!!
Je suis goy. Vive Israël !
Philippe ARNON

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