Lors d’une interview sur 103FM avec Erel Segal et Eyal Berkovich, le journaliste spécialiste du monde arabe, Tsvi Yehezkeli, a évoqué la proposition du président américain Donald Trump de trouver une solution de migration pour les habitants de Gaza. Parmi les idées avancées, Trump propose de les réinstaller dans des pays comme l’Égypte et la Jordanie.
Yehezkeli a déclaré : « C’est une vision pragmatique, une initiative stratégique qui chamboule toutes les formules classiques du conflit israélo-palestinien depuis 1948, voire avant. C’est peut-être la première fois qu’un président dit ce qu’il faut dire au Moyen-Orient : « Mes amis, il est impossible de rester à Gaza. C’est un endroit invivable. Si vous voulez une vie paisible, nous vous en sortirons. » Il faut se rappeler que 75 % des habitants de Gaza sont des réfugiés de 1948. »
Un projet réaliste pour les Gazaouis
Selon Yehezkeli, cette démarche est réaliste et correspond à une aspiration de certains Gazaouis eux-mêmes : « Un habitant de Gaza avec qui je suis en contact m’a dit : ‘Gaza est pour ceux qui veulent combattre.’ Si vous menez une enquête approfondie, vous verrez qu’un nombre significatif voudrait partir. Si 100 000 personnes partent, d’autres suivront. C’est ainsi que fonctionne la culture tribale : une fois qu’il y a une légitimité, les gens feront ce qui leur est bénéfique. »
Un précédent historique et des responsabilités régionales
Yehezkeli a souligné que la responsabilité incombe également aux pays voisins. Il a rappelé que la Jordanie, par exemple, avait accueilli de nombreux Palestiniens après 1948 et leur avait accordé la citoyenneté. Il a comparé cette situation à celle des Juifs, dont beaucoup ont dû quitter leurs pays d’origine sans compensation : « Mon grand-père a quitté l’Irak en laissant derrière lui ses biens, et il n’a jamais demandé de réparations. »
Les intentions sérieuses de Trump
Selon lui, Trump semble déterminé : « Il affirme avoir parlé avec le président égyptien et aborde cette question à plusieurs reprises. Dans son premier mandat, il a tenu ses promesses concernant le Golan et le transfert de l’ambassade à Jérusalem. C’est une stratégie de la carotte et du bâton. »
Lorsqu’on lui a demandé si cela était cohérent avec le « Plan du siècle » de Trump, qui incluait la création d’un État palestinien, Yehezkeli a répondu : « Trump a évolué. Après le 7 octobre, il est un homme différent. S’il parle de migration, cela signifie que de grands changements sont à venir. »
Inquiétudes sur la libération des prisonniers palestiniens
Yehezkeli a exprimé ses réserves concernant la libération massive de prisonniers dans le cadre des échanges d’otages : « Certains prisonniers recherchent des peines plus sévères pour être prioritaires lors des négociations et bénéficier d’une pension plus élevée de l’Autorité palestinienne. » Il a également critiqué la possible libération de Zakaria Zubeidi, un terroriste notoire, affirmant : « Cet homme, qui a dirigé tant d’attaques, que pense-t-il de nous ? »
Regard sur l’Égypte
Il a conclu en mettant en garde contre la montée en puissance militaire de l’Égypte, rappelant les paroles du président al-Sissi selon lesquelles l’armée égyptienne pourrait répéter ce qu’elle a accompli pendant la guerre de Kippour.
Yehezkeli insiste sur la nécessité de surveiller les développements dans la région et sur l’importance de chercher des solutions réalistes au conflit.