Troisième jour de manifestations massives en Iran : « Trump et Netanyahou » accusés des difficultés économiques

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People attend a protest against the Iranian regime, in Berlin, Germany, Saturday, Oct. 22, 2022, following the death of Mahsa Amini in the custody of the Islamic republic's notorious "morality police". The 22-year-old died in Iran while in police custody on Sept. 16 after her arrest three days prior for allegedly violating its strictly-enforced dress code. (AP Photo/Markus Schreiber)
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Pour le troisième jour consécutif, l’Iran est secoué par une vague de manifestations d’ampleur croissante, sur fond de crise économique aiguë et de colère sociale. Ce mouvement, initialement déclenché par des protestations d’entrepreneurs et de commerçants face à la chute de la monnaie nationale et à la flambée du dollar, s’est progressivement élargi à d’autres segments de la population, notamment les étudiants et diverses organisations syndicales.

Selon les informations en provenance du pays, les autorités ont déployé massivement des forces de sécurité dans plusieurs grandes villes, parmi lesquelles Téhéran, Karaj et Mashhad. Malgré cette démonstration de force, les manifestations se poursuivent et gagnent en visibilité, alimentées par un sentiment général d’asphyxie économique et d’incertitude quant à l’avenir.

Dans de nombreuses localités, des propriétaires de commerces privés, des petits entrepreneurs et des vendeurs de rue ont fermé leurs établissements, rejoignant une grève de facto. Lundi, des représentants de différents groupes professionnels et syndicaux se sont également ralliés au mouvement, renforçant son caractère transversal. Cette mobilisation économique, inhabituelle par son ampleur, reflète la gravité de la situation financière ressentie par une large partie de la population.

Le mouvement a également trouvé un écho important dans les universités. Des organisations étudiantes et des militants issus d’établissements prestigieux, notamment les universités de Téhéran, Shiraz, Amir Kabir, Beheshti et Khajeh Nasir, ont appelé les étudiants à descendre dans la rue et à rejoindre la contestation. Cette participation étudiante confère aux protestations une dimension politique et symbolique supplémentaire, rappelant le rôle central joué par les campus universitaires lors des précédents soulèvements en Iran.

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Dans plusieurs villes, dont Téhéran, Zanjan, Hamedan, Kerman, Malard et Pardis, des manifestants se rassemblent dans les rues en scandant des slogans particulièrement radicaux. Parmi eux figurent des appels explicites au renversement du Guide suprême, Ali Khamenei, ainsi que des références au retour de la dynastie Pahlavi. Ces slogans, rares et ouvertement subversifs, témoignent d’un durcissement du discours protestataire et d’une perte de crainte apparente vis-à-vis de la répression.

Fait notable, malgré la concentration de forces de sécurité dans les zones touchées par les manifestations, le gouvernement n’a, à ce stade, pas tenté de disperser les rassemblements par la force. Cette retenue relative intrigue les observateurs, habitués à des réponses beaucoup plus brutales lors de mouvements de contestation précédents. Certains y voient une tentative d’éviter une escalade immédiate, d’autres un calcul tactique face à une situation jugée trop volatile.

Les autorités iraniennes ont adopté un discours visant à reconnaître, au moins en apparence, la légitimité du mécontentement populaire. Fatemeh Mohajerani, porte-parole officielle du gouvernement de Massoud Pezeshkian, a déclaré que les manifestations actuelles constituent une « réaction naturelle aux pressions économiques et aux difficultés de la vie quotidienne ». Elle a souligné que le gouvernement reconnaît le droit du peuple à protester pacifiquement, un droit, selon elle, garanti par la Constitution iranienne, tout en appelant à préserver l’unité nationale.

Mohajerani a également affirmé que le gouvernement resterait à l’écoute, même face à des critiques virulentes. « Lorsque les gens élèvent la voix, cela témoigne de la pression immense qu’ils subissent », a-t-elle déclaré, ajoutant que l’exécutif a inscrit à son agenda, depuis le début de l’année, un programme de développement économique en trois phases destiné à répondre aux difficultés structurelles du pays.

Cependant, comme souvent en période de crise, la recherche de responsables extérieurs occupe une place centrale dans le discours officiel. Fatemeh Maqsoudi, porte-parole de la commission économique du Parlement iranien, a directement mis en cause le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, les accusant d’être à l’origine de la flambée récente des prix.

Commentant la hausse spectaculaire du prix des pièces d’or « Azadi », considérées par de nombreux Iraniens comme la seule valeur refuge fiable, Maqsoudi a déclaré qu’« il suffit que Trump dise à Netanyahou : “viens prendre un café”, pour que le taux de change s’envole ». Selon elle, chaque déclaration ou geste attribué à Netanyahou suffirait à provoquer une nouvelle hausse des prix sur les marchés iraniens.

La députée a insisté sur le fait qu’aucun événement économique concret ne justifie une telle augmentation des prix observée ces derniers jours. « Plus le sentiment de guerre est fort, plus les prix montent », a-t-elle affirmé, estimant que les marchés réagissent de manière excessive à des signaux politiques et géopolitiques, sans lien direct avec les fondamentaux économiques du pays.

Pour de nombreux observateurs, ces déclarations illustrent une stratégie bien connue du régime iranien, consistant à externaliser la responsabilité des crises internes. Toutefois, la persistance et l’extension des manifestations suggèrent que cette rhétorique peine à convaincre une population confrontée à l’inflation, à la dévaluation de la monnaie et à l’érosion continue du pouvoir d’achat.

Alors que les protestations entrent dans leur troisième jour, l’évolution de la situation reste incertaine. Le choix du gouvernement de tolérer, pour l’instant, les rassemblements pourrait n’être que temporaire. Mais une chose est claire : la combinaison de difficultés économiques profondes, de slogans politiques de plus en plus audacieux et de la mobilisation de groupes variés place le régime iranien face à l’un de ses défis internes les plus sensibles de ces dernières années.

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